JOACHIM LES MAINS sur la tête et le froc aux chevilles pleurnichait comme un gamin. Il avait été cloué de force devant le mur cramoisi de la cuisine conjugale. Les mains posées sur la tête, il ne bronchait pas mais se comportait comme un gosse venant de se faire gauler en faisant une grosse connerie. Face au mur, il n’avait qu’une seule envie : aller tremper son chibre brûlé et urticant dans l’eau fraîche du puit.
- Ah que je t’y reprenne hurla férocement Cunégonde en lui assenant quelques nouveaux coups de cravache sur le fessier.
- Pitié, cela fait déjà plusieurs heures que tu me fouettes, je n’en puis plus, mes bras me pèsent trop. Je vais incessamment sous peu m’évanouir.
Cunégonde se recoupa dans la miche de pain quelques tranchettes dont elle se servit pour essuyer les goûtes de sang de Joachim. Il lui suffisait ensuite de les tremper dans la soupe pour se délecter d’une recette inédite.
Elle observa avec un sourire sadique la queue toute boursouflée de Joachim. Lui n’osait pas baisser les yeux de peur de découvrir un spectacle abominable. Une cloque gonflait de manière inquiétante et éclata en laissant paraître un bruit ridicule. Cunégonde n’y tint pas et lui flanqua sur la queue une volée de coups de cravache. Pour le coup Joachim se tordit de douleur en hurlant.
- Tu as toujours aimé faire du cinéma dit-elle en se léchant un doigt.
- Arrrrrg …. Il suffit, il n’aime pas ce genre de traitement.
- Ta gueule espèce d’impuissant notoire, tu auras le droit de réfléchir lorsque je t’y autoriserais.
L’air encore plus embarrassé, Joachim se releva en chancelant et reprit sa pause érotique alors qu’une nuée de cafards gros comme des souriceaux grouillait entre ses pieds. Aculé, il ne bougonnait plus maintenant mais pleurnichait. Visiblement il était élevé par sa mégère à ce tarif depuis un sacré bail.
D’ordinaire lorsqu’il se trouvait dans ce type de posture il se sentait dans une quiétude totale car il aimait bien cela, en plus il réalisait de conséquentes économies parce que ce genre de sévices coûtait bonbon avec des putes. Il ne pouvait non plus pratiquer un génocide de cafard à cause de sa bite qui trop enflée lui empêchait d’avoir une vision de ses pieds.
- Je ne veux plus que tu pisses dans ma soupe, tu as ton potager pour faire cela ou à la limite fais sur toi hurla t-elle en lui cravachant les testicules qui étaient aussi enflées que sa bite.
- Avec tout ce que tu lui fais subir, je deviendrais complètement insensible à cet endroit répondit-il d’un air supérieur.
La vieille sauta sur un casse-noisettes rouillé qui traînait par là et se saisit d’un de ses roustons pour lui faire subir le même sort qu’une vulgaire noix. Le vieux qui se disait presque insensible fit un bond de deux mètres, se cogna la tête au plafond et s’écroula parsemé de spasmes. Il avait malgré lui buté la colonie de cafards affamés qui gisaient la carapace éclatée en laissant couler un liquide verdâtre.
- Quand tu seras en mesure de te relever tu me feras signe dit elle en balançant négligemment le casse noisettes par la fenêtre.
Cunégonde alors que le vieux crachait sa race sur les cadavres de cafards, s’alluma tranquillement le poste de TV. A cette heure là il n’y aurait pas de film pornographique mais quelques séries D comme la mégère appréciait lorsqu’elle se trouvait trop imbibée pour faire quoique ce soit d’autre.
Il s’agissait comme d’hab d’une histoire sans queue ni tête qui s’étalait sur plusieurs milliers d’épisodes tous aussi niais les uns que les autres. Personne ni pigeait rien car les acteurs qui déprimaient au bout de trois mois de tournage intensif, changeaient à tour de bras. Personne n’était en mesure d’expliquer s’ils faisaient du chantage pour être mieux payés et se faisaient lourder ou alors si le producteur qui ne cessait de voguer de repas mondains en repas mondains, ne promettait histoire de se faire sucer, un rôle à chaque nouveau compagnon de partouze.
Cunégonde n’entravait que dalle à l’histoire qu’elle suivait pourtant depuis une vingtaine d’années. Des histoires de coucheries et tromperies étaient sans cesse évoquées mais jamais expliquées au premier degré donc quatre vingt dix pour cent des téléspectateurs n’imprimaient strictement rien et adoptait l’attitude du poisson rouge derrière sa vitre d’aquarium.
Quelques années encore auparavant, elle appréciait d’aller regarder cette série chez quelques connaissances et cela lui paraissait fort sympathique car elle passait alors le plus clair de son temps à jacasser sans prendre attention à la moindre image.
Tous les sujets y passaient de la marque du tampon utilisé à la marque de la pile pour le vibro-masseur à l’adresse linguistique du gynécologue.
Une fois qu’une certaine dose d’intimité était intervenue et que l’équivalent réunion tuperware c’était transformé en partouze, les grognasses décidèrent de décaler l’heure de leur rencontre car avec toute cette activité elles loupaient tout de même des bribes de leur feuilleton préféré.
Cunégonde de temps à autre, lors par exemple d’une scène torride ou le héros ne souhaitait plus embrasser l’héroïne à la lumière du fait d’un furoncle mal placé qui le faisait loucher, se surprenait à introduire quelques doigts dans sa petite culotte. En effet certaines images de la série lui rappelaient certaines scènes d’orgie vécue en toute innocence avec des membres de la secte tuperwarienne.
Elle ne comptait plus le nombre d’années ou son connard d’ex 20 centimètres ne la tronchait plus, elle avait d’ailleurs beaucoup de mal à se remémorer s’il l’avait un jour touché. Mais que faisaient-ils ensemble encore aujourd’hui alors ? Bah, peu importe ! il ne valait mieux pas trop se poser ce type de question, elle en parlerait à sa cartomancienne qui aurait certainement des réponses fortement croustillantes pour un prix très modique.
Afin de s’occuper l’esprit, elle se décida à travailler de la matière ; se limer les ongles serait un excellentissime passe temps. Il y avait un sacré boulot entre les traces noirâtres qui stagnaient ici bas depuis bon nombre d’années et la longueur impressionnante des griffes. Elle s’attarda surtout sur ses deux index qu’elle testa rapidement.
Alors que le générique de fin claironnait la souffrance de la ménagère qui devrait patienter encore 24 heures pour la suite, le vieux s’était remit debout. Il avait l’air pitoyable avec son rouston ensanglanté qui pendouillait jusqu’à son genou. L’état du deuxième n’était pas plus avantageux car outrageusement boursouflé. Quand à sa bite, elle ressemblait à une andouille de Guémené qui aurait trop longtemps macérée dans la flotte. Quelques heures auparavant la vieille avait piqué sa crise et l’avait chopé alors qu’il ne s’y attendait pas. Ensuite elle l’avait traîné devant un énorme chaudron bouillonnant et y avait trempé ses attributs de longues minutes durant.
Une fois que le vieux c’était évanouit à cause de la douleur, elle lui avait foutu des coups de pompe dans la gueule ce qui avait toujours sur lui un effet éclair. Après avoir craché quelques morceaux de dents cariées, il était frais comme un gardon malgré la terrible déchirure qui squattait des quilipules blanchies par le bouillonnement chaleureux du liquide.
Le feuilleton à la con était maintenant terminé, les mariés allaient mourir du sida suite à une mauvaise blague, les deux belles mères étaient parties en voyage de noce dans l’île de Lesbos et les deux beaux pères partouzaient avec des chiens sauvages ; bref tout était bien qui finissait bien. Cunégonde largua sa lime à ongle, la suite était maintenant réservée pour le prochain épisode. La télécommande valdingua dans la pièce et l’écran redevint noir. Elle jeta un œil toujours rageur à son vieux raseur qui ne la tondait même plus. Sa rage contenue durant le superbe épisode de pure dynamite, redoubla. Si ces prochains jours elle n’arrivait plus à se contrôler, elle irait consulter un vieil ermite. Elle sentait que Joachim n’avait absolument plus rien à foutre dans son entourage, qu’elle ne désirait plus qu’une seule chose dorénavant : le voir souffrir.
Elle s’installa de nouveau dans son fauteuil, exactement au même endroit que durant la cravachade et observa la loque avec un air plus sévère encore. Une nouvelle envie de le tuer la tenailla mais cette fois elle fut plus forte.
- Quand je te disais que je trouverais un moyen pour que tu ne pisses plus dans la soupe hurla Cunégonde en se saisissant d’un poireau cru et lui enfonçant dans le derche.
- Au moins j’aurais ce soir une bonne haleine du cul soupira Joachim toujours la bite en feu et les mains en l'air. Il chercha du regard la pendule, chouette il était pile poil dix huit heures trente : l’heure de l’apéro.
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