Françouais dans sa camisole paraissait vingt ans de moins. Si belle maman l’eut accompagné elle n’aurait pas manqué de lui signifier toutes les deux minutes que le blanc camisole lui allait comme un gant. D’ailleurs il ressemblait dans sa camisole à une poignée de nouilles coincées dans un gant, outil fortement utilisé dans l’endroit ou il allait séjourner un certain temps.
Il c’était fait cueillir par les kufs à l’issue d’un pogrom en Goudriolie occidentale et d’une partouze légèrement arrosée. Emmêlé dans un paquet de corps les kufs le repérèrent très rapidement tant les descriptions des agressés furent précises. Il fut très rapidement écarté de Saint Saturnin les Bains pour éviter d’y continuer à y fiche le bordel. Les habitants furent tous pris en charge par la croix rouge et des psychiatres, puis une fois rhabillés, décuités et sermonnés, furent raccompagnés à leur domicile et prié de faire pénitence une fois les maux de tête passés. Le curé fut radié des ordres pour non assistance à population en voie de déchaînement mais retrouva rapidement un taf comme teneur du bac à frites du Mac do d’une ville aux alentours.
Seule belle maman restait inconsolable, elle qui quelques mois auparavant n’avait cessé de snober son gendre en allant picorer à droite et à gauche, regrettait amèrement l’enlèvement si soudain de son amant. Elle refusait de se faire toucher par quiconque et même par le taureau du père Bazzzin ce vieillard acariâtre et ne se contentait que de concombres, courgettes et radis noirs. Fiston aussi avait l’œil torve, depuis que son ‘Pa avait quitté la région il n’avait plus la truffe humide et passait le plus clair de son temps à observer les voitures passer sur l’autoroute en attendant son ‘Pa. La fréquence des carambolages avait de ce fait considérablement diminué et quelques gus de radio autoroute au lieu de raconter des conneries au micro se retrouvèrent à faire le plein de gazoil des camions en string. L’opération connaissait un grand succès car les camionneurs avaient de plus le droit de les tripoter, c’était ainsi compris dans le forfait et permettait de faire passer plus facilement le prix élevé du fioul. Les ex speakers paradaient donc avec leur casquette de pub pour leur marque de fioul qui pue moins mais pollue plus, en tongues léopard et en string panthère. Eté comme hiver ils arboraient cette tenue ce qui surexcitait les gros routiers car avec le froid en intersaison et l’hiver leurs tétons étaient tous durs.
La famille hérisson aussi subissait la baisse d’activité car maman hérisson frisait l’état dépressif du fait que papa hérisson ne la tirait plus comme il avait l’habitude de le faire à la bonne époque des carambolages.
La seule personne qui faisait véritablement en faveur du retour de Françouais était Louisette Satremble la présidente de l’amicale des introductrices de bâtons de verger. En effet la vieille femme qui n’avait plus que cela à foutre recommençait tous les matins la rédaction d’une pétition qui réclamait la libération immédiate et sans conditions du prisonnier Françouais reconnu coupable mais alcoolo et con. Personne n’avait encore eu l’occasion de signer le papelard qui finirait par être un véritable chef d’œuvre pétitionniste mais qui risquait fortement de ne pas être prêt avant l’année 2070.
Le fourgon pila dans les bouchons du périphérique Parisien et Françouais se fracassa la gueule contre le carreau blindé qui le séparait du conducteur. Complètement libre de tout grammage alcoolémique superflu, il ne tremblait même pas. Merci la science, grâce à ses progrès révolutionnaires, n’importe quel alcoolo heureux de vivre et bien sonné pouvait maintenant s’en sortir malgré lui. Il était resté plusieurs jours au niouf dans une ville proche de Saint Saturnin et avait été passé à tabac à plusieurs reprises parce que devant les keufs il refusait de décliner son identité. Lorsque que les chaussettes à clous firent un semblant de début d’enquête sur son identité, ils se rendirent à l’évidence que l’autre abruti était tellement imbibé qu’hormis son prénom, il ne se souvenait même plus de son nom de famille ou autres informations basiques le concernant.
Bref ils conclurent sur le rapport que Françouais c’était rétamé la gueule dans les escaliers en cherchant avec sa camisole à violer une fliquette en charge de lui tenir la bite aux chiottes. Les ordres étaient formels et venaient de haut, sous aucun prétexte il ne fallait le libérer. L’ennemi public communal presque numéro un n’avait fait illusion sur des activités de terrorisme, de sado masochisme et de buveur de lait fraise que durant quelques heures jute le temps de se prendre quelques pains dans la gueule. Les toubibs décidèrent donc plutôt que de l’interner directos dans l’asile que fréquentait durant les vacances scolaires son fiston, qu’il avait besoin de repos dans un endroit qui le déstabiliserait.
Question déstabilisation, il s’en prenait depuis le début du voyage plein la gueule. C’était la deuxième fois qu’il prenait l’autoroute de sa vie, la première fois fut lorsqu’il avait gagné avec sa pseudo famille de tarés un voyage aux frais de la princesse, à la montagne. Mais ce coup ci les motards avaient des gueules nettement moins sympathiques. Les geôliers ne paraissaient même pas parler un brin de Français tant ils étaient muets comme des tombes. Bref Françouais ne comprenait même pas pourquoi il se retrouvait dans ce fourgon à des centaines de kilomètres de sa brousse natale.
Le fourgon redémarra, le gros lard qui était aux commandes paraissait être un ancien pilote de stock car, genre de gus prêt à descendre la matraque à la main dès qu’un conducteur le regardait de travers. Françouais repartit en arrière et jeta un regard noir au chauffeur.
- Tu veux que je m’arrête pour que l’on t’apprenne à vivre ? Avec mes collègues on en meurt d’envie.
- Ah ouaip, ah ouaip répondirent ensemble les collègues qui s’emmerdaient sévère dans le bahut et qui voulaient jouer à la boxe sans arbitre.
- Sans façon répondit Françouais qui savait pertinemment qu’il ne résisterait pas à ces lascars plus de quelques secondes.
Ses côtes lui faisaient encore mal et il en avait assez prit dans la gueule ces derniers jours. L’autre gros con continua un temps de l’asticoter mais il ne répondit pas histoire de ne pas les inciter. Il colla son visage contre le grillage qui le protégeait des fenêtres du véhicule. Jamais il n’ait vu autant de populace au mètre carré, comment donc faisaient ces diables de Parisiens pour ne pas s’entretuer et ou surtout allaient-ils pour partouzer ? Partout du béton , du ciel au bitume, quelques arbres mais point trop n’en fallait. Que dirait donc le père Bazzzin ce vieillard acariâtre s’il se retrouvait au beau milieu de cette faune inconnue ? Françouais éprouva un sentiment de sécurité à être enfermé dans le fourgon protégé avec les cerbères. Quelques sentiments d’angoisse l’envahissaient, comment retrouverait-il son bled lorsqu’ils le relâcheraient. C’est vrai quoiqu’il ait fait, ils finiraient bien par le relâcher, et comment rentrerait-il chez lui ?
Comme le fourgon sortait du périphérique, Françouais replongea son regard vers la vie extérieure. Des meufs par centaines, par milliers arpentaient le bitume, jamais il n’aurait cru qu’il y aurait dans de putes à la capital. Il regretta de ne pas avoir pensé plus tôt à ramener sa tripotée de vicelards alcoolos pour une cure de ramonage à la capitale. A Saint Saturnin les Bains on aurait parlé de cette escapade durant des décennies.
Des tonnes de bâtiments et monuments défilaient devant lui, il n’en reconnu aucun. L’étonnement fut encore plus complet lorsque Françouais focalisa son attention sur les véhicules. Il ne reconnaissait aucune marque et encore moins les modèles, ou étaient donc les tracteurs et les vieilles voitures pourries servant à trimballer n’importe quoi, n’importe où ? Ces Parisiens comme la légende l’indiquait étaient complètement fous. C’était donc vrai ce que l’on racontait.
Le fourgon s’arrêta devant un troquet et les rustauds laissèrent Françouais en plein soleil pour se rincer le gosier. Chacun paya sa tournée et au bout de quelques minutes le devoir les appelant ils revinrent rougeaud et d’un pas moins décidé vers le fourgon.
- Alors on ne nous prévient pas quand il fait trop chaud dans le fourgon ? Tu ne trouves pas que nos conditions de travail ne sont pas assez difficiles comme cela ? demanda le chauffeur en fusillant du regard Françouais.
- On fait le fier parce que l’on va être logé, nourrit et blanchit au frais de la princesse ? demanda un autre collègue, tu ne trouves pas que nos conditions de travail ne sont pas assez compliquées comme cela ?
Françouais ne répondit pas, car il savait qu’il aurait tort. Ce séjour avec les hommes en bleu l’avait considérablement assagit. Il tressaillit en se souvenant de ce que ces potes anciens tolars lui avaient raconté sur les nouveaux arrivant. D’instinct il serra les fesses.
Puis une légère excitation agita son esprit, au début relativement sournoise elle se transforma amplifia et fit trembler toutes les extrémités de son corps. Il était heureux, et souriait même. Il s’imaginait libre dans cette fabuleuse capitale ou il pourrait foutre un boxon sans précédent. Avec un moyen rapide de locomotion, il pourrait mettre à feu et à sang l’intégralité des quartiers en une seule journée. L’humanité le reconnaîtrait alors en tant que terrasseur de l’ordre public. Il deviendrait le professionnel en la matière et son nom ne sombrerait pas dans l’oubli à sa retraite ou disparition et bien au contraire. Il tenait maintenant l’idée qui le rendrait célèbre durant des centaines de générations. Les enfants dans dix mille ans apprendraient son nom et ses actions en faveur de l’humanité.
Françouais regretta d’avoir cette ‘tain de camisole car sinon il se serait masturbé d’excitation en hurlant des paroles incompréhensibles.
Le fourgon arriva devant l’entrée d’une étrange bâtisse aux murs bien gris et hauts et pila devant un escargot qui traversait. Un agent spécial de la brigade écolo de l’arrondissement se précipita le revolver aux poings vers l’escargot. En constatant qu’il n’avait pas été écrasé, il rangea son flingue et sortit son talkie walkie.
- Agence de surveillance écologique, je répète, agence de surveillance écologique, ici l’agent d’intervention matricule XD456Y6, je répète XD456Y6.
- Bien reçu agent XD46Y6, qu’avez-vous à signaler.
- L’escargot matricule GOT567, n’a pas été écrasé, je répète l’escargot matricule GOT567 n’a pas été écrasé dit l’agent en observant minutieusement la bête baveuse dans sa main.
- Vous pouvez laisser passer le fourgon, terminé.
- OK, terminé agence de surveillance.
L’agent reposa l’escargot un petit peu plus loin et passa son chemin en quête de nouvelles interpellations en flagrant délit. La porte de la bâtisse s’ouvrit suite à un échange radio du même acabit entre le chauffeur et la sécurité du bâtiment et le fourgon pénétra au pas dans l’enceinte. Lorsque les portes furent refermées, le chauffeur coupa le moteur et des gus avec des rétroviseurs reluquaient en se tripotant la bite les dessous du fourgon. Les portes s’entrouvrirent, Françouais était bel et bien arrivé
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