Les aventures de Françouais



Chapitre 8 - Préparatifs de guerre


 
 

F rançouais sentit son estomac lourd, très lourd et ceci malgré le fait qu'il venait de gerber tripes et boyasse, cela tenait plus du psychologique mais virait maintenant au dramatique. 'Tain il en avait après la jeunesse actuelle qui ne respectait plus les valeurs d'antan, pour se calmer il balança quelques coups de pompe dans des poubelles en ferraille qui attendaient la fin de la grève des éboueurs pour être vidées. Il les contempla se renverser, se vider et dégringoler dans un épouvantable tintamarre la ruelle. Il ne pouvait tolérer ce genre de comportement, lui qui quarante ans auparavant avait fait une intrusion chez ses vieux avec une pétrolette à gros sel pour avoir le droit d'enlever le filtre de ses gitanes maïs. En fait ce n'était pas à cause des parents tout cela, ni à cause des éducateurs et autres soutiens psychologiques, c'était à cause de ce satané système qui pourrissait tout. Fucking système sournois. Ouaip, c'était lui le coupable, le système, saloperie de système vérolé jusqu'à la moelle qui avait pourrit le cerveau de nos progénitures et aussi celui de leurs ascendants.
Françouais n'avait même plus la force psychologique de se rallumer six clopes et de s'enfiler un kilbus de rouquin cul sec. Il se regarda dans une glace, il ne ressemblait plus à rien ou plutôt à un gros alcoolo. Des crevasses violacées lui défiguraient le visage et une fraise bien mûre trônait en son milieu. Il sortit son chibre pour le regarder dans la glace et il était fort pitoyable. Personne de flasherait jamais plus pour cet instrument qui ne faisait plus peur à personne. Même son poste d'animateur à la radio Chibre mou lui avait été sucré, adieu la superbe émission la bouffée d'air qui avait pourtant si souvent défrayé la chronique. Pourtant avec ce medium il avait pu faire la pluie et le beau temps dans la pampa. Dans la glace se reflétait la classique ribambelle de poivrots qui accoudés au bar d’en face ne rigolaient même plus comme au bon vieux temps. Tout juste s'ils ne se planquaient pas pour descendre leur canon car culpabilisés par la pub les montrant du doigt et les menaçant de grave maladie.
L'heure était à la défonce via des cachetons bien chimiques qui alimentaient les trafics en tout genre liés à l'économie souterraine. 'Tain dire que ces mecs étaient des bons vieux potes de Françouais et que maintenant ils culpabilisaient dès qu'ils se jetaient un godet derrière la cravate, ils ne cherchaient plus non plus à se marrer pour le moindre prétexte. Tout le monde devenait triste à Saint Saturnin les bains, plus personne ne se pétait la ruche pour n'importe quel prétexte et ça c'était franchement triste.
Les gens étaient devenus sérieux et avaient peur de l'uniforme. Il n'était pas rare que Françouais aperçoive des ouailles complètement bourrées trembler dans leurs falzars lors d'un contrôle inopiné de papiers. Certains allaient même jusqu'à se dénoncer et tendaient les poignets pour qu'on leur passe sans plus d'explication les pinces de sorte à aller pioncer quelques heures au niouf.
Plus personne n'osait balancer des morceaux de radiateur en fonte lorsque la camionnette des flics faisait sa ronde. D'ailleurs même les kufs s'ennuyaient car il n'y avait plus besoin de surveiller qui que se soit. Les tracteurs au centre du village respectaient strictement la vitesse maxi imposée et les pécores attendaient d'avoir ranger leurs monstres mécaniques dans la grange avant de picoler un truc que nos ancêtres n'auraient même pas donné à leurs domestiques.
Bref, il s'agissait là d'une mission pour Françouais, il se devait de revitaliser tout ce petit monde qui passait par un mauvais chemin. Même Louisette Satremble la présidente de l'amicale des introductrices de bâtons de verger préconisait depuis peu d'utiliser de la vaseline pour les plus de 80 ans.
Tout foutait le camp. Françouais pour se remettre les idées en place revint dans son squatte derrière la porcherie du maire pour se refaire une petite santé. Puisque tout le monde était devenu triste il fallait que quelqu'un les amuse ou les emmerde. Il était visiblement le seul candidat à ce poste qu'il remplirait à merveille. Il s'assit et médita non pas sur la mort d'Henri IV, mais sur lequel ou lesquels de ses potes il pourrait bien faire revenir dans le bled pour une fiesta mémorable.
Au bout de quelques minutes d'une intense mais pénible réflexion car il n'était pas habitué à ce type d'effort, il songea au duo absolument fabuleux : Super Goret et Super Cochon. En effet ses deux supers hurluberlus pourraient foutre un boxon pas possible dans le bled et remettre grâce à leur sens du bordel les habitants dans le droit chemin. Mais oh malheur, Françouais songea à ce qui leur était arrivé, l'un des deux avait finit dans une boucherie charcuterie et l'autre avait été castré pour devenir l'emblème d'un club de foot d'eunuques. Damned il ne pourrait pas compter sur ces deux joyeux drilles. Il songea ensuite à son fiston. Effectivement il pourrait lui demander n'importe quoi en lui proposant des sucreries, l'autre âne exaucerait ses moindres voeux. Il plaça quelques centimes d’euros dans sa poche ainsi il disposait d'un allié potentiel. Il ne restait plus qu'à savoir ce qu'il lui ferait faire. Vint le tour de la belle deuche mais devant la tournure des événements De ces derniers mois, il ne pourrait pas attendre grand chose d'elle si ce n'est des ennuis. La vieille salope n'était plus coopératives comme il y a quelques années lorsqu'elle était sous l'emprise chibralistque de son gendre. Aujourd'hui elle ne faisait que faire le contraire de ce que Françouais pouvait lui demander.
Au bout de quelques heures de cette intense réflexion parsemée de plusieurs maux de tête Françouais c'était constitué une petite armée de mercenaires qui contribuerait à foutre un bordel mémorable dans les environs. Tout le monde se souviendrait du retour des "has been" et ceci pendant longtemps. Il n'y avait plus qu'à se préparer mais avant tout il fallait fêter d'avance la victoire et la savourer à grand renfort de gorgées de liquide bien alcoolisé. Au niveau de son squatte, il était équipé du strict minimum vital mais au niveau des boutanches, cruches, flasques et bonbonnes il s'agissait plutôt de la caverne d'Ali baba. Il attaqua par un petit marc de raisin pour s'éclaircir la voix, puis continua sur de l'alcool d'ortie pour se finir avec une bonne vieille prune.
Après quelques minutes à ce rythme les mouches et autres parasites pressentant un danger imminent avaient déserté le paysage. Vingt dix dioux ça allait chauffer ce soir dans les chaumières.
Il s’alluma quelques vieux mégots par six bien évidemment et glaviota dans tous les sens histoire de se sentir vraiment à l’aise. Il arrivait à un carrefour de sa vie qui le sortirait définitivement de la nullité et de l’anonymat.
Françouais devait maintenant contacter ces anciens olibrius de nouba, mais il se trouva sec car il ne possédait aucune coordonnée. Il avait balancé son carnet à la tronche de la mère Demi un jour ou elle voulut lui arracher son calebute pour le laver. Il avait la solution annuaire téléphonique mais à l’heure qu’il était, aucun de ses vieux potos ne seraient en l’état de lui répondre. Puis il se remémora qu’il était infoutu d’utiliser un annuaire sans s’énerver. La dernière fois qu’il avait cherché les coordonnées téléphoniques de SOS picrate et niasque en tout genre, il s’était énervé sur son fiston, l’avait suspendu au lustre en faux cristal par son string en peau de rhinocéros des Alpes du sud. Belle maman lui avait foutu une roustée du tonnerre de dieu car elle ne voulait pas qu’il dézingue son petit mignon. Il c’était donc prit des tonnes de coup de cabas, rouleau à pâtisserie et bigoudis en soldes sur la tronche et avait été cracher ses dents au bord de la marre de boue des cochons.
Trois jours qu’il était resté gisant dans la mouise avec les porcs qui lui caguaient dessus. Dès qu’il essayait de se relever, il glissait ou perdait de nouveau connaissance pour se vautrer lamentablement. Le troisième jour, belle maman le récupéra, non pas par pure charité mais parce que ses copines devaient passer pour lui acheter des ustensiles de cuisine en plastique et des dessous affriolants. Elle le balança non loin du tas de fumier où aimait tant jouer fiston. Ce dernier reconnu son P’pa et tout content alla chercher son jeu de fléchettes. Il passa le reste de la journée à lui transpercer le derche en sautillant et chantant des chansons débiles. A l’intérieur, l’illusion fut totale car les mégères s’empressèrent d’acheter du plastique et de la fausse dentelle. Belle maman songeait à augmenter ses tarifs car les vieilles toupies passaient le trois quart de leur temps à s’empiffrer de gâteaux périmés et de thé.
Belle maman fit un superbe défilé de lingerie, pour ne pas passer pour supérieur à ses copines, elle ne c’était pas rasée depuis trois mois et lavée depuis deux semaines. Il régnait une étrange odeur dans le salon, une sorte de mélange d’animal en rut et de déjections et cela plut à tout le monde qui raffola des dernières dentelles de Limoges. Ce fut le modèle « tout le monde est au balcon » qui remporta un franc succès. Ce modèle permettait à n’importe quelle planche à pain de passer pour une goulue, cela forniquerait dur dans les chaumières ces prochains jours. La ceinture de chasteté pour homme eut comme à chaque défilé aussi beaucoup de succès, les Mimiles ne pourraient pas aller claquer aux putes leur paye si facilement. Une grande innovation avait été faite sur les ceintures de chasteté, elles étaient maintenant lavables à la térébenthine sans être enlevées, les mimiles ne profiteraient plus de la grande toilette de printemps pour se précipiter cul à l’air dans les champs pour se faire la première grosse vache venue. Finaude devant cette innovation technologique ne pu s’empêcher de verser une larme car elle savait qu’elle ne se ferait plus troncher à l’improviste par le premier mimile venu, elle se consolerait avec le taureau du père Bazzzin ce vieillard acariâtre.
Fiston eut la mauvaise idée de récupérer des boutanches pleines pour canarder Françouais qui était non loin de passer de vie à trépas. Comme il visait comme un pied, un certain nombre de boutanches s’éclatèrent non loin du groin de son paternel. Ses narines frétillèrent à l’odeur de l’alcool, on le sentait revivre. Tout d’un coup il rouvrit les yeux, l’odeur de l’alcool lui redonnait le goût à la vie. D’un geste il arrêta une boutanche qui allait s’écraser sur son faciès et avec ses dents fit sauter le bouchon. Jamais un kilbus lui parut aussi salutaire, chaque gorgée de l’infâme produit paraissait le faire revivre. Les yeux injectés de sang il fit des efforts innombrables pour se remettre debout. Ses cannes avaient du mal à le porter mais encore cette fois il survirait.
Il se dirigea vers la maison pour accéder au bar du salon. Il balança un coup de tatane dans la porte décorée de magnifiques petits rideaux vichy dont les quarrés blancs avaient viré au maronnasse et dont le rouge était passé au violacé. Les mégères furent interloquées et le silence se fit autour de Françouais qui dégageait une immonde puanteur. Il tituba jusqu’au bar pour se saisir d’une boutanche. Une fois que le contenu de la boutanche fut ingéré, il la jeta contre le mur se qui fit tressaillir la clientèle. Il regarda l’assistance et balança un rot pas piqué des hannetons. Les mégères se précipitèrent vers la porte de la sortie si précipitamment que cela sentait une odeur de poils grillés.
Belle maman le fusilla du regard en lui promettant de se venger et partit à la poursuite de ces clientes en espérant rattraper le coup. Françouais se contenta de se gratter les couilles et d’aller gerber dans la pierre à évier, le goût et la teneur en alcool de la gnole avait eu raison de son estomac. Cela ne l’empêcha pas de se reprendre un gorgeon. Ensuite il ôta sa chemise, la balança dans la cheminée et sortit direction l’abreuvoir. Il se lava négligemment puis se rinça la bouche, ce n’est qu’ensuite qu’il se mit en quête de clopes.
Françouais serra les fesses et les dents suite à la remémoration de l’ensemble de ces souvenirs. La salope, elle avait faillit le laisser crever comme un animal répugnant tout simplement parce qu’il avait souhaité s’en prendre à l’autre larve. Jamais plus il ne se laisserait se prendre au piège de la sorte.
Il enfila un joli bleu de travail qu’il mettait à l’époque ou il n’en avait pas été privé, pour bricoler son tracteur. Il se sentait mieux, l’odeur de la graisse lui regonflait l’esprit. Il se devait de monter un plan, mais n’avait pas la moindre idée de se qu’il pourrait faire. Il se dirigea avec son petit chariot à tout faire vers le dépôt d’ordures. ‘Tain c’est vrai que même ce dépôt d’ordures serait bientôt interdit, tout foutait vraiment le camp, ou est-ce qu’iraient jouer les gosses dans dix ans ? Il donna de rage quelques coups de pompe dans des boites de conserve.
Lors de son premier voyage, il se contenta de ramasser des objets lourds en ferraille, des radiateurs, des gouvernails de pétrolier, des tronçons de rail de chemin de fer. Il ramena tout son petit butin en s’appliquant de ne rien perdre. Le deuxième voyage fut plutôt orienté collecte de flacons, bouteilles et étoffes en vue certainement de se confectionner les plus beaux cocktails Molotov de la décennie. Il passa sa journée à transbahuter des objets les plus bizarres les uns que les autres en maugréant des choses inintelligibles.
Il tenta une pause zob, lorsqu’il aperçut Finaude qui torse nu ramassait des champignons vénéneux pour les pauvres de la paroisse. Il sauta tel un jeune homme par-dessus la clôture en barbelé et ne se coinça pas la moindre couille. Pour paraître irrésistible, il ouvrit son bleu de travail en roulant des mécaniques. Finaude n’était plus qu’à une dizaine de mètres de lui, elle avait une façon très particulière de ramasser les champignons. Elle se mettait torse nu, écartait les jambes et s’abaissait le torse jusqu’à ce que ces coudes touchent ses chevilles. Cette position lui avait déjà valu un nombre impressionnant d’aventures avec les taureaux de la région.
Françouais ôta ses bretelles et ouvrit son falsard. Le manque forcé d’actes sexuels faisait qu’il triquait même devant Finaude. Son odeur était tellement nauséabonde que cela l’incommodait aussi et il se promit une petite remise à neuf après le petit coup de queue salutaire. Il continuait à avancer en tendant les bras devant lui, il était à quelques dizaines de centimètre prêt à se saisir de la croupe de Finaude et de la pénétrer sans même lui arracher sa robe. Il sentit quelque chose de dur à son pied qui le bloqua dans sa course, il força mais la bretelle ne céda pas et il se vautra dans une bouse de vache.
Finaude qui n’avait rien vu et entendu continua son arrachage et s’éloigna alors que Françouais venait à peine de manquer de se rompre les os. Il réussit au bout de quelques minutes à se libérer, un coup de l’élastique de sa bretelle lui avait rappelé le bon souvenir de ses coucougnettes.
Il ne pouvait même pas s’enfiler un petit coup de quoique se soit car il n’avait rien emporté et il n’avait même pas réussi à troncher Finaude.
Françouais scruta les environs pour vérifier qu’aucun témoin de cette scène ne pourrait ensuite nuire à sa réputation. Il repartit en direction de son chariot, sa collecte n’était pas terminée et il avait encore pleins de trucs à faire.
Tout le monde l’avait lâché mais qu’importe il sauverait le monde tout seul.

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