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F rançouais sentit son estomac
lourd, très lourd et ceci malgré le fait qu'il venait
de gerber tripes et boyasse, cela tenait plus du psychologique mais
virait maintenant au dramatique. 'Tain il en avait après
la jeunesse actuelle qui ne respectait plus les valeurs d'antan,
pour se calmer il balança quelques coups de pompe dans des
poubelles en ferraille qui attendaient la fin de la grève
des éboueurs pour être vidées. Il les contempla
se renverser, se vider et dégringoler dans un épouvantable
tintamarre la ruelle. Il ne pouvait tolérer ce genre de comportement,
lui qui quarante ans auparavant avait fait une intrusion chez ses
vieux avec une pétrolette à gros sel pour avoir le
droit d'enlever le filtre de ses gitanes maïs. En fait ce n'était
pas à cause des parents tout cela, ni à cause des
éducateurs et autres soutiens psychologiques, c'était
à cause de ce satané système qui pourrissait
tout. Fucking système sournois. Ouaip, c'était lui
le coupable, le système, saloperie de système vérolé
jusqu'à la moelle qui avait pourrit le cerveau de nos progénitures
et aussi celui de leurs ascendants.
Françouais
n'avait même plus la force psychologique de se rallumer six
clopes et de s'enfiler un kilbus de rouquin cul sec. Il se regarda
dans une glace, il ne ressemblait plus à rien ou plutôt
à un gros alcoolo. Des crevasses violacées lui défiguraient
le visage et une fraise bien mûre trônait en son milieu.
Il sortit son chibre pour le regarder dans la glace et il était
fort pitoyable. Personne de flasherait jamais plus pour cet instrument
qui ne faisait plus peur à personne. Même son poste
d'animateur à la radio Chibre mou lui avait été
sucré, adieu la superbe émission la bouffée
d'air qui avait pourtant si souvent défrayé la chronique.
Pourtant avec ce medium il avait pu faire la pluie et le beau temps
dans la pampa. Dans la glace se reflétait la classique ribambelle
de poivrots qui accoudés au bar d’en face ne rigolaient
même plus comme au bon vieux temps. Tout juste s'ils ne se
planquaient pas pour descendre leur canon car culpabilisés
par la pub les montrant du doigt et les menaçant de grave
maladie.
L'heure était
à la défonce via des cachetons bien chimiques qui
alimentaient les trafics en tout genre liés à l'économie
souterraine. 'Tain dire que ces mecs étaient des bons vieux
potes de Françouais et que maintenant ils culpabilisaient
dès qu'ils se jetaient un godet derrière la cravate,
ils ne cherchaient plus non plus à se marrer pour le moindre
prétexte. Tout le monde devenait triste à Saint Saturnin
les bains, plus personne ne se pétait la ruche pour n'importe
quel prétexte et ça c'était franchement triste.
Les gens étaient
devenus sérieux et avaient peur de l'uniforme. Il n'était
pas rare que Françouais aperçoive des ouailles complètement
bourrées trembler dans leurs falzars lors d'un contrôle
inopiné de papiers. Certains allaient même jusqu'à
se dénoncer et tendaient les poignets pour qu'on leur passe
sans plus d'explication les pinces de sorte à aller pioncer
quelques heures au niouf.
Plus personne n'osait
balancer des morceaux de radiateur en fonte lorsque la camionnette
des flics faisait sa ronde. D'ailleurs même les kufs s'ennuyaient
car il n'y avait plus besoin de surveiller qui que se soit. Les
tracteurs au centre du village respectaient strictement la vitesse
maxi imposée et les pécores attendaient d'avoir ranger
leurs monstres mécaniques dans la grange avant de picoler
un truc que nos ancêtres n'auraient même pas donné
à leurs domestiques.
Bref, il s'agissait
là d'une mission pour Françouais, il se devait de
revitaliser tout ce petit monde qui passait par un mauvais chemin.
Même Louisette Satremble la présidente de l'amicale
des introductrices de bâtons de verger préconisait
depuis peu d'utiliser de la vaseline pour les plus de 80 ans.
Tout foutait le
camp. Françouais pour se remettre les idées en place
revint dans son squatte derrière la porcherie du maire pour
se refaire une petite santé. Puisque tout le monde était
devenu triste il fallait que quelqu'un les amuse ou les emmerde.
Il était visiblement le seul candidat à ce poste qu'il
remplirait à merveille. Il s'assit et médita non pas
sur la mort d'Henri IV, mais sur lequel ou lesquels de ses potes
il pourrait bien faire revenir dans le bled pour une fiesta mémorable.
Au bout de quelques
minutes d'une intense mais pénible réflexion car il
n'était pas habitué à ce type d'effort, il
songea au duo absolument fabuleux : Super Goret et Super Cochon.
En effet ses deux supers hurluberlus pourraient foutre un boxon
pas possible dans le bled et remettre grâce à leur
sens du bordel les habitants dans le droit chemin. Mais oh malheur,
Françouais songea à ce qui leur était arrivé,
l'un des deux avait finit dans une boucherie charcuterie et l'autre
avait été castré pour devenir l'emblème
d'un club de foot d'eunuques. Damned il ne pourrait pas compter
sur ces deux joyeux drilles. Il
songea ensuite à son fiston. Effectivement il pourrait lui
demander n'importe quoi en lui proposant des sucreries, l'autre
âne exaucerait ses moindres voeux. Il plaça quelques
centimes d’euros dans sa poche ainsi il disposait d'un allié
potentiel. Il ne restait plus qu'à savoir ce qu'il lui ferait
faire. Vint le tour de la belle deuche mais devant la tournure des
événements De ces derniers mois, il ne pourrait pas
attendre grand chose d'elle si ce n'est des ennuis. La vieille salope
n'était plus coopératives comme il y a quelques années
lorsqu'elle était sous l'emprise chibralistque de son gendre.
Aujourd'hui elle ne faisait que faire le contraire de ce que Françouais
pouvait lui demander.
Au bout de quelques
heures de cette intense réflexion parsemée de plusieurs
maux de tête Françouais c'était constitué
une petite armée de mercenaires qui contribuerait à
foutre un bordel mémorable dans les environs. Tout le monde
se souviendrait du retour des "has been" et ceci pendant
longtemps. Il n'y avait plus qu'à se préparer mais
avant tout il fallait fêter d'avance la victoire et la savourer
à grand renfort de gorgées de liquide bien alcoolisé.
Au niveau de son squatte, il était équipé du
strict minimum vital mais au niveau des boutanches, cruches, flasques
et bonbonnes il s'agissait plutôt de la caverne d'Ali baba.
Il attaqua par un petit marc de raisin pour s'éclaircir la
voix, puis continua sur de l'alcool d'ortie pour se finir avec une
bonne vieille prune.
Après quelques
minutes à ce rythme les mouches et autres parasites pressentant
un danger imminent avaient déserté le paysage. Vingt
dix dioux ça allait chauffer ce soir dans les chaumières.
Il s’alluma
quelques vieux mégots par six bien évidemment et glaviota
dans tous les sens histoire de se sentir vraiment à l’aise.
Il arrivait à un carrefour de sa vie qui le sortirait définitivement
de la nullité et de l’anonymat.
Françouais
devait maintenant contacter ces anciens olibrius de nouba, mais
il se trouva sec car il ne possédait aucune coordonnée.
Il avait balancé son carnet à la tronche de la mère
Demi un jour ou elle voulut lui arracher son calebute pour le laver.
Il avait la solution annuaire téléphonique mais à
l’heure qu’il était, aucun de ses vieux potos
ne seraient en l’état de lui répondre. Puis
il se remémora qu’il était infoutu d’utiliser
un annuaire sans s’énerver. La dernière fois
qu’il avait cherché les coordonnées téléphoniques
de SOS picrate et niasque en tout genre, il s’était
énervé sur son fiston, l’avait suspendu au lustre
en faux cristal par son string en peau de rhinocéros des
Alpes du sud. Belle maman lui avait foutu une roustée du
tonnerre de dieu car elle ne voulait pas qu’il dézingue
son petit mignon. Il c’était donc prit des tonnes de
coup de cabas, rouleau à pâtisserie et bigoudis en
soldes sur la tronche et avait été cracher ses dents
au bord de la marre de boue des cochons.
Trois jours qu’il
était resté gisant dans la mouise avec les porcs qui
lui caguaient dessus. Dès qu’il essayait de se relever,
il glissait ou perdait de nouveau connaissance pour se vautrer lamentablement.
Le troisième jour, belle maman le récupéra,
non pas par pure charité mais parce que ses copines devaient
passer pour lui acheter des ustensiles de cuisine en plastique et
des dessous affriolants. Elle le balança non loin du tas
de fumier où aimait tant jouer fiston. Ce dernier reconnu
son P’pa et tout content alla chercher son jeu de fléchettes.
Il passa le reste de la journée à lui transpercer
le derche en sautillant et chantant des chansons débiles.
A l’intérieur, l’illusion fut totale car les
mégères s’empressèrent d’acheter
du plastique et de la fausse dentelle. Belle maman songeait à
augmenter ses tarifs car les vieilles toupies passaient le trois
quart de leur temps à s’empiffrer de gâteaux
périmés et de thé.
Belle maman fit
un superbe défilé de lingerie, pour ne pas passer
pour supérieur à ses copines, elle ne c’était
pas rasée depuis trois mois et lavée depuis deux semaines.
Il régnait une étrange odeur dans le salon, une sorte
de mélange d’animal en rut et de déjections
et cela plut à tout le monde qui raffola des dernières
dentelles de Limoges. Ce fut le modèle « tout le monde
est au balcon » qui remporta un franc succès. Ce modèle
permettait à n’importe quelle planche à pain
de passer pour une goulue, cela forniquerait dur dans les chaumières
ces prochains jours. La ceinture de chasteté pour homme eut
comme à chaque défilé aussi beaucoup de succès,
les Mimiles ne pourraient pas aller claquer aux putes leur paye
si facilement. Une grande innovation avait été faite
sur les ceintures de chasteté, elles étaient maintenant
lavables à la térébenthine sans être
enlevées, les mimiles ne profiteraient plus de la grande
toilette de printemps pour se précipiter cul à l’air
dans les champs pour se faire la première grosse vache venue.
Finaude devant cette innovation technologique ne pu s’empêcher
de verser une larme car elle savait qu’elle ne se ferait plus
troncher à l’improviste par le premier mimile venu,
elle se consolerait avec le taureau du père Bazzzin ce vieillard
acariâtre.
Fiston eut la mauvaise
idée de récupérer des boutanches pleines pour
canarder Françouais qui était non loin de passer de
vie à trépas. Comme il visait comme un pied, un certain
nombre de boutanches s’éclatèrent non loin du
groin de son paternel. Ses narines frétillèrent à
l’odeur de l’alcool, on le sentait revivre. Tout d’un
coup il rouvrit les yeux, l’odeur de l’alcool lui redonnait
le goût à la vie. D’un geste il arrêta
une boutanche qui allait s’écraser sur son faciès
et avec ses dents fit sauter le bouchon. Jamais un kilbus lui parut
aussi salutaire, chaque gorgée de l’infâme produit
paraissait le faire revivre. Les yeux injectés de sang il
fit des efforts innombrables pour se remettre debout. Ses cannes
avaient du mal à le porter mais encore cette fois il survirait.
Il se dirigea vers
la maison pour accéder au bar du salon. Il balança
un coup de tatane dans la porte décorée de magnifiques
petits rideaux vichy dont les quarrés blancs avaient viré
au maronnasse et dont le rouge était passé au violacé.
Les mégères furent interloquées et le silence
se fit autour de Françouais qui dégageait une immonde
puanteur. Il tituba jusqu’au bar pour se saisir d’une
boutanche. Une fois que le contenu de la boutanche fut ingéré,
il la jeta contre le mur se qui fit tressaillir la clientèle.
Il regarda l’assistance et balança un rot pas piqué
des hannetons. Les mégères se précipitèrent
vers la porte de la sortie si précipitamment que cela sentait
une odeur de poils grillés.
Belle maman le fusilla
du regard en lui promettant de se venger et partit à la poursuite
de ces clientes en espérant rattraper le coup. Françouais
se contenta de se gratter les couilles et d’aller gerber dans
la pierre à évier, le goût et la teneur en alcool
de la gnole avait eu raison de son estomac. Cela ne l’empêcha
pas de se reprendre un gorgeon. Ensuite il ôta sa chemise,
la balança dans la cheminée et sortit direction l’abreuvoir.
Il se lava négligemment puis se rinça la bouche, ce
n’est qu’ensuite qu’il se mit en quête de
clopes.
Françouais
serra les fesses et les dents suite à la remémoration
de l’ensemble de ces souvenirs. La salope, elle avait faillit
le laisser crever comme un animal répugnant tout simplement
parce qu’il avait souhaité s’en prendre à
l’autre larve. Jamais plus il ne se laisserait se prendre
au piège de la sorte.
Il enfila un joli
bleu de travail qu’il mettait à l’époque
ou il n’en avait pas été privé, pour
bricoler son tracteur. Il se sentait mieux, l’odeur de la
graisse lui regonflait l’esprit. Il se devait de monter un
plan, mais n’avait pas la moindre idée de se qu’il
pourrait faire. Il se dirigea avec son petit chariot à tout
faire vers le dépôt d’ordures. ‘Tain c’est
vrai que même ce dépôt d’ordures serait
bientôt interdit, tout foutait vraiment le camp, ou est-ce
qu’iraient jouer les gosses dans dix ans ? Il donna de rage
quelques coups de pompe dans des boites de conserve.
Lors de son premier
voyage, il se contenta de ramasser des objets lourds en ferraille,
des radiateurs, des gouvernails de pétrolier, des tronçons
de rail de chemin de fer. Il ramena tout son petit butin en s’appliquant
de ne rien perdre. Le deuxième voyage fut plutôt orienté
collecte de flacons, bouteilles et étoffes en vue certainement
de se confectionner les plus beaux cocktails Molotov de la décennie.
Il passa sa journée à transbahuter des objets les
plus bizarres les uns que les autres en maugréant des choses
inintelligibles.
Il tenta une pause
zob, lorsqu’il aperçut Finaude qui torse nu ramassait
des champignons vénéneux pour les pauvres de la paroisse.
Il sauta tel un jeune homme par-dessus la clôture en barbelé
et ne se coinça pas la moindre couille. Pour paraître
irrésistible, il ouvrit son bleu de travail en roulant des
mécaniques. Finaude n’était plus qu’à
une dizaine de mètres de lui, elle avait une façon
très particulière de ramasser les champignons. Elle
se mettait torse nu, écartait les jambes et s’abaissait
le torse jusqu’à ce que ces coudes touchent ses chevilles.
Cette position lui avait déjà valu un nombre impressionnant
d’aventures avec les taureaux de la région.
Françouais
ôta ses bretelles et ouvrit son falsard. Le manque forcé
d’actes sexuels faisait qu’il triquait même devant
Finaude. Son odeur était tellement nauséabonde que
cela l’incommodait aussi et il se promit une petite remise
à neuf après le petit coup de queue salutaire. Il
continuait à avancer en tendant les bras devant lui, il était
à quelques dizaines de centimètre prêt à
se saisir de la croupe de Finaude et de la pénétrer
sans même lui arracher sa robe. Il sentit quelque chose de
dur à son pied qui le bloqua dans sa course, il força
mais la bretelle ne céda pas et il se vautra dans une bouse
de vache.
Finaude qui n’avait rien vu et entendu continua son arrachage
et s’éloigna alors que Françouais venait à
peine de manquer de se rompre les os. Il réussit au bout
de quelques minutes à se libérer, un coup de l’élastique
de sa bretelle lui avait rappelé le bon souvenir de ses coucougnettes.
Il ne pouvait même
pas s’enfiler un petit coup de quoique se soit car il n’avait
rien emporté et il n’avait même pas réussi
à troncher Finaude.
Françouais
scruta les environs pour vérifier qu’aucun témoin
de cette scène ne pourrait ensuite nuire à sa réputation.
Il repartit en direction de son chariot, sa collecte n’était
pas terminée et il avait encore pleins de trucs à
faire.
Tout le monde l’avait
lâché mais qu’importe il sauverait le monde tout
seul.
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