|
E n tant que maire de cette magnifique
bourgade, je déclare le buffet campagnard ouvert ! claironna
le maire tout fier d’avoir dans la place principale du bled
l’ensemble de sa populace.
Les tables improvisées
croulaient sous le poids de la boustifaille principalement composée
de cochonnaille. Les rougeauds se bâfraient de sauciflards
et pâtés en tous genres. On pouvait entendre à
des dizaines de mètres à la ronde le claquement des
mandibules des affamés qui se jetaient sur la bouffe. Exceptionnellement
il y aurait du picrate, mais la distribution en serait limitée
pour éviter tout dérapage, monsieur le maire ne souhaitait
pas que la belle et guillerette ambiance de son bled ne se transforme
en cauchemar. Les connards ayant en effet passé une journée
difficile risquaient de révolutionner le coin comme jamais.
Françouais
passait de groupe en groupe et à chaque fois suscitait l’admiration
des uns et l’exclamation des autres. La plupart de ses dames
à son approche se saisissaient d’un croûton de
baguette ou d’une extrémité de sifflard pour
se l’introduire dans le calebar. Certains avaient repéré
le manège en se léchant d’avance les babines
au plaisir qu’ils retrouveraient à becqueter du pain
mou durant le cunnilingus du soir. Les petites natures se levèrent
de table immédiatement le gourdin à la main pour aller
décharger derrière la cabane du père Bazzzin
ce vieillard acariâtre. Finaude qui avait observé la
vague de désertion se précipita aussi vers la cabane.
En chemin elle manqua à plusieurs reprises de se prendre
les pieds dans ses loches immondes qui lui descendaient jusqu’aux
genoux. Mais elle arriva pile poil à temps pour recevoir
une douche de foutre qui provenait de toute part. Lorsqu’elle
revint maculée de semence en poussant des cris de plaisir,
ses voisines de table se précipitèrent avec des morceaux
de pain pour saucer.
Fiston ne comprit pas pourquoi des gus avaient été
se branler, pour tenter de comprendre il alla derrière la
cabane, sortit son élastique et le secoua mais ce dernier
ne grandit pas d’un seul millimètre, il ne contribuerait
donc pas à l’enspermement du coin. Tout
penaud il rejoignit rapidement sa place pour continuer à
se baffrer.
Le vieux avec son accordéon tout fier d’avoir la vedette
et de contribuer à l’ambiance bon enfant qui régnait
ici bas continuait à tordre dans tous les sens son instrument
en grimaçant de plus belle. Une vieille pour ne pas le laisser
mourir d’inanition lui donnait la becquée composée
principalement de morceaux d’andouille fumée pré
mâchés.
Le patron du troquet
était le seul habilité à manœuvrer les
robinets des tonneaux de picrate, il s’affairait à
distribuer une première tournée que nul ne refusait.
Cela lui rappela le bon temps des fiestas pantagruéliques
qui dégénéraient systématiquement en
partouze puis en bagarre générale. Il en profita pour
avoir la main lourde histoire que les villageois ne se sentent pas
frustrés.
- Mes chers amis
dit le maire se levant car il attendait que tout le monde soit servit
pour prononcer une nouvelle bafouille.
Les gens imitèrent
le maire en levant leurs godets et en soupirant d’ennuis parce
qu’ils ne pouvaient pas vider leurs godets pour s’en
jeter un autre et qu’ils pensaient en prendre pour trois plombes
d’un discours à chier.
- Mes chers amis,
je suis si heureux d’être parmi vous en ce jour si important
pour nous et je vous souhaite un bon appétit dit-il avant
de se casser la gueule et de se prendre le contenu de son godet
sur la tronche.
Les gens n’osèrent
pas trop se poiler devant un spectacle si pitoyable, ils se contentèrent
de descendre le précieux liquide avant de continuer de se
baffrer. Cet individu était bien leur juste représentant
car aussi crétin que la moyenne, il méritait ainsi
amplement sa place. Comme il s’était reçu le
bord de table sur le menton il se roulait par terre de douleur devant
l’indifférence générale.
- Vas-y barman,
c’est le moment d’exercer tes talents si tu veux que
les gens immortalisent ce moment chuchota Françouais aux
oreilles du barman.
A ces mots, le barman
redoubla d’énergie pour servir la populace dont les
papilles gustatives renouaient au plaisir de la buverie. Il reprit
son énergie de ses vingt ans pour servir et resservir l’intégralité
de ces soiffards. Le maire souffrait trop pour observer le manège
alors que tout le monde avait retrouvé les réflexes
d’antan lors des occasions de picole gratos. Le barman suait
à grosses goûtes pour s’acharner à vider
au plus vite les barriques si gentiment offertes. Françouais
se gondolait de fierté car son pari était presque
gagné, le bled retrouverait l’ambiance de naguère
malgré la méfiance des autorités. Il était
tellement heureux qu’il passait à côté
de certaines propositions de mégères prêtes
à lui réserver leurs progénitures dès
qu’elles auraient atteint leur majorité.
Belle maman qui avait profité du trouble du maire pour se
foutre la gueule sous un robinet de barrique et s’enfiler
discrétos deux ou trois litres de rougeaud avait la tête
qui tournait fortement. Elle sauta sur la première table
venue, atterrit dans un plat de sifflard des montagnes noires aux
noisettes. Le plat valdingua sur la tronche d’un pensionnaire
de la maison de retraite qui avait paumé son râtelier
depuis des lustres. Ahuri par le choc il se fit un doggy bag qu’il
garderait pour les longues nuits de solitude ou il se retrouverait
enfermé par l’infirmière en chef qui aurait
souhaité le punir parce qu’il bandait mou. Elle était
vautrée sur la table et cela fit marrer tout le monde qui
en profita pour lever son verre une nouvelle fois. Le bar man redoublait
de rapidité et aurait même impressionné par
son énergie des observateurs de l’ONU, il avait retrouvé
son style qui avait franchi à la bonne époque les
frontières du canton et attirait les soiffards de tout le
pays. Françouais hurla de bonheur devant un tel retour en
arrière, il fut suivit illico par ses admirateurs. Tout le
monde en profita bien évidemment pour vider son godet mais
le bar man rôdait et s’assurait que personne ne soit
à marée basse.
Belle maman malgré
la tête qui tournait réussit à se relever sur
la table et sous l’air de papy l’accordéoniste
de service qui était équipé d’une paille
pour ne pas mourir de soif, dansa une gigue frénétique.
Elle leva la jambe en rythme et sous les applaudissements des vicelards
qui continuaient à se gaver. Un rustaud se leva pour la choper
et ne réussit qu’à lui déchirer la robe,
les autres hurlèrent en tendant leurs godets vides. En effet
le spectacle était si intense que le rythme d’enfer
imposé par le bar man ne suffisait plus, ainsi quelques volontaires
relevèrent leurs manches de chemise et mirent la main à
la pâte. Le curé voyant que les choses dégénéraient
rentra dans son église pour prier pour le salut des Saint
Saturnois.
Belle maman fit
le grand écart en frappant dans ses mains ce qui enthousiasma
les Saint-Saturnoises qui déchirèrent leurs frusques
et se mirent à tortiller du croupion. Les godets continuèrent
un bon bout de temps à défiler puisque Françouais
avait botté en touche, c'est-à-dire balancé
des grands coups de grole dans la gueule du maire qui n’était
plus dans l’état de nuire.
Les chansons paillardes
se firent entendre timidement dans un premier temps puis le ton
se haussa et le bruit de l’accordéon fut étouffé.
Les paysans dont certains avaient les rouflaquettes roussies du
fait des incendies du début de journée bouffaient
comme des tarés en picolant et hurlant en même temps.
Il n’était pas rare de voir un postillon de la taille
d’une tranche de sifflard passer d’un rougeaud à
un autre. A ce rythme les plats ne tardèrent pas à
se vider mais il y avait encore du taf avec le picrate ou chaque
Saint Saturnois pourrait raisonnablement en boire encore cinq litres,
les organisateurs n’avaient pas lésinés. Les
auréoles de transpiration augmentaient à vue d’œil
sur les tenues défraîchies, puis la pluie fit son apparition.
Une douce bruine qui brumisait les environs et firent du bien aux
corps surchauffés par l’alcool et l’excitation.
Ce rafraîchissement fit l’effet du trou Normand à
la populace qui se jeta sur les derniers restes.
La pluie força
progressivement et la couleur accompagnée de la bassesse
du plafond indiquait qu’il y en aurait encore pour longtemps.
Françouais décida donc de faire rouler les tonneaux
vers la grange d’Igor, histoire d’éviter que
les gens prennent froid. De plus les autorités ne manqueraient
pas de leur rabacher le crâne que s’ils avaient été
malades c’était à cause des doses astronomiques
d’alcool ingérées. Tout le monde se dirigea
donc vers la grange alors que la flotte commençait à
dégouliner sévère.
Un bricolo de génie
avait chopé la quasi-totalité des enceintes dans les
carcasses de bagnoles désossées et s’acharnait
à réinstaller le tout dans les mangeoires de la grange.
Au fur et à
mesure qu’il branchait un nouveau haut parleur à ce
qui aurait pu ressembler à une boîte à musique,
le son se rehaussait. Lorsqu’il eut terminé, il balargua
un son monstrueux de techno et les pécores se regardèrent
l’air abruti. Ce fut belle maman qui mit l’ambiance
en se tortillant les bras en l’air ce qui laissait apparaître
une magnifique collection de rillettes sous ses bras. Ce fut un
concours généralisé de rillettes et certains
en avaient même la gaule. Par mesure de sécurité
il fut interdit de cloper ainsi Françouais alla tirer ses
six clopes dehors sous l’œil admiratif des gamins qui
n’en pouvaient plus de manger du regard leur héros
favori.
L’odeur de
bouse de vache qui régnait d’ordinaire fut rapidement
transformée en odeur de transpiration et d’effluve
de picrate de bon marché. Les pécores se trémoussaient,
picolaient et commencèrent à se regarder amoureusement.
La zique allait bien trop vite pour eux mais qu’importe l’heure
était a la tuf et tout le monde frappait en cadence le sol.
Il y avait tant de boucan et de vibrations que les poutres de la
grange tremblaient et une fine poussière s’échappait
des crevasses ou des trous de vers de bois.
Fiston partit avec
les gamins à la pêche aux grenouilles dans les marécages
car ils avaient piqué un soutard rouge qui serait idéal.
De plus avec un petit peu de chance ils pourraient assister à
un nouveau carambolage sur l’autoroute maintenant que celui
du matin était déblayé.
Dans la grange des
morceaux d’anthologie plus endiablés les uns que les
autres se suivaient, le sol était maintenant trempé
de sueur et de glaviots et les danseurs ne se lâchaient plus
comme au début de la fiesta de peur de se trasher. Ce fut
un remix de la célébrissime chanson « Tata Yoyo
» qui fit basculer la soirée. Le DJ avait les mains
en sang à force de mixer de manière si violente et
pour se donner du courage il se foutait régulièrement
des coups de boule dans la platine.
Comme les enfants
n’étaient pas couchés, la fiesta ne dégénèrerait
pas pour une fois en partouze. Lorsque l’on s’aperçu
de leur disparition tout fut plus rose et les regards lubriques
prirent le dessus. Comme tout le monde avait peur de la réaction
des autorités, il fut décidé que personne ne
se déssaperait et tout bascula sous la chanson « girls
and boys are moving on the floor ». Personne ne su si la voix
de Mireille Mathieu avait des effets aphrodisiaque mais toujours
est-il que tout le monde commença à se tripoter sévère.
Tout en gigotant sous la mélodie tonitruante les paysannes
retroussèrent leurs jupons pour faire apparaître des
minous grisonnants et pas frais, quand aux paysans, ils firent sauter
leurs boutons de braguette. Quelques paysans homos qui avaient des
bleus de travail spécialement aménagés firent
sauter les boutons de la trappe arrière. Comme il n’y
avait plus rien à boire, tout le monde s’enfourcha
sauvagement alors que la voix de Mireille résonnait sous
les toiles d’araignées.
Belle maman se fit
prendre discrètement en sandwich tout en ayant pris en bouche
le vieux Dédé qui n’arrivait pas à bander.
Pour essayer de l’impliquer elle le mâchouilla délicatement
puis de plus en plus fort mais le vieux n’arrêtait pas
de péter. Finalement elle laissa le vieux Dédé
seul devant ses attributs pendouillant, mais il ne fut pas seul
longtemps car quelqu’un le pénétra à
sec par la trappe arrière. Il poussait des cris porcins et
avait maintenant de la buée sur les carreaux de ces culs
de bouteille. Comme il commençait à avoir mal au cœur
à cause du mouvement, il s’agrippa à la table
de mixage pour plus de stabilité. L’ouvrier agricole
qui le pénétrait s’acharnait comme un picador
sur un taureau en rut. Il balança la purée en poussant
des cris comme un agent de la SNCF à qui l’on coincerait
les couilles entre les deux rails d’un aiguillage. Une fois
que son chibre eut diminué de 95 pourcent, il tomba en arrière
sur une masse de corps qui pompait. Le vieux Dédé
gardait la pause car il en voulait encore et se fit au comble du
plaisir, coincer une couille dans la platine.
Les cloportes continuèrent
une bonne partie de la nuit à s’emmancher violemment.
Françouais qui comme Belle maman avait été
dans un premier temps voir ailleurs retrouva la vieille, lui renifla
les dessous de bras et eut une érection à faire pâlir
un sculpteur Egyptien d’obélisque.
Avant de roupiller
sur le sol, tout le monde avec quelques auréoles supplémentaires
rafistola sa tenue pour ne pas choquer et préserver la sécu
de visites massives chez les psychiatres.
Chapitre suivant
|
 |