Les aventures de Françouais



Chapitre 14 - Le temps des discours


 
 

Le préfet qui avait maintenant un nouveau rendez-vous ultra important s’empressait de tout boucler à Saint Saturnin les Bains. Il devait en effet, aller devant les caméras tabasser un automobiliste qui c’était fait piquer quelques heures auparavant au volant de sa bagnole car il avait bu une bière il y a maintenant un an. L’alcootest était bien évidemment négatif mais il avait avoué donc son cas devait être mené pour l’exemple et il serait tabassé en bonne et due forme sous le feu des projecteurs. Le préfet lui-même porterait les coups car cela était bon pour son avancement. Les automobilistes qui étaient bloqués sur l’autoroute eurent vent de cette histoire et la grande majorité d’entre eux abandonnèrent leur véhicule ainsi que conjoints et enfants pour échapper à cette honte suprême.
Le préfet posa torse nu devant la carcasse encore fumante du char pour le magasine gay fan de bidasse, signa quelques autographes et partit enfin sous les applaudissement des glaudes qui lui avaient donné quelques valises de PV à faire passer.
Françouais descendit tranquillement les escaliers en se grattant longuement les couilles et pendant ce temps belle maman qui n’était pas tout à fait comblée se finissait avec le manche du balai à chiotte.
Les camions de livraison de boissons et boustifaille convergeaient vers le bled, le buffet campagnard s’annonçait flamboyant.
Igor le pécore un brave type toujours prêt à rendre service contre quelques litrons de pinard avait gentiment prêté sa grange pour que les habitants puissent y crécher le temps que l’on restaure leurs taudis. Chacun avait donc choisit son emplacement et le curé avait béni les lieux pour éviter que les démons ne poussent les gens à partouzer lorsque la nuit serait venue. Pour quelques jours les vaches dormiraient à la belle étoile, ce qui promettait de belles cavalcades pour le taureau du père Bazzzin ce vieillard acariâtre.
Les volets non calcinés des maisons avaient été démonté et posé sur des tréteaux feraient d’excellentes tables pour le festin. Le maire soucieux d’une extrême organisation s’inquiéta pour les chaises ou les bancs qui avaient tous disparus dans les flammes. Quelqu’un eut l’idée de remplacer les meubles sous cul par des fauteuils de voitures, tous les véhicules furent donc désossés.
La solidarité battait son plein et les gens des habitations ou bleds de proximité avaient écouté les différents appels de Françouais et autres journalistes. Par charrettes entières arrivaient les meubles et ustensile dont plus personne ne voulait, certains amenaient même leurs poubelles.
Le maire par crainte de voir la popularité de Françouais dépasser la sienne avait griffonné un discours sur un papelard usagé. Pour le moment il achevait de pisser une cinquantième fois sur le mur de la sacristie pour ne pas être dérangé pendant son discours et s’éclaircissait la voix. Il avait revêtu sa ceinture tricolore et en contemplant son petit oiseau, trouvait qu’il ne baisait pas assez d’élues et que cela pourrait nuire à sa réélection. En refermant sa braguette il se coinça le petit oiseau et hurla de douleur. Il gueula tellement fort que tous les piafs à moins de trois cent mètre à la ronde prirent la poudre d’escampette. Pour calmer sa douleur il se roula avec zèle par terre. Lorsqu’il se releva, il fut bon pour aller se changer mais il remit cette tâche à plus tard car la France ne pouvait plus se permettre d’attendre une seconde de plus. Il arriva donc dans un état lamentable sur la place publique ou tout le monde s’affairait.
- Mesdames et Messieurs, veuillez s’il vous plaît m’écouter quelques instants.
Personne ne prit garde à son intervention ce qui le vexa profondément. Il reprit une profonde inspiration, ferma les yeux pour se concentrer, se racla la gorge et mit le volume à fond.
- Mesdames et Messieurs, fermez dont vos gueules et écoutez ma jaquetance quelques instants. Je ne serais pas long, c’est pour vous annoncer une excellente nouvelle.
Cette fois les uns et les autres levèrent la tête et s’arrêtèrent. Tous les regards convergeaient vers le maire et un silence dérangeant se fit. Le maire tremblotait d’effroi, une sueur froide perlait sur sa nuque et dégoulinait dans le dos et allait alimenter la tâche qui s’était formée au niveau de son cul. Il essaya une première fois d’ouvrir sa gueule mais aucun son ne sortit. Pour se donner du courage il se tapa avec le poing sur les couilles. Les gens eurent le réflexe pour lui de porter leurs mains sur leurs bas ventre mais personne ne pigeait ou il cherchait à en venir. Il n’arrivait plus à respirer, un nœud dans la gorge le lui interdisait. Il se sentit défaillir puis sentit quelque chose de chaud dans son ben. Il aurait voulu à se moment disparaître à jamais, que personne ne souvienne qui il était, d’où il venait et ou il allait. Mais ce genre d’espérance ne pouvait marcher que dans la fiction et la réalité était très dure pour le moment. Bizarrement au moment ou ses sphincters furent détendus, il retrouva ses esprits et ses joues s’empourprèrent. Il arrivait de nouveau à ouvrir la bouche mais de là à ce qu’un son sorte. Il se jeta à l’eau et poussa un petit cri, les gens le dévisageaient de plus en plus bizarrement. Quelqu’un se baissa pour ramasser des cailloux.
- Oui mesdames et messieurs, merci encore réussit-il à bredouiller. Merci encore de votre bonne humeur malgré les éléments qui surviennent, merci de votre courage dans l’adversité, merci de bien vouloir ne pas oublier de payer vos impôts.
Comme il vit le type qui se baissait pour ramasser des cailloux, il décida sur le champ de satelliser certains passages de son discours sous peine de se faire lapider méchamment.
- Nous allons reconstruire Saint Saturnin les Bains qui sera le plus beau bled de la région. Aux chiottes Goudriole les Fiotes, je suis intimement persuadé que tout est la faute de ces chenapans, cette racaille radioactive. Que ces connards aillent griller en enfer et puis nous organiserons dès que nous serons remis des expéditions punitives pour leur montrer que nous ne nous laissons pas faire et ne nous laisserons jamais faire.
Le maire fut interrompu par des hurlements de joie, les connards braillaient tant qu’ils le pouvaient en lançant en l’air tout ce qu’ils avaient dans les mains. Le type avec les cailloux se les prit sur la tête et s’allongea pour quelques minutes mais personne n’y prit garde. Les connards paraissaient joasses, le maire avait involontairement usé du bon ton et tiré les bonnes ficelles.
- Soyez fier de votre attitude ce matin, vous êtes des braves. De part votre maîtrise de vos nerfs vous, euh …
Le maire dû s’interrompre car un vieux glaviot verdâtre dégoulinait de ses narines et l’empêchaient maintenant de prononcer correctement les mots. Comme il n’avait pas de tire jus sur lui, il s’essuya du revers de sa manche de veste, ce qui eut pour effet de lui foutre de la terre sur le visage. Son bras retomba le long de son corps et certains s’amusèrent à suivre le parcours du glaviot. Maintenant qu’il était totalement libéré, il pouvait reprendre le fil de son discours.
- Veuillez m’excuser de ce glaviot dérangeant. Oui vous avez maîtrisé vos nerfs, oui vous vous êtes comportés en véritable héros. Peu de gens auraient eu votre courage et votre maîtrise. Vous êtes la fierté de notre village, vous êtes notre richesse.
Des hurlements de joie fusèrent de part et d’autre. Personne n’avait entravé un quelconque mot du discours mais tout le monde était content. Les gens se tapèrent dans le dos, s’embrassèrent tant l’allégresse était apparente. Le maire aussi était content. Pour la première fois de sa vie il avait réussit à prononcer un discours sans que cela finisse en pugila.
- Je vous demanderais, comme notre héros du jour vous l’a demandé, de profiter de ce buffet campagnard pour prendre des forces, réapprendre à connaître vos voisins et vous délecter de bons nectars. Nous prenons des forces ce soir et demain nous rebâtirons Saint Saturnin les Bains, notre village redeviendra la fierté de notre région.
Les gens hurlèrent de bonheur et le maire en perdit son falzar de joie. Les habitants purent se rendre compte que monsieur le maire ne portait pas de slip kangourou jaunâtre mais des slips en dentelle. Ses portes chaussettes lui faisaient des marques rouge tant ils oppressaient ses mollets. Monsieur le maire en profita pour déchirer sa petite culotte et se laver le cul dans une marre d’eau croupie. Les quelques moustiques qu’il dérangea pour l’occasion voletèrent vers la foule pour piquer de la bonne cellulite.
Au même moment Françouais pointa son nez dehors et tout le monde se tourna vers lui. Il paraissait mal à l’aise dans sa tenue de rambo des campagnes. Il fit instinctivement à la foule un petit geste.
- Vive notre héros, bravo notre sauveur hurla la foule.
- Vingt dix dioux, fait que le vin coule à flots et que les femmes se donnent gueula le père Bazzzin ce vieillard acariâtre en martelant le sol de sa canne.
- Honneur à toi notre héros qui a presque réussit à sauver des cendres notre si beau village prononça très cérémonieusement monsieur le maire dont la deuxième partie du glaviot à l’origine engluée sur la manche de sa veste venait de mordre la poussière.
- C’est moi qui vous remercie mesdemoiselles, mesdames et messieurs, je vous remercie de ne pas avoir à un seul moment songé à n’en faire qu’à votre tête et privilégier l’intérêt public.
Françouais fut très longuement interrompu par des salves incessantes d’applaudissements et ne cessait de faire des petites courbettes pour remercier cette ferveur tant inattendue.
- Je sais que peux de gens dans ce village m’apprécient, mais je n’ai écouté qu’une seule voix lorsque j’ai senti que les choses se gâtaient, cette voix il s’agit de la voix de mon cœur. C’est cette voix qui nous a tous guidé dans notre combat contre les éléments déchaînés.
Les applaudissements reprirent de plus belle, des larmes coulaient et les salves étaient maintenant entrecoupées de reniflements. Les gens s’embrassaient de bonheur et remerciaient le ciel. Le curé était repartit ventre à terre rallumer ses cloches. Comme il avait retrouvé une énergie d’un gamin de quinze ans, il grimpa l’escalier vermoulu du clocher pour jouir du son brut des cloches et surtout mater les maisons du bled d’à côté. Il regarda dans toutes les directions, attendit le silence pour piauler de son perchoir son analyse de la situation.
- Goudriole les Fiotes est à feu et à sang, je vois deux cheminées qui fument et tous les habitants ainsi que les bidasses s’affairant dans les rues. Ils vont recevoir le châtiment qu’ils méritent.
La foule hurla de nouveau de bonheur, certains entamaient même des petits pas de danse. Quelques ados qui trouvaient que la sonnerie des cloches manquait de rythme, se saisirent de quelques bidons et tapèrent dessus avec des gourdins. Malgré la cacophonie, la foule paraissait apprécier le boucan et certains trouvaient même une sorte de rythme pour se remuer le popotin. Le vieil Emile qui avait réussit au péril de ses poils sous les aisselles, le sauvetage de son accordéon ne pu résister de jouer un petit morceau. Il s’assit sur un morceau de radiateur déformé par une tête de militaire, ouvrit la ceinture de chasteté de l’instrument qui laissa pendre de ce fait un appendice poussiéreux. Emile se saisit des deux extrémités de sa boîte à torture et lui fit cracher des notes que la plupart des cages à miel environnantes n’avaient jamais ouït. Tout sourire il laissait apparaître les trois dernières dents qui lui restaient plantées dans la mâchoire. Son dentier étant resté dans la fournaise, il avait déjà prévenu sa Simone qu’elle serait chargée de lui pré-mâcher la cochonnaille du buffet. Sa vieille était toute contente car depuis des années qu’elle ne lui avait plus servit à rien, il lui avait demandé tout timidement ce service. Simone prit donc à cet instant la ferme résolution d’abonner Emile à la feuille de chou locale « culbute dans le sillon », cela lui inspirerait peut être de nouveaux fantasmes. Mais pour l’heure Emile se la pétait avec un titre extraordinaire d’Yvette la prêtresse de cet instrument qui avait charmé des générations de cages à miel.
Monsieur le maire réquisitionna une dizaine de volontaires désignés d’office pour accélérer la mise en place du buffet car les préparatifs traînaient un petit peu trop à son goût.
Belle maman qui avait rechaussé son porte jarretelle fit son apparition, certaines paysannes qui avaient deviné le manège avec Françouais lui lancèrent des regards furibards mais la bonne humeur reprit rapidement le dessus.

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