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Le préfet qui avait maintenant
un nouveau rendez-vous ultra important s’empressait de tout
boucler à Saint Saturnin les Bains. Il devait en effet, aller
devant les caméras tabasser un automobiliste qui c’était
fait piquer quelques heures auparavant au volant de sa bagnole car
il avait bu une bière il y a maintenant un an. L’alcootest
était bien évidemment négatif mais il avait
avoué donc son cas devait être mené pour l’exemple
et il serait tabassé en bonne et due forme sous le feu des
projecteurs. Le préfet lui-même porterait les coups
car cela était bon pour son avancement. Les automobilistes
qui étaient bloqués sur l’autoroute eurent vent
de cette histoire et la grande majorité d’entre eux
abandonnèrent leur véhicule ainsi que conjoints et
enfants pour échapper à cette honte suprême.
Le préfet
posa torse nu devant la carcasse encore fumante du char pour le
magasine gay fan de bidasse, signa quelques autographes et partit
enfin sous les applaudissement des glaudes qui lui avaient donné
quelques valises de PV à faire passer.
Françouais
descendit tranquillement les escaliers en se grattant longuement
les couilles et pendant ce temps belle maman qui n’était
pas tout à fait comblée se finissait avec le manche
du balai à chiotte.
Les camions de livraison
de boissons et boustifaille convergeaient vers le bled, le buffet
campagnard s’annonçait flamboyant.
Igor le pécore
un brave type toujours prêt à rendre service contre
quelques litrons de pinard avait gentiment prêté sa
grange pour que les habitants puissent y crécher le temps
que l’on restaure leurs taudis. Chacun avait donc choisit
son emplacement et le curé avait béni les lieux pour
éviter que les démons ne poussent les gens à
partouzer lorsque la nuit serait venue. Pour quelques jours les
vaches dormiraient à la belle étoile, ce qui promettait
de belles cavalcades pour le taureau du père Bazzzin ce vieillard
acariâtre.
Les volets non calcinés
des maisons avaient été démonté et posé
sur des tréteaux feraient d’excellentes tables pour
le festin. Le maire soucieux d’une extrême organisation
s’inquiéta pour les chaises ou les bancs qui avaient
tous disparus dans les flammes. Quelqu’un eut l’idée
de remplacer les meubles sous cul par des fauteuils de voitures,
tous les véhicules furent donc désossés.
La solidarité
battait son plein et les gens des habitations ou bleds de proximité
avaient écouté les différents appels de Françouais
et autres journalistes. Par charrettes entières arrivaient
les meubles et ustensile dont plus personne ne voulait, certains
amenaient même leurs poubelles.
Le maire par crainte
de voir la popularité de Françouais dépasser
la sienne avait griffonné un discours sur un papelard usagé.
Pour le moment il achevait de pisser une cinquantième fois
sur le mur de la sacristie pour ne pas être dérangé
pendant son discours et s’éclaircissait la voix. Il
avait revêtu sa ceinture tricolore et en contemplant son petit
oiseau, trouvait qu’il ne baisait pas assez d’élues
et que cela pourrait nuire à sa réélection.
En refermant sa braguette il se coinça le petit oiseau et
hurla de douleur. Il gueula tellement fort que tous les piafs à
moins de trois cent mètre à la ronde prirent la poudre
d’escampette. Pour calmer sa douleur il se roula avec zèle
par terre. Lorsqu’il se releva, il fut bon pour aller se changer
mais il remit cette tâche à plus tard car la France
ne pouvait plus se permettre d’attendre une seconde de plus.
Il arriva donc dans un état lamentable sur la place publique
ou tout le monde s’affairait.
- Mesdames et Messieurs,
veuillez s’il vous plaît m’écouter quelques
instants.
Personne ne prit
garde à son intervention ce qui le vexa profondément.
Il reprit une profonde inspiration, ferma les yeux pour se concentrer,
se racla la gorge et mit le volume à fond.
- Mesdames et Messieurs,
fermez dont vos gueules et écoutez ma jaquetance quelques
instants. Je ne serais pas long, c’est pour vous annoncer
une excellente nouvelle.
Cette fois les uns
et les autres levèrent la tête et s’arrêtèrent.
Tous les regards convergeaient vers le maire et un silence dérangeant
se fit. Le maire tremblotait d’effroi, une sueur froide perlait
sur sa nuque et dégoulinait dans le dos et allait alimenter
la tâche qui s’était formée au niveau
de son cul. Il essaya une première fois d’ouvrir sa
gueule mais aucun son ne sortit. Pour se donner du courage il se
tapa avec le poing sur les couilles. Les gens eurent le réflexe
pour lui de porter leurs mains sur leurs bas ventre mais personne
ne pigeait ou il cherchait à en venir. Il n’arrivait
plus à respirer, un nœud dans la gorge le lui interdisait.
Il se sentit défaillir puis sentit quelque chose de chaud
dans son ben. Il aurait voulu à se moment disparaître
à jamais, que personne ne souvienne qui il était,
d’où il venait et ou il allait. Mais ce genre d’espérance
ne pouvait marcher que dans la fiction et la réalité
était très dure pour le moment. Bizarrement au moment
ou ses sphincters furent détendus, il retrouva ses esprits
et ses joues s’empourprèrent. Il arrivait de nouveau
à ouvrir la bouche mais de là à ce qu’un
son sorte. Il se jeta à l’eau et poussa un petit cri,
les gens le dévisageaient de plus en plus bizarrement. Quelqu’un
se baissa pour ramasser des cailloux.
- Oui mesdames et
messieurs, merci encore réussit-il à bredouiller.
Merci encore de votre bonne humeur malgré les éléments
qui surviennent, merci de votre courage dans l’adversité,
merci de bien vouloir ne pas oublier de payer vos impôts.
Comme il vit le
type qui se baissait pour ramasser des cailloux, il décida
sur le champ de satelliser certains passages de son discours sous
peine de se faire lapider méchamment.
- Nous allons reconstruire
Saint Saturnin les Bains qui sera le plus beau bled de la région.
Aux chiottes Goudriole les Fiotes, je suis intimement persuadé
que tout est la faute de ces chenapans, cette racaille radioactive.
Que ces connards aillent griller en enfer et puis nous organiserons
dès que nous serons remis des expéditions punitives
pour leur montrer que nous ne nous laissons pas faire et ne nous
laisserons jamais faire.
Le maire fut interrompu
par des hurlements de joie, les connards braillaient tant qu’ils
le pouvaient en lançant en l’air tout ce qu’ils
avaient dans les mains. Le type avec les cailloux se les prit sur
la tête et s’allongea pour quelques minutes mais personne
n’y prit garde. Les connards paraissaient joasses, le maire
avait involontairement usé du bon ton et tiré les
bonnes ficelles.
- Soyez fier de
votre attitude ce matin, vous êtes des braves. De part votre
maîtrise de vos nerfs vous, euh …
Le maire dû
s’interrompre car un vieux glaviot verdâtre dégoulinait
de ses narines et l’empêchaient maintenant de prononcer
correctement les mots. Comme il n’avait pas de tire jus sur
lui, il s’essuya du revers de sa manche de veste, ce qui eut
pour effet de lui foutre de la terre sur le visage. Son bras retomba
le long de son corps et certains s’amusèrent à
suivre le parcours du glaviot. Maintenant qu’il était
totalement libéré, il pouvait reprendre le fil de
son discours.
- Veuillez m’excuser
de ce glaviot dérangeant. Oui vous avez maîtrisé
vos nerfs, oui vous vous êtes comportés en véritable
héros. Peu de gens auraient eu votre courage et votre maîtrise.
Vous êtes la fierté de notre village, vous êtes
notre richesse.
Des hurlements de
joie fusèrent de part et d’autre. Personne n’avait
entravé un quelconque mot du discours mais tout le monde
était content. Les gens se tapèrent dans le dos, s’embrassèrent
tant l’allégresse était apparente. Le maire
aussi était content. Pour la première fois de sa vie
il avait réussit à prononcer un discours sans que
cela finisse en pugila.
- Je vous demanderais,
comme notre héros du jour vous l’a demandé,
de profiter de ce buffet campagnard pour prendre des forces, réapprendre
à connaître vos voisins et vous délecter de
bons nectars. Nous prenons des forces ce soir et demain nous rebâtirons
Saint Saturnin les Bains, notre village redeviendra la fierté
de notre région.
Les gens hurlèrent
de bonheur et le maire en perdit son falzar de joie. Les habitants
purent se rendre compte que monsieur le maire ne portait pas de
slip kangourou jaunâtre mais des slips en dentelle. Ses portes
chaussettes lui faisaient des marques rouge tant ils oppressaient
ses mollets. Monsieur le maire en profita pour déchirer sa
petite culotte et se laver le cul dans une marre d’eau croupie.
Les quelques moustiques qu’il dérangea pour l’occasion
voletèrent vers la foule pour piquer de la bonne cellulite.
Au même moment
Françouais pointa son nez dehors et tout le monde se tourna
vers lui. Il paraissait mal à l’aise dans sa tenue
de rambo des campagnes. Il fit instinctivement à la foule
un petit geste.
- Vive notre héros,
bravo notre sauveur hurla la foule.
- Vingt dix dioux,
fait que le vin coule à flots et que les femmes se donnent
gueula le père Bazzzin ce vieillard acariâtre en martelant
le sol de sa canne.
- Honneur à
toi notre héros qui a presque réussit à sauver
des cendres notre si beau village prononça très cérémonieusement
monsieur le maire dont la deuxième partie du glaviot à
l’origine engluée sur la manche de sa veste venait
de mordre la poussière.
- C’est moi
qui vous remercie mesdemoiselles, mesdames et messieurs, je vous
remercie de ne pas avoir à un seul moment songé à
n’en faire qu’à votre tête et privilégier
l’intérêt public.
Françouais
fut très longuement interrompu par des salves incessantes
d’applaudissements et ne cessait de faire des petites courbettes
pour remercier cette ferveur tant inattendue.
- Je sais que peux
de gens dans ce village m’apprécient, mais je n’ai
écouté qu’une seule voix lorsque j’ai
senti que les choses se gâtaient, cette voix il s’agit
de la voix de mon cœur. C’est cette voix qui nous a tous
guidé dans notre combat contre les éléments
déchaînés.
Les applaudissements
reprirent de plus belle, des larmes coulaient et les salves étaient
maintenant entrecoupées de reniflements. Les gens s’embrassaient
de bonheur et remerciaient le ciel. Le curé était
repartit ventre à terre rallumer ses cloches. Comme il avait
retrouvé une énergie d’un gamin de quinze ans,
il grimpa l’escalier vermoulu du clocher pour jouir du son
brut des cloches et surtout mater les maisons du bled d’à
côté. Il regarda dans toutes les directions, attendit
le silence pour piauler de son perchoir son analyse de la situation.
- Goudriole les
Fiotes est à feu et à sang, je vois deux cheminées
qui fument et tous les habitants ainsi que les bidasses s’affairant
dans les rues. Ils vont recevoir le châtiment qu’ils
méritent.
La foule hurla de
nouveau de bonheur, certains entamaient même des petits pas
de danse. Quelques ados qui trouvaient que la sonnerie des cloches
manquait de rythme, se saisirent de quelques bidons et tapèrent
dessus avec des gourdins. Malgré la cacophonie, la foule
paraissait apprécier le boucan et certains trouvaient même
une sorte de rythme pour se remuer le popotin. Le vieil Emile qui
avait réussit au péril de ses poils sous les aisselles,
le sauvetage de son accordéon ne pu résister de jouer
un petit morceau. Il s’assit sur un morceau de radiateur déformé
par une tête de militaire, ouvrit la ceinture de chasteté
de l’instrument qui laissa pendre de ce fait un appendice
poussiéreux. Emile se saisit des deux extrémités
de sa boîte à torture et lui fit cracher des notes
que la plupart des cages à miel environnantes n’avaient
jamais ouït. Tout sourire il laissait apparaître les
trois dernières dents qui lui restaient plantées dans
la mâchoire. Son dentier étant resté dans la
fournaise, il avait déjà prévenu sa Simone
qu’elle serait chargée de lui pré-mâcher
la cochonnaille du buffet. Sa vieille était toute contente
car depuis des années qu’elle ne lui avait plus servit
à rien, il lui avait demandé tout timidement ce service.
Simone prit donc à cet instant la ferme résolution
d’abonner Emile à la feuille de chou locale «
culbute dans le sillon », cela lui inspirerait peut être
de nouveaux fantasmes. Mais pour l’heure Emile se la pétait
avec un titre extraordinaire d’Yvette la prêtresse de
cet instrument qui avait charmé des générations
de cages à miel.
Monsieur le maire
réquisitionna une dizaine de volontaires désignés
d’office pour accélérer la mise en place du
buffet car les préparatifs traînaient un petit peu
trop à son goût.
Belle maman qui
avait rechaussé son porte jarretelle fit son apparition,
certaines paysannes qui avaient deviné le manège avec
Françouais lui lancèrent des regards furibards mais
la bonne humeur reprit rapidement le dessus.
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