Les aventures de Françouais



Chapitre 12 - Vive l'armée


 
 

Françouais continuait de plus belle ses commentaires à la radio pour tenter de faire revenir le calme dans les esprits. Il fallait aussi qu’il passe pour le héros du jour et jusqu’à présent il y était parvenu et l’illusion demeurait parfaite, tout le monde pensait qu’il s’agissait de l’homme de la situation.
- Mesdames et messieurs, nous venons d’apprendre que monsieur le préfet va arriver d’une minute à l’autre, il est pour le moment bloqué dans les embouteillage mais espère rapidement être parmi nous afin de pouvoir être filmé durant les actions de sauvetage et réitérer son mandat. D’autres sponsors se sont proposés pour les apéritifs, la boisson et les digestifs de notre buffet campagnard de ce soir mais la liste est maintenant trop longue pour être énumérée. Lorsque le cours normal des émissions sera revenu mes confrères vous listeront en détail l’intégralité de nos généreux donateurs.
Devant le troquet, on entendait du boucan dans la cabane à chiotte du père Bazzzin ce vieillard acariâtre.
- Ben dix dioux d’nom dix dioux, comment que j’vais caguer mi maintenant avec la bassine renversée et tout ce brun dans ma cabane. D’nom dix dioux si je tenais le p’tit saloupiaud qui m’a fait ces misères que je lui casserais ma canne sur les reins et foutrait mon chibre dans l’cul.
Le vieux grommelait en remettant de l’ordre dans sa cabane. Visiblement il n’avait pas du tout capté que l’alerte se trouvait à son paroxysme et que Saint Saturnin les Bains flambait. Il finit par remettre la bassine droite et baissa ses braies pour poser sa pêche. Il trouva bien que cela sentait bien un petit peu le cramé mais cela ne le dérangea pas outre mesure. Il irait ensuite s’en jeter un petit au troquet.
Le troquet avec la maison des vieux, était le seul local à ne pas cramer, effet du hasard ?
- Mesdames et messieurs, gardez votre sang froid, l’armée et une nouvelle vague de secours arrive, cette fois sera normalement la bonne. Accrochez vous il n’y a plus que quelques minutes de patience à avoir. Et souvenez-vous surtout que nous reconstruirons tous ensemble nos maisons. Chaque pierre brûlée sera grattée.
Des véhicules lourds de l’armée approchaient. Par mesure de sécurité les pompiers restaient derrière histoire d’éviter de nouvelles déconvenues. Comme promis les pompiers de Goudriole les Fiotes faisaient partie des secours, les deux pompiers étaient d’ailleurs en train d’astiquer leur casque afin de mieux passer auprès de la population féminine.
Les gens bloqués sur l’autoroute étaient sortis de leurs véhicules pour applaudir les sauveurs velus verts. Certaines femmes se prenaient des mandales de la part de leur compagnon sous prétexte qu’elles regardaient avec trop d’insistance ou trop d’érotisme les gus qui paradaient. Pour en rajouter un petit peu certains soldats vidèrent leur chargeur en l’air. Un tank zélé balança un obus qui manqua de peu le coq du clocher de l’église mais qui s’écrasa sur le toit du troquet de Goudriole les Fiotes. Il y eut un bruit sourd puis beaucoup de fumée, un vent de révolte souffla à Goudriole.
Le char se prit la dernière mine dans une chenille. Françouais n’y croyait plus car pensait que tout le stock y était passé. Comme le conducteur paraissait plus abruti que la moyenne, l’autre chenille qui continuait de fonctionner fit tournicoter le char sur lui-même. Les bidasses sautèrent de leurs véhicules et s’éparpillèrent dans la nature. Certains s’engluèrent dans le marécage et on les voyait gigoter comme de vulgaires pantins en hurlant.
Les incendies commencèrent à s’éteindre d’eux même, non pas à cause ou grâce à la population mais tout simplement parce que tout se qui devait brûler avait brûlé. Les soldats tiraient comme des cons en direction des véhicules de pompiers incendiés tuant de ce fait les derniers rescapés.
L’affaire prenait une plus grande tournure, un hélico arriva pour hélitreuiller monsieur le préfet qui pleurnichait car dès qu’il était soulevé dans les airs et qu’il n’avait pas son nounours. Du fait qu’il était maculé de boue, personne ne remarqua qu’il se faisait dessus de peur.
Quatre avions de type Canadairs arrivèrent pour en finir avec ce satané feu.
- Mesdames et messieurs, vous risquez d’être arrosé car des avions spéciaux s’apprêtent à larguer suffisamment d’eau pour arroser vos poireaux jusqu’à l’été prochain. Ne vous inquiétez pas, ils l’on faite tiédir pour ne pas saisir ceux qui auraient mangé depuis moins de trois heures. Serrez les fesses et tout se passera bien.
Les quatre zinc passèrent une première fois dans un vacarme effroyable, ils firent un majestueux demi tour, ce qui laissa le temps à l’hélicoptère de larguer son paquet puis passèrent rase motte. Ils larguèrent la flotte avec toutes les saloperies qu’elle pouvait contenir car ils avaient été la récupérer dans un lac constellé de canettes, boutanches, papelards gras et autres saloperies du genre. La quasi-totalité des feux s’éteignit. Ceux qui avaient encore de la mousse à raser furent rincés à l’eau croupie et une odeur de vase envahit le bled.
Monsieur le préfet dans un état lamentable fit un nouveau discours devant une véritable équipe de journalistes cette fois. Comme il faisait des liaisons avec ses discours précédents personne n’entrava que dalle à sa parlotte.
La populace applaudissait à tout rompre et les pilotes des Canadairs fort fier de cet accueil tentèrent un troisième passage. Ils se mélangèrent les pinceaux et deux d’entre eux s’embrassèrent et tombèrent dans le marécage juste sur une camionnette de flics qui marinait depuis un certain nombre d’années déjà. La famille hérisson applaudit de longues minutes devant ce spectacle. Il ne restait plus qu’à l’armée de dégager les accès pour libérer la population et au contribuable de pleurer à cause de ce nouveau gâchis.
- Le patron du bistrot m’annonce que lorsque l’armée sera parmi nous, il nous payera une tournée générale. Mesdames et messieurs gardez votre sang froid, c’est presque terminé vous n’avez plus rien à craindre.
Une meute sauvage approchait et fit tourner la tête de tout le monde. Ces gens visiblement fort mécontents hurlaient des slogans incitant à la haine. Il venaient de Goudriole les Fiotes et étaient armés de fourches et de gourdins. Le service d’ordre craint un moment qu’une guerre civile éclate tant les autochtones paraissaient en colère et chargés. Plus ils se rapprochaient et plus le sentiment de crainte était net. Les Saint Saturnois se turent devant tant de raffut, ils pensaient qu’ils allaient tous se faire casser la gueule sans ménagement par leurs ennemis de toujours. Les Goudriolais s’arrêtèrent devant les premiers bidasses et en chopèrent une cinquantaine qu’ils tinrent par les oreilles. Ils les obligèrent à les suivre tout en continuant de brailler leurs slogans hostiles. Visiblement ils les ramenaient à Goudriole les Fiotes pour qu’ils reconstruisent le troquet qu’ils avaient dézingué.
Le restant de bidasse s’acharna de longues heures durant sur les carcasses qui bloquaient le passage. Malgré toute leur intelligence et bonne volonté ils ne réussirent pas à en bouger une seule de plus de cinq centimètres. Françouais les attendait de pied ferme et avait hissé ses morceaux de ferraille et de radiateurs sur le toit de la radio.
Les bidasses réussirent à ouvrir le passage en faisant un nettoyage systématique à la grenade ce qui défonçait complètement les voies d’accès. Quelques véhicules passèrent et ils furent accueillis en véritable héros. Lorsqu’ils passèrent au pied de la radio, Françouais n’eut qu’à pousser son tas de saloperie. Un sergent qui conduisait un véhicule se prit un radiateur en fonte sur la calebasse, heureusement il portait son casque dur mais il ne sembla pas dans un premier temps trop affecté. Visiblement le choc lu avait niqué les quelques derniers neurones qui lui restaient et il ne pouvait plus coordonner ses mouvements. Il envoya valdinguer son engin dans la boulangerie. Lorsqu’il sortit de tout ce bordel, son dernier réflexe fut de se foutre au garde à vous et d’attendre les ordres. D’autres bidasses se prirent des objets lourds sur la gueule et furent condamnés à la même sentence.
Le commandant en chef qui s’énervait de voir son armée fondre comme une peau de chagrin décida que le temps de riposter contre cet ennemi invisible était venu. Il fit balourder le restant des munitions sur Goudriole Les Fiotes. Il ne se souvint que plus tard qu’un certain nombre de ses hommes étaient à Goudriole sous le feu allier. De rage il jeta son casque par terre et se frappa les couilles contre un tuteur de ficus. Les gens qui l’observaient dans sa commandantomobile grimaçaient de douleur pour l’accompagner mais comme il s’en voulait, il continua le rituel improvisé.
D’autres saloperies continuèrent de dégringoler et Françouais en profita pour retrouver son micro.
- Mesdames et messieurs, maintenant que l’incendie est circonscrit, il faut vous protéger car des objets non identifiés pleuvent. Je viens d’apprendre que Louisette Satremble la présidente de l’amicale des introductrices de bâtons de verger venait d’échapper de justesse à un gouvernail de sous marin. Abritez-vous là ou vous le pouvez mais ne restez pas à découvert car nous sommes bombardés. Il paraîtrait que ces objets risquant de vous blesser proviennent de Goudriole les Fiotes, ils sont fortiches à Goudriole pour nous balancer des trucs alors qu’on ne leur demande absolument rien. Mais rassurez-vous, on ne va pas les laisser faire, nous allons riposter et ils verront bien que nous ne sommes pas des lopettes et ce n’est pas en faisant semblant de nous aider comme ils l’ont fait ce matin.
Les gens levaient vers le ciel des poings rageurs, une descente serait certainement organisée par Françouais ces prochains jours et les enfoirés s’en prendraient plein la tronche.
Les Goudriolais se prirent quand à eux une rafale de pruneaux et d’obus en tout genre qui grêlaient sur les toitures, ils savaient d’où cela venait ce qui n’arrangeait pas les choses. Les connards reprirent leurs massues et repartirent en guerre. Ils avançaient vers Saint Saturnin les bains en martelant le sol du pied et cela fit fuir les bêtes.
- Mesdames et messieurs reprit Françouais qui était décidément bien au courant de tout. Les Goudriolais refont une descente dans notre merveilleux petit village. D’ordinaire je vous inciterais à combattre mais là nous avons l’armée pour nous défendre, laissez donc faire les professionnels, ne vous en mêlez surtout pas.
A ces mots, la maire fut prit d’un sanglot d’émotion, Françouais cherchait même à éviter l’affrontement direct, il protégeait le citoyen de la baston généralissime.
- A moi mes valeureux soldats, ne nous laissons pas faire et regroupons-nous avant la charge finale qui fera fuir ces poltrons hurla le commandant en chef en brandissant un rouleau à pâtisserie dérobé à une mégère qui avait réussit à le sauver de l’incendie.
Les bidasses se regroupèrent aux pieds de leur commandant et triquèrent pour faire plaisir au commandant, rien ne pouvait plus l’exciter que ce genre de démonstration avant un combat. Les braves gens, ils l’aimaient, ils le suivraient n’importe où ! Le commandant regretta de ne pas avoir fait venir son aide de camp qui aurait pu le branler en lui chantant des chansons de parade militaire.
Ils chargèrent en braillant comme des marchands de poisson avant l’apéro. Ils partirent dans la mauvaise direction, celle de l’autoroute puis bifurquèrent entre plusieurs carcasses de camions encore fumantes, il s’agissait d’une technique pour prendre de l’élan. Ils fondirent sur les Goudriolais et se matraquèrent la gueule jusqu’à ce que soif s’ensuive.
Françouais laissa très poliment sa place au speaker officiel de la radio qui avait enfin réussit à sortir sa grosse restée plusieurs heures durant le cul coincé dans la cuvette des cagoinces. Elle s’en était tirée quasi indemne avec une grosse marque de ventouse sur la fesse gauche, seules ses loches étaient couvertes de suie mais ne paraissaient pas avoir trop grillé.
Toujours le cul dans son treillis Françouais fit le tour du propriétaire, il inspecta les locaux qu’il avait tant détériorés quelques mois auparavant. Les travaux ne laissaient maintenant presque plus rien paraître hormis quelques auréoles ça et là qui avaient échappées aux pinceaux agiles des peintres. Seul le râtelier de la mère Simone qui le suçait toutes les heures était resté dans le bac Riviéra au pied d’une plante tropicale.
Alors que son remplaçant passait un petit air d’accordéon histoire de maintenant faire retomber la pression, il entendit quelqu’un dévaler les escaliers. Aux bruits de l’essoufflement et des pas il lui sembla reconnaître le propriétaire. Il descendit alors qu’il entendit les bruits se rapprocher mais la minuterie qui venait d’en finir avec la vie coupa l’électricité. Tel un somnambule il tâtonna le long des murs pour retrouver l’interrupteur. Visiblement la personne qui arrivait en face c’était vautrée car il y eut un bruit sourd puis plus rien. Françouais farfouilla dans son treillis mais rien à faire il avait oublié son briquouze et fut donc contraint de jouer de ces doigts.
Après plusieurs minutes de ce manège il ne trouvait toujours pas et s’accroupit pour trouver émergeant du sol, les câbles qui le mèneraient au bouton salvateur. Il tomba sur quelque chose de velouté et mou, cela ne ressemblait pas à quelque chose qu’il connaissait. Avec son index il farfouilla sur le pourtour de ce qu’il avait pointé et sentit des petits poils. Il y mit un deuxième doigt mais ne fut pas trop rassuré et sentit une légère protubérance qu’il titilla. La protubérance devint plus dure et paraissait se frotter sur son doigt. Il bougea d’un coup sec son index, se fit mordre puis plus rien, juste des petits bruits de galopade. En ramenant son doigt meurtri à son groin il reconnu en reniflant l’odeur caractéristique du rat, il avait tout bonnement pour la première fois de sa vie branlé un rat dans le noir.


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