Les aventures de Françouais



Chapitre 10 - The J day ... euh ... le jour D


 
 

Françouais dans son antre dégueulasse avait briqué comme au bon vieux temps ses chaussures avec des boulets de charbon. Il en avait gardé trois pour mettre dans son apéro, la journée s’annonçait sévère. Ses lacets étaient tellement pourris qu’il les avait remplacé par du fil de fer ; plus pratique et plus efficace. Debout, la paire de lunette noire avec un verre pété sur le blair, les jambes écartées et les mains sur la ceinture, il fixait l’horizon gris. Sale dimanche pensa-t-il et surtout pour les Saint Saturnois.
Les cloportes commençaient tous à se réveiller et cela gigotait sévère dans les chaumières. Les femmes rallumaient les feux de cheminée pour préparer la soupe dominicale. Plat locale exclusivement composé des restes de soupe du dimanche d’avant et de tous les restes de la semaine. Les colonnes grises de fumée rajoutaient encore plus de nostalgie dans ce paysage bucolique. Non loin de la maison de retraite, dans une baraque hors d’âge, un gros rougeaud comme on les faisait bien jolis dans la cambrousse, en marcel et sans calebutte car il ne supportait pas de dormir les couilles prisonnières dans un kangourou parce que ceci l’oppressait considérablement, marchait en faisant traîner ses charentaises trouées. Il ne s’était même pas rendu compte que le rideau était ouvert et qu’avec la lumière toute la maison de retraite pouvait mater ses coucougnettes qui pendaient jusqu’aux genoux autour d’un riquiqui chibre.
Le rougeaud se curait le nez avec le pouce car les autres doigts n’étaient pas assez gros pour y déloger les morceaux qui roupillaient depuis des lustres dans ses narines. Cela constituait sans aucun doute sa toilette hebdomadaire. Il alla poser sa pêche sur un trône jaunâtre par les coulures et salissures en se saisissant d’un morceau de journal de la même couleur. Fait exceptionnel, après s’être curé le nez il se curait les dents certainement pour y déloger quelques petits bouts de viande vicelards attrapés l’avant-veille. Tranquillement assit, il ouvrit son journal et écarta les guibolles car son bide était trop lourd à porter sur ses genoux. On pouvait le voir grimacer, mais de l’extérieur il était impossible de déterminer s’il poussait ou alors si les nouvelles relatées dans le canard faisaient réagir son cerveau.
Une chose était sûre, c’est que les boulettes qu’il extrayait de son tarin étaient systématiquement collées sur le rebord de la cuvette avec celles de la semaine dernière.
Françouais estima qu’il pouvait commencer à intervenir. Il se signa d’un signe de la croix puis prit son élan pour shooter dans une citrouille miraculée. Il l’explosa et cela était pour lui un excellent présage. Il se saisit du nombre maximal de boutanche contenant des produits inflammables et rebouchées par des torchons puis d’une pelote de ficelle. Le plus dur fut de grimper sur le premier toit car la quantité d’alcool ingérée dans la nuit et au petit matin n’améliorait pas les choses. Il faillit se trasher à plusieurs reprise mais tint bon. Il savait ce que cela voulait dire pour lui si un autochtone le trouvait dans son jardin avec tout les dégâts qu’il avait déjà occasionné : dans le meilleur des cas, le pruneau dans le cul.
Sur chaque cheminée, il accrocha la ficelle qui tenait la boutanche prête à exploser. Les débuts furent périeux mais il prit rapidement de l’assurance et la plupart des cheminées du bled furent rapidement équipées. L’idée était fort simple, le feu en chauffant le conduit de la cheminée finirait par mettre le feu à la ficelle ou au torchon et la boutanche tomberait dans l’âtre.
Le gros rougeaud joua des moustaches et fronça des sourcils lorsqu’il entendit un bruit inhabituel émanant du salon. Il se leva et avança d’un pas, il poussa un hurlement car ses couilles n’avaient pas suivies et restaient coincées dans la cuvette. Malgré l’élasticité de sa peau liée au poids des années, il grimaça de plus belle et de l’extérieur on pouvait se rendre compte pourquoi il se trouvait dans cet état. Quelques vieilles qui ne voulaient rater sous aucun prétexte le lever du roi du lit et le lever du roi du trône jouaient des coudes pour se trouver au meilleures loges et ne louper aucune miette de se superbe spectacle. D’angoisse, elles se mordaient les doigts voire les poings, le rougeaud arriverait-il à se délivrer ? Il fit marche arrière et présenta son joli profil de pourceau de 150 kilos. Les admiratrices furent comblées et certaines tentèrent même de se jeter par la fenêtre. Les coucougnettes se libérèrent et partir frapper violemment l’hypocondre du rougeaud qui se tordit de douleur.
La dulcinée, une charmante retraitée de 100 kilos débarqua à la porte de la pièce pour s’enquérir de l’origine de ces cris et elle vit le mastodonte à quatre pattes, le cul à l’air braillant tel un pachyderme heureux d’avoir réussit à faire du toboggan. Le rougeaud, le marcel constellé d’auréoles et les épaules couvertes de poils noir à souhait était rouge comme une tomate au bord de la déconfiture. Elle ne pu y résister et sauta sur le dos de son mari et s’accrocha des deux mains aux poils des épaules. Le rougeaud gueula de plus belle et essaya de désarçonner sa cavalière en ruant et se cabrant. Les vieilles à croc de ce spectacle complètement inédit se bouffaient les peaux mortes des coudes lorsque quelques unes n’y tenant plus se jetèrent dans le vide.
La dulcinée perdait à chaque ruade quelques bigoudis et en profitait pour talonner le vieux pour l’exciter encore plus. Elle se débarrassa de sa chemise de nuit pour pouvoir continuer son rodéo plus à l’aise. Ses loches volaient en cadence et il était fort agréable de voir ces mouvements idylliques de gras et les vieilles aux fenêtres piaulaient d’excitation. Les infirmières en chef de la maison de retraite virent récupérer leur fond de commerce avec des verges de bois vert. Les vieilles se laissèrent quelques instants fouetter en poussant des petits cris de jouissance. Lorsque les infirmières en chef se rendirent compte du spectacle qui se déroulait à quelques mètres elles appliquèrent des mesures plus radicales pour gagner les premières place : des coups de latte dans la gueule. Certaines vieilles tombèrent au sol et furent piétinées sans aucun ménagement par les infirmières avides de ce spectacle gratuit et inédit.
Le rougeaud se cabrait de plus belle et la dulcinée qui tenait toujours prise dans sa fourrure lui fit une épilation des épaules sans supplément de prix. Avec l’élan elle décolla, alla percuter l’armoire à pharmacie et choir sur le bidet sous une pluie de médicaments périmés.
Le rougeaud tel un animal sauvage que l’on tente d’apprivoiser continua quelques instants ses ruades lorsqu’une odeur de cramé remit son esprit en place. Il se redressa lentement, son pénis dans l’action avait un petit peu durcit et il s’en rendit compte en se regardant dans la glace car depuis belle lurette il ne savait plus à quoi il ressemblait. A un rythme de trois rodéos par jour, je pourrais envisager au bout d’une bonne quinzaine d’années, de troncher à nouveau la petite dame qui lui servait de vide couille depuis un nombre incalculable d’années.
La vieille rouvrit les yeux et recracha quelques médocs et sourit à son bellâtre. N’écoutant que son courage il l’a chopa en levrette et oublia tous ses complexes accumulés depuis des années et la bourra en la faisant tellement crier que les fenêtres et le plancher tremblaient. Les infirmières en chef s’introduirent des poings pour profiter à fond du spectacle.
Une camionnette de flics fonçait dans la campagne pleins phares et toute sirène hurlante. Le maire qui ne voulait pas que son bled soit de nouveau ruiné avait durant la baston, illico appelé les flics pour qu’ils remettent un peu d’ordre dans tout ce bordel. Les premières maisons de Saint Saturnin étaient en vue lorsque la camionnette roula sur une mine déposée par Françouais.
L’explosion acheva de réveiller les derniers traînards qui gigotaient dans leur pucier comme des insectes que l’on aurait mit sur la carapace. Françouais avait maintenant bouclé sa ronde des cheminées et reprit sa place initiale avec la même pause en souriant bêtement.
Au loin des silhouettes enflammées tentaient de s’extraire d’une camionnette qui avait versé dans le fossé, Françouais fit un bras d’honneur dans la direction puis serra le poing pour célébrer sa première victoire. Il s’ouvrit une bonbonne de gnole qui avait été enterrée sous le tas de fumier pendant plusieurs décennies par on ne sait qui et qui avait été trouvée par pure coïncidence. La rasade fut longue mais bonne.
D’autres explosions se firent entendre et quelques chaumières s’embrasèrent. Le maire devant ce spectacle se jeta sur son téléphone pour prévenir le préfet, les kufs, les pompiers et l’armée. Le gros boxon était de retour et il sentait que ce coup ci se serait très violent. Les premières explosions firent sortir les gens de leurs tanières. L’air complètement hébétés ils regardaient dans toutes les directions. Certains étaient nus, d’autres avaient encore de la mousse à raser sur le visage et tous se demandaient ce qu’il pouvait bien se passer.
Sur l’autoroute, les curieux freinèrent pour observer le feu gagner comme par enchantement les maisons. Il y eut un gros ralentissement puis un nouveau carambolage comme cela les gens avaient tout le loisir d’observer ce qui se tramait au village. Les secours ne vinrent pas car tous les efforts étaient concentrés sur Saint Saturnin les Bains.
Françouais se rendit dans les locaux de radio Chibre mou et prit possession du studio d’enregistrement qui avait été déserté.
Il s’approcha du micro, s’en saisit et commença comme au bon vieux temps à déblatérer. Les connards avaient pour la plupart leur poste radio aux oreilles pour se tenir informer du nouveau phénomène qui embrasait les maisons.
- Salut bande de connards, je suis Françouais et suis de retour.
- C’est Françouais qui est à la radio crièrent les gens.
- Je m’autorise exceptionnellement à intervenir sur notre radio, la radio chibre mou de laquelle j’ai été renvoyé car il se passe des phénomènes inexpliqués.
Les gens se regardaient les yeux écarquillés prêts à entendre n’importe quoi.
- Evacuer vos maisons, évacuez vos maisons, car pour une raison inexpliquée elles s’enflamment. Ne cherchez pas à sauver quoique ce soit, cherchez plutôt à sauver vos vies.
Le maire se mit au garde à vous pour écouter les propos de Françouais et se dit qu’il était le sauveur du moment, qu’à ses risques et périls, il était arrivé jusqu’au micro de la station pour avertir les élus. Cet homme méritait donc une récompense.
Françouais entendit les clameurs à l’extérieur, sans aucun doute il était salué par la population qui le remerciait de son aide salutaire. Les gens criaient bêtement et applaudissaient à chaque fois que Françouais jaquetait. Ca y était, il était reconnu à sa juste valeur, ses potes l’admireraient de nouveau et les femmes se disputeraient la moindre goûte de son sperme.
- Ne restez pas trop prêt de vos maisons, les secours vont arriver ne vous inquiétez surtout pas. Vérifiez bien que vos proches et vos animaux soient tous sortis.
Belle maman en entendant la voix de son ex chérubin, tarta Fiston.
- Espèce d’imbécile, si j’apprends qu’il s’agit d’une de tes nouvelles bêtises, tu finiras tes jours dans la porcherie avant de te retrouver en saucissonaille dans un étalage. Ecoutes un petit peu ton paternel qui au péril de sa vie est retourné à la radio pour nous avertir, c’est notre sauveur.
Fiston avec l’élan de la tatane valdingua dans des poubelles et se consola en pleurnichant en mangeant des épluchures de pomme de terre et des arrêtes de poisson.
Belle maman, aussi au garde à vous entonna un chant religieux. Les gens la voyant ainsi entonnèrent à leur tour le chant et se mirent au garde à vous. Une fois le chant terminé se fut au tour de la Marseillaise. Les gens pleuraient d’émotion et Françouais chantait aussi devant son micro.
Le maire vérifia discrètement que personne ne pouvait le voir et lorsqu’il en eut la confirmation, descendit son falzar pour se branler. C’était trop d’émotion pour lui que d’entendre ses concitoyens chanter devant les éléments déchaînés.
- Les premiers camions arrivent, il n’y en a plus que pour quelques instants, tenez bon. Vous vous mettrez immédiatement à disposition pour donner un coup de main aux hommes du feu. Je répète les camions arrivent, les Saint Saturnois parlent aux Saint Saturnois.
A ces mots, certaines personnes âgées tombèrent dans les pommes d’émotion mais furent relevés par les plus jeunes.
- Ne vous en faites pas, nous nous entraiderons pour tout reconstruire et je propose que les valides préparent dès que les feux seront circonscrits, un buffet campagnard avec quelques tonneaux de vin.
- Hourra hurlèrent les gens ivres de bonheur.
Françouais avait sur ce coup bien joué, la partie était bien engagée pour se terminer par une murge globale qui remettrait les pendules à l’heure.

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