Les aventures de Françouais



Chapitre 16 - Les retrouvailles


 
 

Françouais sortit du bled bien beurré. Il passa devant un champ ou paissaient paisiblement un troupeau de vaches Normandes. Il trouva péniblement un passage pour retrouver les gentilles bébêtes. Il ouvrit sa braguette, sortit son chibre et pénétra sans ménagement le premier mammifère qui continuait paisiblement à paître. Pour augmenter son excitation, Françouais, la queue de l’animal entre les dents la mordillait pendant que les mouches voletaient autour de lui. Il était libre de faire ce qu’il voulait, loin de Fiston, loin de belle maman et de tous ces abrutis qui peuplaient la station de montagne. Il balança la purée et s’écroula de bonheur dans une bouse fraîchement moulée ou jouaient à cache tampon quelques moucherons. Lorsqu’il retrouva ses esprit, il avait de nouveau la gaule et décida donc de se faire une autre vache. En se relevant il eut l’agréable surprise de voir toutes les autres vaches alignées à quelques mètres de lui. Il n’hésita pas une seule seconde, se précipita pour se remettre à l’ouvrage. Après quelques heures d’intenses bourrages, un paysan le fusil à la main semblait se démener dans les fourrages. Il traversa un champ en cours de labourage en gueulant des insanités.
- Espèce d’enfoiré, pervers vas t’y laisser mes bêtes tranquilles.
Françouais ne fit pas cas de ces individu s’approchant en fulminant.
– Je te cause dégueulasse, vas t’y arrêter de tourner autour de mes bêtes.
Comme le deuxième avertissement ne semblait toujours pas respecté, il tira deux coups de feu en l’air histoire de ne pas blesser de vache. Françouais sentit que l’ambiance dégénérait et prit à la vitesse de l’escargot ses jambes à son cou. Mais le pécore étant aussi bourré que lui, il ne put jamais le rattraper. En passant au niveau de ses bêtes il posa son flingue qui cracha un nouveau pruneau, le bestiau était fort sensible. Il dégrafa son falsard et se dirigea vers le premier arrière train présenté.
- Ma pauvre bête, il a été méchant avec toi dit-il en fouraillant l’animal qui mastiquait langoureusement son picotin d’avoine.
Françouais continua sa marche forcée ce qui lui fit un peu dessaouler. Il se vengea verbalement ensuite sur quelques corbeaux qu’une indicible haine poussait à violenter. En longeant la départementale, il entendit quelques bruits de pets. D’instinct il s’arrêta pour emmerder l’auteur. Caché derrière un fourré il observait la scène, un type d’un quintal et demi posait sa pêche. Son cul monstrueusement poilu vibrait à la cadence des pets. Françouais balança quelques cailloux et se cassa. Le type tenta de le poursuivre le ben aux chevilles mais s’étala de tout son long dans un champ de betteraves. De la route l’on ne voyait que son cul.
Françouais se faisait des nœuds dans les cheveux et les neurones pour tenter de se remémorer la situation géographique de Saint saturnin les Bains. ‘Tain comment allait-il expliquer aux routiers qui daigneraient le prendre ou il fallait le déposer.
Quelques camions passèrent mais Françouais n’osa pas tendre le pouce car il avait trop peur d’avoir l’air con.
Finalement un camion colossal pila à son niveau et Françouais reconnut à la fenêtre une trombine qui ne lui était pas inconnue.
- Bien le bonjour Françouais.
Merde qui était ce connard qui le connaissait, il l’avait vu quelque part mais où ? Le type qui voyait le trouble de Françouais prit l’initiative de se présenter.
- Je vois que tu ne me reconnais pas, je suis Patrick Ducond, ton copain homo de l’armée.
– Oh nom de dieu, je ne t’avais pas reconnu. C’est peut être parce que je me biture un peu trop ces derniers temps.
– Tu vas ou ?
– J’men retourne dans mes pénates, ils m’ont forcé à aller dans les montagnes mais je ne suis pas un gars de la montagne je suis plutôt un gars de la bouse.
– Ben monte, je dois passer non loin de Saint Saturnin les Bains, cela te rapprochera toujours.
Françouais s’exécuta, se cassa la gueule trois fois avant d’arriver à se hisser dans la cabine du camion mais persista. Alors qu’il c’était installé, il tenta de fermer la portière mais se pencha tant qu’il s’éclata de nouveau sur le bitume. Ducond était mort de rire mais pas Françouais qui sortit un litron pour se rafraîchir le gosier et se donner du courage. Finalement il parvint à se hisser là haut et à s’installer sans nouveaux dommages. Une fois la porte fermée il cracha une dent et le routier fit craquer son embrayage pour démarrer.
– Alors comment va depuis toutes ses années ? demanda Ducond.
– La vie est belle, je ne bosse pas, je me bourre la gueule tous les jours et je vais aux putes quand je veux.
– Ah t’as pas changé, t’es toujours le même sacré lascar que j’ai connu.
– Et toi, qu’est-ce que tu fous dans ce camion ?
- Tu sais je n’ai jamais su être très honnête, je trafique dans la viande de porc et dans l’alcool frelaté.
– Sans blague ?
– Ouaip je te jure, quand on s’arrêtera pour dégorger le poireau je te montrerais la cargaison d’alcool, il y en a pour un régiment.
– Super, mais pourquoi tu trafiques dans le porc.
– En fait j’ai un pote magrébin qui élève les bestioles dans son pays, il est peinard personne vient lui chouraver de pourceau c’est contraire à leur religion. Donc il n’a rien à craindre des trafics. Moi je lui achète au prix local, je ne me fais même pas rançonner par les douaniers et je passe par La Roche Migraine pour faire faire des petits papiers à ces petits quartiers de bidoche. Puis après je revend le tout à prix d’or. Les connards pensent acheter de la super qualité alors qu’en fait rien n’est conforme et puis moi j’empoche les bénef.
– Et l’alcool ?
– Ben j’ai un autre pote qui fait de l’alcool de bois et d’herbe, ça coûte pas cher et il les parfume avec n’importe quoi.
– Il fait du faux picrate aussi ?
- Non il ne touche pas au picrate, sa religion le lui interdit. T’inquiète, je te ferais goûter mais faut pas trop abuser car cela peu rendre aveugle.
– Peuh, c’est valable pour les pieds tendres qui ne supportent pas l’alcool, tu sais dans ma chienne de vie j’ai ingéré des tonnes de divers produits, j’ai même picolé du diesel alors c’est pas tes produits du terroir qui vont me faire quoique ce soit.
– Ah tu verras c’est pas dégueu.
- Sans problème répondit Françouais à l’idée alléché.
– Dans la CB ils n’arrêtent pas de parler d’un gus qui aurait foutu le bordel dans la montagne, tu n’as rien vu ?
– Non, je me suis juste cassé parce qu’ils me faisaient faire de la luge et m’empêchaient de picoler avant midi. Tu te rend compte, on a l’impression d’être chez les sauvages. J’ai jamais vu cela.
– Ben justement ils parlent d’un champion de la luge qui aurait foutu le bordel et qui est activement recherché pour être inscrit de force dans l’équipe sportive de la vallée.
– Tu me connais, je n’ai jamais été fort en sport, ça me fait profondément chier alors je ne suis pas ton homme esquiva Françouais qui savait que s’il avouait, Ducond se ferait un grand plaisir de le livrer aux autorités moyennant une petite prime de bon citoyen.
- C’est vrai, je ne vois pas comment tu pourrait être champion de quoique ce soit, à part peut être de la picole ?
– Oh te moques pas, t’es pas mal non plus dans ton genre.
Il continuèrent leur périple et se firent après quelques kilomètres arrêtés par les flics.
– Monsieur vos papiers s’il vous plaît.
Ducond s’exécuta, pour les papiers il était en règle. En voyant la dégaine de Françouais, le motard ne daigna mêle pas le contrôler.
– Vous n’auriez pas croisé un athlète par hasard ?
– Euh un athlète, qu’est-ce que vous voulez dire par cela ?
– Un type brillant et baraqué qui aurait pulvérisé tous les records de vitesse sur luge.
– Ben j’ai bien mon amis qui est un fin amateur de luge mais je ne pense pas qu’il réponde à vos critères.
Le flic haussa les épaules et laissa partir le bahut.
– ‘Tain quelle popularité, moi à la place de ce type j’irais à la télé pour passer au journal de vingt heures et être considéré comme un héros national.
– C’est sûr il doit y avoir du fric à se faire.
– Ben tu vois, il lui suffirait de faire le pantin pendant trois ou quatre saisons, de ramasser un max de fric en se faisant connaître partout et puis après il prend sa retraite.
Françouais resta songeur, il réfléchissait sur l’opportunité de se faire un max de tunes mais en se faisant chier. Cela le contraria et ses réflexions bouclaient. Avec le ronron du moteur et la conversation sans fin de Ducond, ses paupières se firent lourdes et il glissa au pays des songes.
- ‘Tain mais réveilles-toi cela fait deux heures que tu pionces.
– Meuh
– aller courage, merde c’est l’heure de l’apéro ouvre un œil bordel.
Françouais à ces mots ouvrit immédiatement les deux yeux, il était frai comme un gardon et en forme olympique pour l’apéro.
– On est encore loin ? demanda t-il en s’étirant et en manquant de se casser la gueule du camion.
– On va rouler toute la nuit et se sera bon, t’en fais pas pour les haltes obligatoires, je trafique mes disques donc no problemo. Bon qu’est-ce que je te sers ?
Ducond ouvrit la porte du camion et Françouais fut subjugué par ce fabuleux spectacle, des boutanches du sol au plafond et de toutes les couleurs.
– Pastagua, cinq volumes pour un volume d’eau.
– Ca tombe bien car je n’avais pas embarqué trop d’eau.
Ils s’installèrent à une table de pique nique chacun avec sa boutanche. Ducond se grattait les couilles en admirant son camion.
– En fait c’est toi Françouais qui a raison, tel un parasite tu vies au crochet de la société, tu n’a jamais rien branlé de ta vie et tu te fous de tout.
– Mais non c’est toi qui a raison, tu ramasse du pognon et tu vies comme un nabab.
– Bah, je gagne de la tune mais je dépense tout, tu sais l’argent appelle l’argent. Avant je me faisais des putes de chantier de banlieue, encore bien chaude par le passage du gus d’avant. Cela me coûtait dix euros, maintenant je me tape des poules de luxe qui me vouvoient mais qui me coûtent cent fois plus cher, en plus elles sont propres les pouffiasses.
– Pouah, moi je suis revenu ces derniers jours à mes premiers amours, les vaches.
– ah ah ah ah ! s’esclaffa dans un gros rire gras Ducon qui sortit son chibre pour pisser.
Il balancèrent leur boutanche vide sur un clebs qui venait flairer le camion gorgé de porc d’un peu prêt. Ducond sortit deux boutanches de ‘gnac pour accompagner les sandwichs. Il s’agissait de sandwichs au porc bien évidemment. Françouais se délecta avec la tripaille cela lui rappelait les manœuvres à l’armée lorsqu’il allait avec Ducond, le couteau entre les lèvres pour choper des porcs dans les cours de fermes pour les occire et se faire du blé ensuite en revendant des sandwichs aux camarades.
Ils burent leur café la main dans la main comme au bon vieux temps en regardant le soleil se coucher. Ils allèrent pisser un coup en se tenant mutuellement la bite et reprirent leur route. Ducond laissa toutes les immondices traîner et balança même quelques coups de pompe dans les boutanches vides. Ils se prirent chacun une nouvelle boutanche de ‘gnac pour la route et partirent à la nuit tombante.

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