|
Françouais sortit du bled bien
beurré. Il passa devant un champ ou paissaient paisiblement
un troupeau de vaches Normandes. Il trouva péniblement un
passage pour retrouver les gentilles bébêtes. Il ouvrit
sa braguette, sortit son chibre et pénétra sans ménagement
le premier mammifère qui continuait paisiblement à
paître. Pour augmenter son excitation, Françouais,
la queue de l’animal entre les dents la mordillait pendant
que les mouches voletaient autour de lui. Il était libre
de faire ce qu’il voulait, loin de Fiston, loin de belle maman
et de tous ces abrutis qui peuplaient la station de montagne. Il
balança la purée et s’écroula de bonheur
dans une bouse fraîchement moulée ou jouaient à
cache tampon quelques moucherons. Lorsqu’il retrouva ses esprit,
il avait de nouveau la gaule et décida donc de se faire une
autre vache. En se relevant il eut l’agréable surprise
de voir toutes les autres vaches alignées à quelques
mètres de lui. Il n’hésita pas une seule seconde,
se précipita pour se remettre à l’ouvrage. Après
quelques heures d’intenses bourrages, un paysan le fusil à
la main semblait se démener dans les fourrages. Il traversa
un champ en cours de labourage en gueulant des insanités.
- Espèce d’enfoiré, pervers vas t’y laisser
mes bêtes tranquilles.
Françouais ne fit pas cas de ces individu s’approchant
en fulminant.
– Je te cause dégueulasse, vas t’y arrêter
de tourner autour de mes bêtes.
Comme le deuxième avertissement ne semblait toujours pas
respecté, il tira deux coups de feu en l’air histoire
de ne pas blesser de vache. Françouais sentit que l’ambiance
dégénérait et prit à la vitesse de l’escargot
ses jambes à son cou. Mais le pécore étant
aussi bourré que lui, il ne put jamais le rattraper. En passant
au niveau de ses bêtes il posa son flingue qui cracha un nouveau
pruneau, le bestiau était fort sensible. Il dégrafa
son falsard et se dirigea vers le premier arrière train présenté.
- Ma pauvre bête, il a été méchant avec
toi dit-il en fouraillant l’animal qui mastiquait langoureusement
son picotin d’avoine.
Françouais
continua sa marche forcée ce qui lui fit un peu dessaouler.
Il se vengea verbalement ensuite sur quelques corbeaux qu’une
indicible haine poussait à violenter. En longeant la départementale,
il entendit quelques bruits de pets. D’instinct il s’arrêta
pour emmerder l’auteur. Caché derrière un fourré
il observait la scène, un type d’un quintal et demi
posait sa pêche. Son cul monstrueusement poilu vibrait à
la cadence des pets. Françouais balança quelques cailloux
et se cassa. Le type tenta de le poursuivre le ben aux chevilles
mais s’étala de tout son long dans un champ de betteraves.
De la route l’on ne voyait que son cul.
Françouais
se faisait des nœuds dans les cheveux et les neurones pour
tenter de se remémorer la situation géographique de
Saint saturnin les Bains. ‘Tain comment allait-il expliquer
aux routiers qui daigneraient le prendre ou il fallait le déposer.
Quelques camions
passèrent mais Françouais n’osa pas tendre le
pouce car il avait trop peur d’avoir l’air con.
Finalement un camion
colossal pila à son niveau et Françouais reconnut
à la fenêtre une trombine qui ne lui était pas
inconnue.
- Bien le bonjour Françouais.
Merde qui était
ce connard qui le connaissait, il l’avait vu quelque part
mais où ? Le type qui voyait le trouble de Françouais
prit l’initiative de se présenter.
- Je vois que tu ne me reconnais pas, je suis Patrick Ducond, ton
copain homo de l’armée.
– Oh nom de dieu, je ne t’avais pas reconnu. C’est
peut être parce que je me biture un peu trop ces derniers
temps.
– Tu vas ou ?
– J’men retourne dans mes pénates, ils m’ont
forcé à aller dans les montagnes mais je ne suis pas
un gars de la montagne je suis plutôt un gars de la bouse.
– Ben monte, je dois passer non loin de Saint Saturnin les
Bains, cela te rapprochera toujours.
Françouais
s’exécuta, se cassa la gueule trois fois avant d’arriver
à se hisser dans la cabine du camion mais persista. Alors
qu’il c’était installé, il tenta de fermer
la portière mais se pencha tant qu’il s’éclata
de nouveau sur le bitume. Ducond était mort de rire mais
pas Françouais qui sortit un litron pour se rafraîchir
le gosier et se donner du courage. Finalement il parvint à
se hisser là haut et à s’installer sans nouveaux
dommages. Une fois la porte fermée il cracha une dent et
le routier fit craquer son embrayage pour démarrer.
– Alors comment va depuis toutes ses années ? demanda
Ducond.
– La vie est belle, je ne bosse pas, je me bourre la gueule
tous les jours et je vais aux putes quand je veux.
– Ah t’as pas changé, t’es toujours le
même sacré lascar que j’ai connu.
– Et toi, qu’est-ce que tu fous dans ce camion ?
- Tu sais je n’ai jamais su être très honnête,
je trafique dans la viande de porc et dans l’alcool frelaté.
– Sans blague ?
– Ouaip je te jure, quand on s’arrêtera pour dégorger
le poireau je te montrerais la cargaison d’alcool, il y en
a pour un régiment.
– Super, mais pourquoi tu trafiques dans le porc.
– En fait j’ai un pote magrébin qui élève
les bestioles dans son pays, il est peinard personne vient lui chouraver
de pourceau c’est contraire à leur religion. Donc il
n’a rien à craindre des trafics. Moi je lui achète
au prix local, je ne me fais même pas rançonner par
les douaniers et je passe par La Roche Migraine pour faire faire
des petits papiers à ces petits quartiers de bidoche. Puis
après je revend le tout à prix d’or. Les connards
pensent acheter de la super qualité alors qu’en fait
rien n’est conforme et puis moi j’empoche les bénef.
– Et l’alcool ?
– Ben j’ai un autre pote qui fait de l’alcool
de bois et d’herbe, ça coûte pas cher et il les
parfume avec n’importe quoi.
– Il fait du faux picrate aussi ?
- Non il ne touche pas au picrate, sa religion le lui interdit.
T’inquiète, je te ferais goûter mais faut pas
trop abuser car cela peu rendre aveugle.
– Peuh, c’est valable pour les pieds tendres qui ne
supportent pas l’alcool, tu sais dans ma chienne de vie j’ai
ingéré des tonnes de divers produits, j’ai même
picolé du diesel alors c’est pas tes produits du terroir
qui vont me faire quoique ce soit.
– Ah tu verras c’est pas dégueu.
- Sans problème répondit Françouais à
l’idée alléché.
– Dans la CB ils n’arrêtent pas de parler d’un
gus qui aurait foutu le bordel dans la montagne, tu n’as rien
vu ?
– Non, je me suis juste cassé parce qu’ils me
faisaient faire de la luge et m’empêchaient de picoler
avant midi. Tu te rend compte, on a l’impression d’être
chez les sauvages. J’ai jamais vu cela.
– Ben justement ils parlent d’un champion de la luge
qui aurait foutu le bordel et qui est activement recherché
pour être inscrit de force dans l’équipe sportive
de la vallée.
– Tu me connais, je n’ai jamais été fort
en sport, ça me fait profondément chier alors je ne
suis pas ton homme esquiva Françouais qui savait que s’il
avouait, Ducond se ferait un grand plaisir de le livrer aux autorités
moyennant une petite prime de bon citoyen.
- C’est vrai, je ne vois pas comment tu pourrait être
champion de quoique ce soit, à part peut être de la
picole ?
– Oh te moques pas, t’es pas mal non plus dans ton genre.
Il continuèrent leur périple et se firent après
quelques kilomètres arrêtés par les flics.
– Monsieur vos papiers s’il vous plaît.
Ducond s’exécuta, pour les papiers il était
en règle. En voyant la dégaine de Françouais,
le motard ne daigna mêle pas le contrôler.
– Vous n’auriez pas croisé un athlète
par hasard ?
– Euh un athlète, qu’est-ce que vous voulez dire
par cela ?
– Un type brillant et baraqué qui aurait pulvérisé
tous les records de vitesse sur luge.
– Ben j’ai bien mon amis qui est un fin amateur de luge
mais je ne pense pas qu’il réponde à vos critères.
Le flic haussa les épaules et laissa partir le bahut.
– ‘Tain quelle popularité, moi à la place
de ce type j’irais à la télé pour passer
au journal de vingt heures et être considéré
comme un héros national.
– C’est sûr il doit y avoir du fric à se
faire.
– Ben tu vois, il lui suffirait de faire le pantin pendant
trois ou quatre saisons, de ramasser un max de fric en se faisant
connaître partout et puis après il prend sa retraite.
Françouais
resta songeur, il réfléchissait sur l’opportunité
de se faire un max de tunes mais en se faisant chier. Cela le contraria
et ses réflexions bouclaient. Avec le ronron du moteur et
la conversation sans fin de Ducond, ses paupières se firent
lourdes et il glissa au pays des songes.
- ‘Tain mais réveilles-toi cela fait deux heures que
tu pionces.
– Meuh
– aller courage, merde c’est l’heure de l’apéro
ouvre un œil bordel.
Françouais
à ces mots ouvrit immédiatement les deux yeux, il
était frai comme un gardon et en forme olympique pour l’apéro.
– On est encore loin ? demanda t-il en s’étirant
et en manquant de se casser la gueule du camion.
– On va rouler toute la nuit et se sera bon, t’en fais
pas pour les haltes obligatoires, je trafique mes disques donc no
problemo. Bon qu’est-ce que je te sers ?
Ducond ouvrit la
porte du camion et Françouais fut subjugué par ce
fabuleux spectacle, des boutanches du sol au plafond et de toutes
les couleurs.
– Pastagua, cinq volumes pour un volume d’eau.
– Ca tombe bien car je n’avais pas embarqué trop
d’eau.
Ils s’installèrent
à une table de pique nique chacun avec sa boutanche. Ducond
se grattait les couilles en admirant son camion.
– En fait c’est toi Françouais qui a raison,
tel un parasite tu vies au crochet de la société,
tu n’a jamais rien branlé de ta vie et tu te fous de
tout.
– Mais non c’est toi qui a raison, tu ramasse du pognon
et tu vies comme un nabab.
– Bah, je gagne de la tune mais je dépense tout, tu
sais l’argent appelle l’argent. Avant je me faisais
des putes de chantier de banlieue, encore bien chaude par le passage
du gus d’avant. Cela me coûtait dix euros, maintenant
je me tape des poules de luxe qui me vouvoient mais qui me coûtent
cent fois plus cher, en plus elles sont propres les pouffiasses.
– Pouah, moi je suis revenu ces derniers jours à mes
premiers amours, les vaches.
– ah ah ah ah ! s’esclaffa dans un gros rire gras Ducon
qui sortit son chibre pour pisser.
Il balancèrent
leur boutanche vide sur un clebs qui venait flairer le camion gorgé
de porc d’un peu prêt. Ducond sortit deux boutanches
de ‘gnac pour accompagner les sandwichs. Il s’agissait
de sandwichs au porc bien évidemment. Françouais se
délecta avec la tripaille cela lui rappelait les manœuvres
à l’armée lorsqu’il allait avec Ducond,
le couteau entre les lèvres pour choper des porcs dans les
cours de fermes pour les occire et se faire du blé ensuite
en revendant des sandwichs aux camarades.
Ils burent leur
café la main dans la main comme au bon vieux temps en regardant
le soleil se coucher. Ils allèrent pisser un coup en se tenant
mutuellement la bite et reprirent leur route. Ducond laissa toutes
les immondices traîner et balança même quelques
coups de pompe dans les boutanches vides. Ils se prirent chacun
une nouvelle boutanche de ‘gnac pour la route et partirent
à la nuit tombante.
Episode suivant
|
|