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Le jour se levait à peine et
l’on entendait le bruit caractéristique de la neige
fraîchement tombé sous le pas des hommes. Ils arrivaient,
malgré les doses d’alcool ingérées la
veille au soir, ils avaient été fidèles à
la demande de belle maman. Certains titubaient encore un petit peu
et tous n’avaient pas réussit à évacuer
le trop plein accumulé lors de la sauterie. Ils se prirent
un petit déjeuner à base de tripaille de porc histoire
de prendre des forces. Exceptionnellement on leur servit de l’alcool
car il fallait absolument éviter qu’ils s’énervent
et qu’ils détruisent l’hôtel. Le patron
leur fila les clés de la chambre de Françouais et
ils grimpèrent. Ils arrivèrent dans la chambre ou
flottait une odeur de contenu de boyaux fraîchement vidés.
Ils récupérèrent Françouais par les
pieds et le traînèrent sur la moquette. Fiston qui
ouvrit un œil à cause du raffut s’aperçut
que le frottement des poils de poitrine de Françouais sur
la moquette provoquait des étincelles. Fiston à cette
vision rit beaucoup et pissa sur lui.
Françouais
en calebutte auréolé et chaussette trouées
se réveillait avec grand peine. Il était persuadé
de se faire embarquer par les kufs à cause d’une vieille
conneries oubliée.
- Oh qu’il est beau le champion hurlèrent les autochtones
gorgés de tripaille de porc et de gros rouge.
Françouais
avait franchement l’air d’une loque, ils lui enfilèrent
de force un passe montagne et lui coincèrent une paire de
lunettes. Pour éviter qu’il ne se tire, ils l’installèrent
sur la luge portée par deux lascars aux épaules d’acier
qui auraient fait peur à un taureau en rut.
Les espérances de belle maman furent comblées, un
bûcheron resta dans son pucier. Il voulu l’entreprendre
par un cunnilingus mais lorsqu’il pointa son blair au niveau
de sa chatte, il fut prit de hauts de chœur. Belle maman toujours
prête à rendre un service, lui saisit les deux oreilles
pour qu’il la broute comme il se devait. Le brave garçon
ne tint pas longtemps à ce rythme et gerba le picrate et
la tripaille fraîchement ingéré. Il sauta du
lit et s’enfuit sans demander son reste. Belle maman fort
déçue trouva du réconfort avec son fiston qui
la nettoya gentiment avec une cuillère à café.
Le convoi partit
dans la bonne humeur à l’assaut des cimes. Françouais
qui ne pigeait toujours pas ce qui lui arrivait grelottait et remontait
ses chaussettes pour lutter contre le froid. Une superbe journée
s’annonçait, des touristes ayant été
mystérieusement prévenus débarquaient pour
assister à la descente du siècle.
Toutes les chansons
paillardes de la veille y repassèrent. Ils partirent dans
la première cabine du téléférique à
l’assaut de la montagne. Quelques trop longues minutes d’attente
après, ils se retrouvèrent au plus haut point que
pouvaient les emmener les remontées mécaniques de
la station. L’ascension continua à pied, Françouais
se gelait les couilles et ses poils débiles du fait de la
chair de poule se dressaient sur son corps. Par pitié on
lui passa une boutanche d’un alcool local infernal. Françouais
se délecta et surtout retrouva ses esprits, il savait que
ceci ne le réchaufferait que momentanément mais que
c’était toujours bon à prendre.
Ils arrivèrent au sommet de la montagne mais les rayons du
soleils ne parvenaient toujours pas à réchauffer Françouais
qui trouva la force d’ouvrir la gueule.
- J’ai froid.
– Oh ! putaingue, il est tout violet, il va crever notre champion,
vite il faut le couvrir.
Une âme charitable lui passa une doudoune. Il avait les quilles
toujours à l’air mais cela allait mieux maintenant
et on lui repassa une nouvelle boutanche de l’élixir
des montagnes.
Un gus s’escrimait
avec son talkie walkie, visiblement tout le gratin de la station
et de la vallée attendait le long des pistes la nouvelle
descente.
Belle maman maintenant
nettoyée s’installa en bas des pistes avec une marmite
de vin chaud.
Lorsque le top départ
fut donné, la foule massée dans la descente retenait
son souffle, tous les regards convergeaient vers un petit point
qui se situait à la cime de la plus haute montagne. Au niveau
de la cime, Françouais se faisait attacher à sa luge
car il avait à plusieurs reprises tenté de prendre
la tangente.
Un gros balaise
l’installa face à la pente et entama dans son talkie
walkie un compte à rebours :
- dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, partez
!
Françouais
était lâché, les yeux étaient rivés
sur lui et il eut même le droit à quelques encouragements
:
- Vas-y champion, fait tomber le record et fais nous une descente
digne de ce nom.
Putain, il prenait
de la vitesse et rapidement en plus car la pente était très
forte. Son calebutte prenait le vent ce qui lui donnait une fière
allure avec sa doudoune. Pour le moment il se devait d’éviter
le moindre rocher car ces tarés de supporters remonteraient
Françouais pour le balancer une nouvelle fois. Le pic de
la montagne était passé, il y avait maintenant moins
de rochers et pas encore d’arbres. Françouais avait
donc un peu de marge. Il se pencha sur le côté pour
essayer de dévier sa trajectoire et surtout d’éviter
de prendre trop de vitesse. Comme la veille, il se matraqua de nouveau
les couilles mais bizarrement la zone était devenue maintenant
presque insensible , peut-être à cause du froid ?
Françouais
faillit se découper dans une roue terminale de tire fesses
et ne trouva son salut que grâce à une bosse dans les
derniers centimètres. Comme il y commençait à
y avoir du peuple qui le reluquait, il chercha en vain les deux
bougresses qu’il avait chauffé la veille. Des mômes
lui balancèrent des cailloux et des bâtons de ski mais
grâce à la vitesse il était extrêmement
difficile de faire mouche.
- Enfoirés de mômes, je reviendrais vous foutre des
tartes dans la gueule et plus si affinité gueula Françouais.
- Rien à foutre, pauvre naze tu vas te détruire dans
quelques secondes.
Ces mômes
avaient raison, ‘tain quelle vitesse hallucinante. Françouais
allait si vite que la neige verglacée faisait un bruit de
ferraille au contact des ses patins. Il était déjà
partit depuis quelques minutes mais ne voyait pas encore le bas
des pistes, mais pourquoi l’avaient-ils monté aussi
haut ?
Ce coup-ci, Françouais
n’eut même pas le temps de revoir sa vie circuler devant
ses yeux tellement il avait la trouille. Il se rapprochait dangereusement
d’une cabane de trappeurs en plein dans sa ligne de mire.
Il ne réussit à l’éviter et passa par
la porte qui était ouverte. Comme sa vitesse était
trop importante il passa à travers la cloison en embarquant
des caisses de barda en tout genre.
- Chouette des pétards ! hurlèrent de joie des gamins
en voyant les caisses et les bâtons de dynamite glisser sur
la neige.
Certains s’empressèrent
d’en allumer quelques uns pour le fun ce qui déclencha
une grosse coulée de neige et autres saloperies laissées
le long des pistes par les touristes. Devant ce spectacle Françouais
adapta la position la plus aérodynamique possible pour éviter
de se faire aspirer, attaché ses chances seraient nulles
dans une avalanche et on lui mettrait encore ceci sur le dos.
Il dévala
un mur ce qui eut pour effet d’augmenter sa vitesse et le
décollage sur la première bosse au pied du mur fut
immédiat. Il partit en hauteur et rebondit sur un câble
de télécabine. Ceci eut pour effet de produire un
bruit de ressort rigolo qui aurait pu faire marrer les spectateurs
s’il n’y avait pas eu la coulée immédiatement
après.
Françouais
retomba dans les branches enneigées d’un sapin. Sa
chute fut amortie et il retomba sur le sol avec une vitesse quasi
nulle. Il put donc reprendre son chemin sans craindre de s’écraser
gratuitement. Il passa la zone des sapins allègrement, la
coulée avait été stoppée, c’était
donc la joie. Il l’avait oubliée mais cette satanée
piste de slalom qui avait failli lui être fatale la veille,
se rappelait à son bon souvenir. Il prit de nouveau de la
vitesse sous des salves d’applaudissement. Certains téméraires
essayaient en surf ou en ski de le suivre mais ne pouvaient tenir
ce rythme infernal et s’éclataient systématiquement
au bout de quelques instants dans un pilonne, un chalet ou une dameuse.
Toute la presse locale était présente et mitraillait
en commentant ce nouvel exploit. Françouais savait que cette
aventure finirait mal, il allait trop vite, ne savait pas s’arrêter
et la piste se terminait par un immeuble majestueux. Les commentateurs
fous furieux teasaient la foule qui devenait maintenant menaçante.
Les gens se plaçaient dans le chemin du bolide pour essayer
façon matador d’embrocher Françouais avec un
bâton de ski. Il en dégomma une dizaine qui restèrent
inerte sur la neige maculée de sang.
- Faites attention hurla quelqu’un dans un porte voix, vous
arrivez en bas de la piste et vous allez vous écraser.
Un balourd de la
station eut la bonne idée de vider un sac de sable dans la
trajectoire de Françouais. Il arriva comme un fou et la luge
décolla une nouvelle fois. Il fut projeté contre l’immeuble
et par chance passa à travers une fenêtre. Des cris
fusaient de toute parts dans la station, c’était la
panique tout le monde courait dans tous les sens.
Françouais
était retombé dans une chambre et avait explosé
la luge. De rage il balança les morceaux par la fenêtre.
Quelque chose le dérangea juste avant qu’il ne pique
sa crise d’insultes et gestes obscènes. En effet il
sentit une présence dans la pièce. En faisant visuellement
le tour il se rendit compte que le lit était occupé
et qu’il s’agissait de ses deux grandes copines de la
veille. L’une sur l’autre elles poussaient des petits
cris et ne semblaient même pas avoir entendu l’arrivée
magistrale. Françouais tira d’un coup sec sur les couvrantes,
les fifilles furent découvertes et dérangées.
- Alors les pupuces on passe du bon temps au lieu de regarder le
champion faire sa petite descente ?
- Espèce de connard dégage et fous nous la paix.
Françouais
arracha les deux petites culottes, jeta la première avec
serviette par la fenêtre. Il chopa la ficelle du tampax de
la seconde et tira dessus. Ceci produisit un bruit de bouchon que
l’on ôte et il balança le tout par la fenêtre.
– Notre héros se vide de son sang, hurlèrent
les gens au pied de l’immeuble en voyant des trucs ensanglantés
tomber dans la neige.
– Ah ! on va moins rigoler maintenant gueula t-il en jetant
sa doudoune et tendant un chibre emprisonné dans un calebutte
suspect.
– Ah ! au secours crièrent les pucelles effarouchées.
Françouais
descendit son calebutte pour laisser apparaître un chibre
qui avait beaucoup lutté et qui présentait une jolie
stalactite de glace. Malgré les effets du froid il bandait
comme un taureau et il chopa la première par les jambes et
la dépucela illico. Elle fut prise de frissons à cause
de la température plus que fraîche et Françouais
qui n’avait pas envie d’envoyer la purée lima
jusqu’à ce qu’elle pousse des petits cris. Ensuite
il attrapa l’autre qui était prostrée dans un
coin et lui réserva le même sévice. Une fois
la tâche accomplie il se dirigea vers les rideaux et s’y
torcha le chibre ensanglanté. Les deux poupées complètement
déconnectées regardaient bêtement le plafond.
Françouais
leur fit un bras d’honneur, sortit de la chambre et claqua
la porte.
Quelques instants
plus tard les premiers secours arrivèrent dans la chambre
des minettes et ne trouvèrent que du sang sur les rideaux
et deux filles qui éberluées ne prononçaient
la moindre parole.
- Il est gravement blessé et se vide de son sang, il a dû
être apeuré en arrivant dans cette chambre et dérangeant
ces deux demoiselles, nous devons le retrouver dès que possible
annonça le chef sauveteur dans un micro.
Françouais
descendit par l’escalier de service qui n’était
jamais utilisé, il retrouva sa chambre qui était restée
ouverte. Il intima à Fiston l’ordre de se tirer et
d’aller faire des conneries ailleurs et s’habilla au
plus vite. Il ne resterait pas une minute supplémentaire
dans ce trou à rat ou on lui faisait faire des clowneries.
- Retrouvez donc et vite notre héros hurlait belle maman
en se resservant un coup de vin chaud.
La station était
en émois. Et Françouais alla discrétos s’en
jeter un petit au troquet qui venait d’être déserté.
Il s’allongea sur le zinc en ayant pris la précaution
de se mettre le bec sous le robinet de bière pression ouvert.
Il buva jusqu’à plus soif. Il se releva bien torché
juste comme il aimait. Dans l’hôtel c’était
l’émeute, chacun pensait avoir vu Françouais
dans un coin imaginaire. Il se servit de sac poubelle grande taille
derrière le comptoir et fila le plus discrètement
possible. Quelques minutes après il revint sur ses pas pour
embarquer quelques boutanches, l’occasion était trop
belle. Il se chargea comme un taré et partit pour de bon
une bouteille de gnac débouchée à la main.
A la sortie de la station personne ne l’avait encore repéré,
mais il devait faire très gaffe car il pouvait se faire choper
à tout moment et se faire embarquer de nouveau sur une luge
pour être balancé de la cime. Il se mit au bord de
la route sur le talus enneigé et enfila deux sacs poubelles.
Le plastique lui remontait jusque sous les bras et cela lui donnait
un air très chou. Il liquida sa boutanche de gnac qu’il
balança sur bagnole de police qui passait toutes sirènes
hurlantes, puis donna des coups de reins pour descendre la pente.
Son objectif était
fort simple, descendre jusqu’au plus bas dans la vallée
pour y retrouver un troquet puis une route pour repartir dans son
bled sinistre ou au moins on ne le forçait pas à réaliser
des prouesses sportives. La descente fut laborieuse du fait de la
neige non tassée, du fait des sapins qui avaient poussé
de façon anarchique et du fait que Françouais ne maîtrisait
plus trop ses réflexes. Dans la station, il régnait
toujours la même effervescence et fiston avait plongé
dans la marmite de vin chaud de belle maman qui gueulait comme un
putois.
Françouais
dû s’arrêter à plusieurs reprises, pour
changer de sac plastique ou pour pisser mais avant chaque redémarrage
il se buvait un petit coup afin de se soutenir moralement. Contrairement
à la superbe descente réalisée quelques heures
auparavant, il avançait maintenant comme un limaçon.
Progressivement la neige se fit rare et enfin inexistante, Françouais
se releva tout doucement.
La haut dans les
nuages, l’hystérie continuait, les gens se jetaient
par les fenêtres, se mutilaient ou se bituraient. A certains
étages des partouzes sauvages s’improvisaient alors
qu’à d’autres la chasse au Françouais
était de mise. Françouais se débarrassa des
sacs plastiques, il avait de nouveau mal au cul et jura qu’il
ne ferait plus de glisse pendant un sacré bon bout de temps.
Comme il lui restait quelques boutanches, il en ouvrit une nouvelle,
histoire d’alléger son chargement et de se rincer le
gosier. Il leva sa boutanche au séjour à la montagne
gratos qui se terminait prématurément. Il regretta
amèrement de n’avoir pu utiliser la totalité
de ses bons de picole gratos, mais il arriverait à les revendre
à un conard qui rêverait de découvrir ce lieu
de rêve. Par ailleurs il ne manquerait pas de se vanter de
son séjour et de la magnificence des lieux.
Il se mit à
la recherche d’une voie à fort passage, histoire de
tomber sur camionneur sympa qui le reconduirait dans son bled d’origine.
Il réussit à rejoindre un chemin de terre, c’était
déjà un bon début. Malgré sa tête
qui commençait à tourner, il veilla à bien
prendre des chemins qui descendaient afin de ne jamais se retrouver
sur son point de départ.
Alors qu’il
avançait péniblement en direction d’une éventuelle
route goudronnée, un vieux paysan la clope au bec lui fit
signe du haut de son tracteur.
Françouais
observa ce véhicule avancer avec une vitesse instable, pour
sûr il aurait la gerbe au bout de quelques minutes, mais ce
moyen de transport lui permettrait de s’éloigner encore
un peu plus des fous furieux. Le vieux avec sa tronche en biais
avait l’air amical, une clope marronasse restait mystérieusement
collée à sa lèvre inférieure alors qu’il
jactait comme une pipelette.
– Bonjour mon p’tit m’sieur, je peux vous emmener
quelque part ? demanda t-il amicalement en pilant avec son engin.
– Au premier bled que vous voulez répondit Françouais.
– Ah ben, j’va à Saint Glaude les Alouettes chercher
des cigarettes et un petit pot de beurre, ça vous va ?
– Va pour Saint Glaude les Alouettes répondit Françouais
en sautant dans la remorque remplie de porcelets.
– Vous inquiétez pas, a cet âge ils ne sont pas
méchants, ils ne demandent qu’à jouer, je les
promène un peu comme cela ils n’auront pas de lard
inutile.
– Pas de problème entre bête on se comprend.
Françouais
secoua la jambe car un porcelet lui grimpait dessus le prenant certainement
pour une porcelette.
Le voyage fut de
très courte durée car Saint Glaude les Alouettes était
à cinq cent mètres. Françouais suivit le gus
pour s’en jeter une bonne trentaine derrière la cravate.
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