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Et bien madame et monsieur, revoici
votre animateur préféré sur les ondes. Et je
vais même vous faire une tirade présidentielle. Je
vous remercie encore et encore de bien vouloir m’écouter
et adorer à ce point mon émission. Voici deux mois
quelle existe et elle est bombardée première au hit
de la bouse, c’est un franc succès que je vous doit.
Merci, oh combien merci, mais ne faudrait-il pas un petit peu inverser
les choses, que ce soit vous, tas de dégénérés
qui me remerciez de mener d’une main de maître cette
extraordinaire émission qui est La bouffée d’air.
J’attends donc que vous vous prosterniez devant votre maître,
que vous m’ameniez des offrandes, du champagne, de la bouffe
et des pucelles, enfin s’il en reste à Saint Saturnin
les Bains.
Les connards qui
étaient suspendus aux ondes se marraient comme il se devait.
Certains, plus en avance que d’autre titubaient mais continuaient
à picoler comme si de rien était. Les premiers gerbeurs
étaient en position dans le caniveau et attendaient le top
gerbi pour tout envoyer.
- Je vous donne le top gerbi, n’oubliez pas après de
vous rincer la bouche avec du riquard, c’est bon pour l’haleine
et le foie. Et n’oublier pas aussi d’écouter
radio chibre mou, la radio qui passe les bons conseils de Fançouais.
Des salves de gerbe
fusèrent de droite et de gauche. Le petit homme vert vicelard,
qui c’était caché derrière la cabane
du père Bazzzin ce vieillard acariâtre, se prit quelques
éclaboussures de gerbi couleur dégueuli de clochard.
Quelques zolis pantis rozes furent maculé, mais cela resta
dans les tons. Une vieille odeur de vinaigre s ‘éleva
dans la rue. Le petit gars préposé à tracer
les croix à la craie blanche sur le sol pour indiquer le
nombre de barriques descendues poussa une gueulante pour éviter
que quiconque ne gerbe sur ces beaux dessins. Fiston qui avait laissé
l’hippopotame rappliqua pour se rouler dans le caniveau car
il ne pouvait résister à un tel appel.
- Message pour mon fiston, si tu te roule dans les flaques de gerbi,
tu dormiras cette nuit dans la niche du chien et demain belle maman
te lavera au carsher annonça Françouais qui était
déjà habitué aux conneries fistonniennes.
- Ta gueule vieux connard répondit fiston lorsqu’il
entendit la mise en garde de son paternel à la radio.
Le petit homme vert vicelard arriva à la hauteur de fiston
et lui pissa dessus, l’autre guignol gazouilla de bonheur,
il adorait cela.
- Viiicieux d’nom di dioux d’picrate, viiicieux d’pinard,
v’la t’y pas qu’on est bourré après
le troisième kilbus. C’est t’y pas un grand malheur
ma p’tite dame braillait le père Bazzzin ce vieillard
en se rapprochant du caniveau pour faire comme tous ses potes.
- Ben c’est tout à fait normal, père Bazzzin,
tu ne respire pas entre les goulées répondit une vieille
pute qui n’avait jamais réussi à se faire sauter
par le père Bazzzin ce vieillard acariâtre.
- Ah vingt di dioux, va te faire sauter vieille toupie.
Le père Bazzzin
ce vieillard acariâtre avait une dent contre cette vieille
greluche qui une fois avait descendu à 10 euros le cunilingus
du minou rincé au vin rouge. Ce qu’il lui reprochait,
ce n’était pas le tarif discount mais le fait d’utiliser
du vin Italien plutôt que du picrate des coteaux Saint Saturnois.
Françouais
au même moment jubilait car on venait de lui apporter les
résultats des courses. Pour calmer sa joie, il s’enfila
direct un litron de gros rouge. Alors que ces chicos du fond baignaient
encore dans la vinasse, il balança sur les ondes un rot joliment
enroulé.
- C’est le moment du point sur le concours, l’on vient
de m’informer qu’il n’y avait plus de réserves
de picrate à Goudriole les Fiotes. Les abrutis veulent concourir
avec nous et sont infoutus de prévoir un stock nécessaire
pour jouer avec les grands. Je déclare donc Saint saturnin
les bains grand vainqueur et je propose d’arroser sans aucune
espèce de retenue cette victoire par KO.
Tout le monde pour
exprimer sa joie, gueulait dans la rue. Un clébard qui avait
lapé l’intégralité d’une flaque
de gerbe couleur framboise, titubait et flairait un tonneau vide.
Françouais qui n’avait jamais fait une opération
de sa vie fut abasourdit par les chiffres des analystes de l’opération.
A mi-soirée on avait une moyenne de quatre litres de pinard
épongé par personne. Cette fois Saint Saturnin les
Bains serait célèbre dans le monde entier pour son
record et figurerait fièrement dans le livre des records.
Les touristes viendraient du monde entier pour se murger et gerber
dans les caniveaux Saint Saturnois. Les tours operators rivaliseraient
d’ingéniosité pour contribuer à la postérité
du bled.
- Mes amis, nous ne sommes qu’à quatre litres de gros
rouge par personne, nous n’avons qu’à peine commencé
la soirée et nous visons un moment historique. C’est
pour cela que je demande à notre maire de tout faire pour
que des sculptures géantes de bouteilles soient érigées
aux quatre coins du bled. Sur ces bouteilles seront gravés
les noms de tous les participants qui ont contribués à
notre réputation.
- Vive Françouais et la radio chibre mou gueulaient les saoulards.
Un groupe de vieux
de la maison de retraite décida de descendre à l’étage
des célibataires pour faire une gosse partouze. En descendant
les escaliers, le vieil Emile se prit une couille droite sous la
pantoufle gauche. Il souleva son pied par réflexe immédiatement
en baillant comme un veau mais glissa du pied droit sur une flaque
de gerbi. Emile dévala l’escalier et s’emplafonna
dans le porte parapluie. Comme il continuait à brailler comme
un sourd, quelques célibataires le chopèrent pour
le déssaper et abuser de son corps. Il réussit avec
sa canne à en assommer quelques unes mais plia rapidement
devant le nombre. Il fut attaché à un lit et chaque
célibataire s’assit à tour de rôle sur
son visage. Les mamies salopes pour intensifier la torture, allumèrent
la télé et passèrent, volume à fond
un concert en noir et blanc de Mireille Matthieu. Les autres vieux
qui se trouvaient derrière la porte se relayaient pour observer
par le trou de la serrure ce fabuleux spectacle. Chacun son tour,
il bandaient mou mais s’astiquait jusqu’à ce
que giclette s’ensuive. Ni tenant plus ils finirent par défoncer
la porte pour implorer quelques coups de martinet aux vieilles qui
préféraient d’ordinaire faire cela entre elles.
Les vieilles acceptèrent le deal mais exigèrent que
tout le monde enlève son dentier.
- Partouze en cours à la maison de retraite, que ceux qui
sont intéressés en profitent. Ah pardon, il ne s’agit
pas d’une partouze mais d’une séance SM. N’oubliez
pas votre kilbus de rouquin annonça d’une vois railleuse
Françouais. Il va y avoir une promotion sur les rateliers
et il faut aussi s’adresser à la maison de retraite.
Les Infirmières
aussi murgées que les pensionnaires faisaient un concours
de la chatte la plus volumineuse. Une Portugaise bien fournie impressionnait
terriblement ses concurrentes. Son minou commençait sous
sa poitrine et descendait jusqu’aux orteils. La toison d’une
épaisseur en moyenne d’une bonne quinzaine de centimètres
aurait fait le bonheur du premier frileux venu. Comme elle préféra
courir derrière le jardinier pour se faire sauter et quelques
taillages de haie, l’issue du concours fut complètement
changée et les autres collègues paradaient fièrement
devant le jury. Mais le jury était trop bourré pour
voter et lorsque quelqu’un proposa de faire un concours de
tee shirt trempé dans du picrate, sa proposition fit l’hunanimité.
Ca et là
des corps inanimés gisaient dans des flaques de gerbe, la
désintoxication des esprits et du bled promettait d’être
fort longue. Même à la radio, tout semblait désordonné,
les morceaux de musique duraient trente secondes, les pages de pubs
coupées et les flashs info inexistants.
- Mesdames et Messieurs, je vous propose de prendre en direct un
appel, cher auditeur bonjour.
- Bonjour Françouais, oh nous sommes heureux d’être
en direct avec vous, nous attendions ce moment depuis des jours,
vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela représente comme
honneur pour nous.
- Salut les connards, vous êtes qui et qu’est-ce que
vous voulez ?
- Nous sommes Pépé et Dada.
- C’est quoi ces surnoms à la cons, vous pouvez pas
plutôt vous présenter normalement au lieu d’essayer
de faire de l’esprit et par la même occasion de me voler
la vedette.
- Loin de nous cette idées oh grand et noble Françouais
répondit très humblement Pépé.
- Oui, mon frère jumeau à raison, il faut nous prendre
au sérieux, il ne s’agit pas d’une blague mais
de nos véritables prénoms, en fait notre maman était
fan d’un journaliste du vingt heures et nous a prénommé
ainsi. Durant toute notre tendre enfance, dès qu’elle
nous voyait ou nous appelait, elle repensait à ce journaliste
et se mettait des doigts. Il y a que notre père qui n’aimait
pas nos prénoms. En effet de six heure du matin à
six heures et quart, lorsqu’il était a jeun, il nous
balançait des coups de pompes et tout ce qui lui traînait
sous la main. Passé six heure et quart il était déjà
trop bourré et s’en allait culbuter les vaches répondit
encore plus humblement Dada.
- Et qu’est-ce que vous voulez raconter sur les ondes bande
de cons ? demanda Françouais.
- Et bien nous avons bien œuvré pour l’honneur
de Saint Saturnin les Bains, nous avons à nous deux descendu
dix boutanche d’un picrate acide et dégueulasse, mais
il s’agissait de côte de Saint Saturnin les Bains alors
nous sommes très content.
- En effet, vous méritez une médaille par rapport
à un tel exploit. Les vignerons Saint Saturnois, grâce
à vous ne seront plus obligés d’éponger
eux même leur production et se choper des chiasses ahurissantes
qui font la réputation de nos coteaux.
- Ah mais nous veillons à acheter régulièrement
leur production que nous coupons avec de l’alcool de bois.
C’est une recette de notre grand père qui en avait
marre de se faire engueuler par la grand mère parce qu’il
chiait tout le temps dans son ben et que cela faisait des traces
sur le canapé le dimanche lorsqu’il avait le droit
de manger dans la grande salle.
- Oh mais votre histoire est bigrement intéressante, vous
comptez nous casser les couilles de la sorte durant toute la soirée
?
- Oh non oh grand maître à penser de Saint Saturnin
les Bains, nous appelions pour te remercier.
- Mais me remercier de quoi bande de cloportes.
- Et bien pardi, de rehausser le niveau intellectuel des habitants
avec ton émission culturelle. Elle est d’ailleurs tellement
culturelle qu’on ne comprend pas tout le temps de quoi il
s’agit dit Pépé en se grattant l’oreille,
puis le nez et en enfournant le tout dans sa bouche.
- Ah qu’ils sont mignons ces deux gros connards, c’est
grâce à ce genre d’abruti que mon émission
plaît tant. Mes chers auditeurs, ne vous reconnaissez-vous
pas un petit peu dans ces deux triple essences de crème d’andouille
?
Françouais
se gondola de trop longues secondes durant. Avec le double effet
de l’alcool, il attrapa le hoquet, balança un pet plâtreux
et macula son calebute.
- Bande d’enfoirés, z ‘allez nous faire chier
encore longtemps avec vos conneries qui n’intéressent
personne ?
- Euh, excuses-nous Françouais, mais nous appelions aussi
pour t’annoncer que ton fiston dormirait à la niche
ce soir car il ne cesse de se rouler dans les flaques de gerbi en
glapissant de plaisir caftèrent les deux connards après
quelques hésitations.
- Non de dieux, espèce de gosse d’alcoolique, petite
raclure, si tu continues à faire ce genre de grosses conneries,
je demande au père Bazzzin ce vieillard acariâtre de
te truffer de pruneaux avec son antique pétoire. ‘Tain,
c’est rien que de la saloperie cette vermine, ah pour ça
il tient bien de moi, heureusement encore qu’il ne picole
pas, parcequ’il dépasserait les bornes.
Françouais
qui c’était levé d’un bon prêt à
tarter le premier assistant venu, ou a foutre des coups de pompes
n’importe où, fit une petite grimace et s’assit
délicatement, le plâtrage du fond de son calebute lui
ayant une dernière fois, aimablement demandé de ne
plus s’agiter sous peine de charge totale.
- Tu n’as pas le droit de faire cela à ton père,
je n’ai jamais rien fait pour toi alors tu n’as aucune
raison de m’en vouloir. Tu veux que je retombe dans l’anonymat
? tu veux que je redevienne un alcoolique anonyme ? C’est
belle maman qui t’a dit toutes ces choses sur moi, ‘tain
c’te vieille salope va s’en prendre une sacrée
à la fin de l’émission.
Furibard à
nouveau, Françouais en oublia son plâtrage, manqua
de fracasser son bureau en tapant du poing et se rendit compte qu’il
avait été trop loin, quand debout il sentit un liquide
tiédasse lui dégouliner sous le pantalon jusqu’aux
chaussettes. Il grimaça d’horreur mais c’était
trop tard, l’horrible odeur avait envahie le studio et fait
fuir les badauds qui attendaient pour un éventuel autographe.
Françouais dégrafa son ben, le descendit et avec la
lame de son canif gratouilla le liquide malodorant sur ses guibolles.
De temps à autre il essuyait la lame sur les rideaux de velours,
puis pour aller plus vite décida de se torcher directos au
rideau.
Une fois son travail
de nettoyeur terminé, il s’enfila une rasade de cognac,
mais oh ! comble de l’horreur, un plaisantin lui avait coupé
avec de l’eau. Son organisme qui faisait un rejet tira immédiatement
la sonnette d’alarme et il gerba sur les rideaux. Il se reprit
une autre boutanche, histoire de se rincer la bouche, le moral allait
déjà mieux.
- Alors les petits saligos, on se tripote souvent en écoutant
mon émission, racontez moi vos cochonneries demanda Françouais
aux deux abrutis car le silence radio devenait de plus en plus pesant.
- Oh oui, on se tripote très souvent dit tout fièrement
Pépé.
- Oh oui, Pépé à raison dit Dada.
Françouais
écoutait très attentivement en se saisissant de son
chibre de la main gauche. Pour s’exciter d’avance, il
écrasa ses six clopes sur son gland durcit par le poids des
sévices.
- Allez, mes petits, pas de fausse timidité, confiez-vous
à tonton Françouais dit-il pour faire avancer la mécanique.
- Oh ben j’espère que ton fiston n’écoute
pas car cela risquerait de lui donner des idées.
- Merci d’arrêter de me parler de ce petit connard qui
va s’en prendre une phénoménale pendant le journal
de Claire Chagal, racontez vos conneries tas de bœufs décornés.
- Oh mais faut pas croire, on ne se tripote pas ensemble, minmin
d’ailleurs nous l’interdit. Il n’y a que papa
qui ait le droit de tripoter le cochon à la maison. La truie
est tellement ridée que le porc ne bande plus et papa est
alors obligé de lui tripoter les oreilles pour l’exciter
sinon il n’y aura pas de portée. En fait maintenant
on sait comment on fait les enfants. Il suffit de se faire tripoter
les oreilles avec des mots cochons.
- Ben mouais je me tripote tous les soirs devant les jeux de vingt
heures, les orteils dit d’une voix hésitante Dada.
- Oh ben pisque tu le dis aux auditeurs, je vais aussi l’avouer
même si mimin me fout une danse après, je me tripote
aussi les orteils, mais dans les cabinets du fond du jardin uniquement
renchérit Pépé.
- Oh c’est ti pas mignon, d’avoir deux tels débiles
en ligne, racontez-nous donc mes petits pourceaux, pourquoi vous
vous tripotez les orteils ?
- Oh ben moi, c’est parce que je n’ai plus de chaussures
depuis l’âge de, euh … Bref il m’arrive
souvent de marcher dans des merdes de clébard dans la cour
et cela se flanque entre mes orteils, donc j’attend d’être
dans les chiottes pour nettoyer tout cela et souvent je me rend
compte que je sourie bêtement, voire pousse des petits cris.
- Ah tu pousses des petits cris quand tu te grattes les orteils
demanda Françouais très intéressé par
ces douceurs inconnues de lui jusqu’alors.
- Oui mais je ne sais pas si c’est parce que cela me chatouille
ou que j’essaye de caguer en même temps.
- Oh ben ça alors, il m’arrive la même chose
dans le canapé devant les jeux de vingt heures mais je crois
que pour ma part je pousse des cris quand l’autre binoclard
fout des doigts dans le nourrin.
- Euh ne put que répondre Françouais pour qui la connerie
humaine allait cette fois tellement loin qu’il était
dans l’incapacité de répondre quoique ce soit.
Les imbéciles
au bout du fil se labouraient le cerveau pour essayer de trouver
une suite logique à leur histoire, ainsi ils en oublièrent
leur envie de gerber et rentrèrent dans une transcendantale
méditation. Sans que quiconque ne put le prédire,
il y eut un vieux trou noir.
Françouais se rendit compte au bout d’un moment qu’il
ne disait plus rien à la radio, qu’il n’y avait
plus de musique et que les deux abrutis n’étaient plus
au bout du fil. Il était infoutu de savoir combien de temps
cela avait-il duré. Il allait se faire lyncher par le directeur
et plus grave, par ses fans qui ne lui pardonneraient jamais cette
absence.
La tête de
Françouais était d’une lourdeur incroyable,
voilà longtemps qu’il n’avait pas été
bourré de la sorte. Tout autour de lui flottait, il avait
l’impression de ne plus rien sentir. Il se cassa la gueule
à plusieurs reprises dans les escaliers mais personne n’était
là pour le réveiller. Dès qu’il se relevait
il paraissait tel un pantin désarticulé, incapable
de tenir debout. Lorsqu’il arriva dehors après de longues
minutes d’efforts, sa main tapota quelque chose d’arrondi
dans sa poche. Avec ses doigts il pinça cette chose et se
rendit à l’évidence qu’il ne s’agissait
pas de sa queue. En farfouillant dans sa poche, il découvrit
une fiole de gnole oubliée. Il la siffla et bredouillant
quelque chose qui devait ressembler à ‘A la victoire
et mort aux cons’. Dans la rue, il n’y avait presque
plus de lumière et il ne reconnaissait rien. Son esprit fort
embrumé refusait de lui répondre ainsi il était
condamné à errer dans l’aire comme un pauvre
hère jusqu’à ce que la dégrise lui permette
de reprendre les rênes.
Il buta à plusieurs reprises sur des corps inanimés
vêtus de haillons. Une odeur bizarre et trop forte lui chatouillait
les narines. Cette odeur ne lui rappelait rien pourtant il la connaissait
par cœur. Il se cogna la tronche sur plusieurs lampadaires.
Merde, plus rien ne semblait bouger dans le bled de cons, comment
allait-il pouvoir rentrer dans son bourbi ?
Certains bruits
lui parurent familiers, il lui sembla percevoir des silhouettes
au loin qui gerbaient par les fenêtres. La tête en l’air
et mobilisant tous ce qu’il lui restait comme sens, il dérapa
sur flaque de gerbi. Comble de bonheur, quelques vieux réflexes
de patineur se réveillèrent et il glissa jusqu’à
un tonneau vide. Ce choc lui permit de se remémorer qu’avait
eu lieu quelques heures auparavant la fête de la murge ou
plutôt le grand défit avec la ville rivale dont il
ne se souvenait même plus du nom.
Quelque chose commençait
à le taquiner de plus en plus sévère, soudain
il sut l’identifier. ‘Tain quel mal d’estomac
le tenaillait, il lui semblait avoir les tripailles à l’air.
Saloperie de picrate responsable des tous ces nouveaux dégâts.
Il passa dans un
coin qui aurait dû être le troquet, mais personne ne
devisait au bar et même ce dernier avait disparu.
Un corps semblait
onduler au sol et cela attira son attention, il tenta vainement
d’y donner des coups de pompe, histoire de voire si ami ou
ennemi, mais jamais il ne parvint à le toucher. Le corps,
ou la masse semblait ramper au fur et à mesure qu’il
se déplaçait. Fiston ricanait tout doucement, jamais
plus il n’aurait une telle occasion de se rouler dans tant
de flaques de gerbe. Lui qui ne savait compter que jusqu’à
vingt six était déjà arrivé à
vingt six fois vingt six roulades.
- A boire bandes d’enfoirés, j’ai mal trouva
la force de crier Françouais.
La masse détalla et préféra changer de rue
pour se rouler dans des flaques vierges en toute tranquillité.
Personne ne répondait, d’ailleurs Françouais
ne pourrait sous peine d’explosion avaler quoique ce soit.
Il était condamné à se laisser tomber puis
vaincre par le sommeil ou continuer à errer lamentablement
le temps que quelque chose lui envoie un signe de reconnaissance.
Françouais
lorgna l’horloge de l’église mais était
infoutu devant le ballet d’éléphants verts et
d’hippopotames jaunes fluo, de trouver les aiguilles. Avec
sa main il se cacha un œil et se concentra. Dans un premier
temps les éléphants et les hippopotames avaient disparu
mais réapparurent sous la forme de libellules rouge vermillon
et de hérissons bleu turquoise. Il libéra immédiatement
son œil caché et toute la ménagerie arc en ciel
lui apparut. Il devait donc laisser tomber l’horloge, quoique
jamais il n’avait renoncé à quoique ce soit.
Il se concentra de nouveau sur les aiguilles et réussit à
en trouver une. Elle se présentait grande et magnifique devant
lui, il put la toucher car elle se dressait fièrement. Françouais
s’accrocha à la grosse aiguille mais était toujours
infoutu de savoir l’heure à cause de la lumière
qui l’aveuglait en haut. Et puis ces satannés hérissons
qui réapparaissaient et qui troublaient à nouveau
sa concentration.
- Bande d’enfoirés brailla t-il avec une sorte de haut
de cœur dans la voix.
Les bestioles qui
changeaient de couleur à loisir, se saisissaient les unes
après les autres et pratiquaient des positions érotiques
à profusion.
- Le héros c’est moi ici, c’est donc à
moi de faire des trucs hérotiques.
La voix de Françouais
résonnait et cela lui flanqua un tel coup de bourdon qu’il
gerba tripes et boyaux sur les bestioles qui avaient décidées
de partouser tout le reste la nuit. Lorsqu’il ouvrit les yeux,
alors qu’il se trouvait à quatre pattes, les bestioles
étaient toujours là plus narquoises que jamais. Son
estomac se tordit de nouveau et il trouva jusqu’à un
certain soulagement que de se décharger d’un tel mélange
savamment dosé depuis le matin.
Un bus chargé de bestioles aux couleurs plus folles encore
se gara devant Françouais. Les portes s’ouvrirent et
chaque animal piétina Françouais en l’insultant
avant de se jeter dans la mêlée. Il n’en pouvait
plus de vivre un tel trip mais était coincé à
son sort car ne savait par vers ou détaler.
S’il avait
été encore en état de distinguer les choses,
Françouais aurait été fort fier de constater
qu’il avait encore une fois pulvérisé et de
très loin un autre record mondial, celui de la surface de
la flaque de gerbe. En effet sa flaque d’un extraordinaire
décomposé de couleurs verdâtres et rosâtres
faisait pâlir toutes les flaques des environs. D’une
part, sa taille était fort impressionnante et d’autre
part, son épaisseur et sa composition aurait rendu n’importe
quel clochard jaloux.
Fiston qui avait
reconnu le cri du grand mâle qui gerbait était revenu
dans les parages et attendait sagement en se frottant les mains
que son P’pa lui laisse accès à la plus belle
flaque jamais rencontrée.
Françouais
ne pouvait dans son état l’entendre, mais des sanglots
émanaient de derrière la cabane du père Bazzzin
ce vieillard acariâtre. Il ne s’agissait pas du petit
être vert qui avait sévit à Saint Saturnin les
Bains ces dernières heures mais d’un être beaucoup
plus sensible : Lucien, alias Canardons l’ami des WC. Lucien
qui se terrait dans la cambrousse, était revenu ces dernières
heurs pour savoir ce qu’il se tramait dans le bled car de
sa cachette il pouvait entendre des bruits si bizarres et de plus,
autre que de bruits de pets. Il n’avait pas noté de
grosse différence par rapport à l’état
des Saint Saturnois habituellement, mais son instinct pourtant bien
dézingué par les traitements médicaux de ces
dernières années lui dictait que la situation ne pouvait
être normale. C’est alors qu’il avait, en rentrant
dans le bled, découvert les tonnes de gerbe qui desséchait
au grand air campagnard. Des mètres cube et des mètres
cubes de méthane en perspective perdu. Ses nerfs avaient
alors craqué, tout le monde avait déjà oublié
son existence ou surtout ses nuisances de l’après midi.
Jamais il ne serait célèbre, jamais il ne verrait
ses fans s’arracher à prix d’or ses collections
numérotées d’anus prêts à canarder.
Mais Lucien, contrairement
à Françouais, n’était pas le genre de
type à se laisser aller, son désespoir se transformait
progressivement en espoir. Lorsqu’il se remit sur ses pieds,
le futal aux chevilles en chantant la Marseilleise, il était
un homme neuf. Lui qui ne buvait jamais, entra directos dans le
troquet pour laper ce qu’il restait de côte Saint Saturnoise,
le fameux picrate qui tuait les vers et qui donnait des forces surnaturelles
aux boyaux. Il en descendit peinard quelques litres pendant que
tout le monde roupillait à même le sol. Jamais il n’avait
testé le mélange tanchopoulpe, côte Saint saturnoise
et il allait tester en direct devant zéro spectateur ce mélange
détonnant qui lui semblait prometteur. Après les premiers
instants, il sentit son ventre gargouiller accompagné de
tensions très significatives au niveau du gros intestin.
Il sentait la bénédiction arriver et il se devait
de réussir son coup. D’un rapide coup d’œil
circulaire, il repéra la fontaine située devant l’église
qui constituait un pas de tir incomparable. Il se positionna les
pattes écartées sur la fontaine en souhaitant bonne
chance aux poissons rouges qui ne sentaient visiblement pas le danger
venir. Il s’encercla le ventre d’une ceinture de force
et là il sut que c’était le moment. Il serra
la ceinture de toutes ces forces mais une petite voix au fond de
lui l’arrêta : « Lucien, tu peux mieux faire ».
C’est en repassant
un second coup d’œil circulaire et en repérant
une vieille qui gerbait par une fenêtre de la maison de repos
qu’il eut l’idée de sa vie. En effet pour que
son tir soit un succès incontestable, il se devait d’être
unique en son genre et peu importe s’il s’aidait de
produits ou outils quelconques. Victoire, il savait que la maison
de repos connaissait des problèmes de fosse septique depuis
des lustres, s’il arrivait à réactiver toute
la matière fécale qui s’y entreposait, il obtiendrait
un tir qui rabaisserait à un niveau pitoyable tous les tirs
précédemment effectués. Il se rendit à
la maison de repos en serrant les jambes et marchant comme un canard
pour surtout ne pas perdre quoique ce soit de précieux en
chemin. Il visita les sous-sol pour dévisser ou saboter au
choix, suffisamment de conduites pour se donner la certitude de
la victoire. En remontant au rez-de-chaussée, il passa par
les cuisines ou il s’enfila une boutanche du pinard que l’on
servait aux vieux. Il sut dès la première gorgée
qu’il ne lui resterait que quelques secondes. Se précipitant
aux chiotard, il ne prit même pas conscience du vieux qui
piolait dans la chambre des célibataires. Lucien se positionna,
eut un rire sarcastique, serra à fond la ceinture et envoya
la plus méga caisse jamais entendue dans toute la galaxie.
De proche en proche, l’ensemble de la matière qui roupillait
dans les tuyauteries et citernes depuis des lustre, se réactiva.
L’explosion fut effroyable, les rateliers furent les premier
à s’envoler direction Goudriole les Fiotes. Le flic
de garde du bled, bien que passablement bourré, eut le réflexe
d’actionner la sirène afin que l’on vienne en
aide aux habitants de Goudriole qui étaient maintenant victimes
de bombardement de rateliers affamés. Lucien qui avait passé
une cape, s’envola le cul à l’air, le sourire
aux lèvres et le poing levé de la même façon
que Super Cochon ou Super Goret l’avaient fait quelques mois
auparavant. Dans un fracas épouvantable, la maison de retraite
fut soufflée, la guerre avec Saint Saturnin les bains continuait
donc de plus belle. Ces salops envoyaient maintenant des paquets
de merde accompagné de ce même produit inconnu mais
très corrosif et aussi des vieux qui lorsqu’ils atterrissaient
gerbaient du picrate pas franchement frais.
Le maire de Goudriole
les Fiotes qui depuis, les différents événements
survenus ces dernières semaines, était en relation
téléphone rouge avec le préfet, usa de son
privilège pour secourir la populace. Les bidasses qui depuis
quelques interventions rechignaient à fréquenter l’aire
de repos d’autoroute pour naturistes, se faisaient une raison
et gagnaient les camions et hélicoptères comme à
l’entraînement.
Les habitants de
Saint Saturnin les Bains furent aussi pour la plupart réveillés.
Pourquoi n’avaient-ils pas été informé
de la nouvelle guerre avec les boches qui venait d’être
déclarée. Pitoyables, ils n’arrivaient même
pas à bouger le moindre cheveu, par contre ils seraient fort
certainement capable de les compter d’ici à quelques
heures.
Un cordon sanitaire
se déploya dans la campagne, il fallait absolument découvrir
le nouveau mal qui frappait les environs.
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