Les aventures de Françouais


Chapitre 12 - La folle nuit

 
 


Et bien madame et monsieur, revoici votre animateur préféré sur les ondes. Et je vais même vous faire une tirade présidentielle. Je vous remercie encore et encore de bien vouloir m’écouter et adorer à ce point mon émission. Voici deux mois quelle existe et elle est bombardée première au hit de la bouse, c’est un franc succès que je vous doit. Merci, oh combien merci, mais ne faudrait-il pas un petit peu inverser les choses, que ce soit vous, tas de dégénérés qui me remerciez de mener d’une main de maître cette extraordinaire émission qui est La bouffée d’air. J’attends donc que vous vous prosterniez devant votre maître, que vous m’ameniez des offrandes, du champagne, de la bouffe et des pucelles, enfin s’il en reste à Saint Saturnin les Bains.
Les connards qui étaient suspendus aux ondes se marraient comme il se devait. Certains, plus en avance que d’autre titubaient mais continuaient à picoler comme si de rien était. Les premiers gerbeurs étaient en position dans le caniveau et attendaient le top gerbi pour tout envoyer.
- Je vous donne le top gerbi, n’oubliez pas après de vous rincer la bouche avec du riquard, c’est bon pour l’haleine et le foie. Et n’oublier pas aussi d’écouter radio chibre mou, la radio qui passe les bons conseils de Fançouais.
Des salves de gerbe fusèrent de droite et de gauche. Le petit homme vert vicelard, qui c’était caché derrière la cabane du père Bazzzin ce vieillard acariâtre, se prit quelques éclaboussures de gerbi couleur dégueuli de clochard. Quelques zolis pantis rozes furent maculé, mais cela resta dans les tons. Une vieille odeur de vinaigre s ‘éleva dans la rue. Le petit gars préposé à tracer les croix à la craie blanche sur le sol pour indiquer le nombre de barriques descendues poussa une gueulante pour éviter que quiconque ne gerbe sur ces beaux dessins. Fiston qui avait laissé l’hippopotame rappliqua pour se rouler dans le caniveau car il ne pouvait résister à un tel appel.
- Message pour mon fiston, si tu te roule dans les flaques de gerbi, tu dormiras cette nuit dans la niche du chien et demain belle maman te lavera au carsher annonça Françouais qui était déjà habitué aux conneries fistonniennes.
- Ta gueule vieux connard répondit fiston lorsqu’il entendit la mise en garde de son paternel à la radio.
Le petit homme vert vicelard arriva à la hauteur de fiston et lui pissa dessus, l’autre guignol gazouilla de bonheur, il adorait cela.
- Viiicieux d’nom di dioux d’picrate, viiicieux d’pinard, v’la t’y pas qu’on est bourré après le troisième kilbus. C’est t’y pas un grand malheur ma p’tite dame braillait le père Bazzzin ce vieillard en se rapprochant du caniveau pour faire comme tous ses potes.
- Ben c’est tout à fait normal, père Bazzzin, tu ne respire pas entre les goulées répondit une vieille pute qui n’avait jamais réussi à se faire sauter par le père Bazzzin ce vieillard acariâtre.
- Ah vingt di dioux, va te faire sauter vieille toupie.
Le père Bazzzin ce vieillard acariâtre avait une dent contre cette vieille greluche qui une fois avait descendu à 10 euros le cunilingus du minou rincé au vin rouge. Ce qu’il lui reprochait, ce n’était pas le tarif discount mais le fait d’utiliser du vin Italien plutôt que du picrate des coteaux Saint Saturnois.
Françouais au même moment jubilait car on venait de lui apporter les résultats des courses. Pour calmer sa joie, il s’enfila direct un litron de gros rouge. Alors que ces chicos du fond baignaient encore dans la vinasse, il balança sur les ondes un rot joliment enroulé.
- C’est le moment du point sur le concours, l’on vient de m’informer qu’il n’y avait plus de réserves de picrate à Goudriole les Fiotes. Les abrutis veulent concourir avec nous et sont infoutus de prévoir un stock nécessaire pour jouer avec les grands. Je déclare donc Saint saturnin les bains grand vainqueur et je propose d’arroser sans aucune espèce de retenue cette victoire par KO.
Tout le monde pour exprimer sa joie, gueulait dans la rue. Un clébard qui avait lapé l’intégralité d’une flaque de gerbe couleur framboise, titubait et flairait un tonneau vide. Françouais qui n’avait jamais fait une opération de sa vie fut abasourdit par les chiffres des analystes de l’opération. A mi-soirée on avait une moyenne de quatre litres de pinard épongé par personne. Cette fois Saint Saturnin les Bains serait célèbre dans le monde entier pour son record et figurerait fièrement dans le livre des records. Les touristes viendraient du monde entier pour se murger et gerber dans les caniveaux Saint Saturnois. Les tours operators rivaliseraient d’ingéniosité pour contribuer à la postérité du bled.
- Mes amis, nous ne sommes qu’à quatre litres de gros rouge par personne, nous n’avons qu’à peine commencé la soirée et nous visons un moment historique. C’est pour cela que je demande à notre maire de tout faire pour que des sculptures géantes de bouteilles soient érigées aux quatre coins du bled. Sur ces bouteilles seront gravés les noms de tous les participants qui ont contribués à notre réputation.
- Vive Françouais et la radio chibre mou gueulaient les saoulards.
Un groupe de vieux de la maison de retraite décida de descendre à l’étage des célibataires pour faire une gosse partouze. En descendant les escaliers, le vieil Emile se prit une couille droite sous la pantoufle gauche. Il souleva son pied par réflexe immédiatement en baillant comme un veau mais glissa du pied droit sur une flaque de gerbi. Emile dévala l’escalier et s’emplafonna dans le porte parapluie. Comme il continuait à brailler comme un sourd, quelques célibataires le chopèrent pour le déssaper et abuser de son corps. Il réussit avec sa canne à en assommer quelques unes mais plia rapidement devant le nombre. Il fut attaché à un lit et chaque célibataire s’assit à tour de rôle sur son visage. Les mamies salopes pour intensifier la torture, allumèrent la télé et passèrent, volume à fond un concert en noir et blanc de Mireille Matthieu. Les autres vieux qui se trouvaient derrière la porte se relayaient pour observer par le trou de la serrure ce fabuleux spectacle. Chacun son tour, il bandaient mou mais s’astiquait jusqu’à ce que giclette s’ensuive. Ni tenant plus ils finirent par défoncer la porte pour implorer quelques coups de martinet aux vieilles qui préféraient d’ordinaire faire cela entre elles. Les vieilles acceptèrent le deal mais exigèrent que tout le monde enlève son dentier.
- Partouze en cours à la maison de retraite, que ceux qui sont intéressés en profitent. Ah pardon, il ne s’agit pas d’une partouze mais d’une séance SM. N’oubliez pas votre kilbus de rouquin annonça d’une vois railleuse Françouais. Il va y avoir une promotion sur les rateliers et il faut aussi s’adresser à la maison de retraite.
Les Infirmières aussi murgées que les pensionnaires faisaient un concours de la chatte la plus volumineuse. Une Portugaise bien fournie impressionnait terriblement ses concurrentes. Son minou commençait sous sa poitrine et descendait jusqu’aux orteils. La toison d’une épaisseur en moyenne d’une bonne quinzaine de centimètres aurait fait le bonheur du premier frileux venu. Comme elle préféra courir derrière le jardinier pour se faire sauter et quelques taillages de haie, l’issue du concours fut complètement changée et les autres collègues paradaient fièrement devant le jury. Mais le jury était trop bourré pour voter et lorsque quelqu’un proposa de faire un concours de tee shirt trempé dans du picrate, sa proposition fit l’hunanimité.
Ca et là des corps inanimés gisaient dans des flaques de gerbe, la désintoxication des esprits et du bled promettait d’être fort longue. Même à la radio, tout semblait désordonné, les morceaux de musique duraient trente secondes, les pages de pubs coupées et les flashs info inexistants.
- Mesdames et Messieurs, je vous propose de prendre en direct un appel, cher auditeur bonjour.
- Bonjour Françouais, oh nous sommes heureux d’être en direct avec vous, nous attendions ce moment depuis des jours, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela représente comme honneur pour nous.
- Salut les connards, vous êtes qui et qu’est-ce que vous voulez ?
- Nous sommes Pépé et Dada.
- C’est quoi ces surnoms à la cons, vous pouvez pas plutôt vous présenter normalement au lieu d’essayer de faire de l’esprit et par la même occasion de me voler la vedette.
- Loin de nous cette idées oh grand et noble Françouais répondit très humblement Pépé.
- Oui, mon frère jumeau à raison, il faut nous prendre au sérieux, il ne s’agit pas d’une blague mais de nos véritables prénoms, en fait notre maman était fan d’un journaliste du vingt heures et nous a prénommé ainsi. Durant toute notre tendre enfance, dès qu’elle nous voyait ou nous appelait, elle repensait à ce journaliste et se mettait des doigts. Il y a que notre père qui n’aimait pas nos prénoms. En effet de six heure du matin à six heures et quart, lorsqu’il était a jeun, il nous balançait des coups de pompes et tout ce qui lui traînait sous la main. Passé six heure et quart il était déjà trop bourré et s’en allait culbuter les vaches répondit encore plus humblement Dada.
- Et qu’est-ce que vous voulez raconter sur les ondes bande de cons ? demanda Françouais.
- Et bien nous avons bien œuvré pour l’honneur de Saint Saturnin les Bains, nous avons à nous deux descendu dix boutanche d’un picrate acide et dégueulasse, mais il s’agissait de côte de Saint Saturnin les Bains alors nous sommes très content.
- En effet, vous méritez une médaille par rapport à un tel exploit. Les vignerons Saint Saturnois, grâce à vous ne seront plus obligés d’éponger eux même leur production et se choper des chiasses ahurissantes qui font la réputation de nos coteaux.
- Ah mais nous veillons à acheter régulièrement leur production que nous coupons avec de l’alcool de bois. C’est une recette de notre grand père qui en avait marre de se faire engueuler par la grand mère parce qu’il chiait tout le temps dans son ben et que cela faisait des traces sur le canapé le dimanche lorsqu’il avait le droit de manger dans la grande salle.
- Oh mais votre histoire est bigrement intéressante, vous comptez nous casser les couilles de la sorte durant toute la soirée ?
- Oh non oh grand maître à penser de Saint Saturnin les Bains, nous appelions pour te remercier.
- Mais me remercier de quoi bande de cloportes.
- Et bien pardi, de rehausser le niveau intellectuel des habitants avec ton émission culturelle. Elle est d’ailleurs tellement culturelle qu’on ne comprend pas tout le temps de quoi il s’agit dit Pépé en se grattant l’oreille, puis le nez et en enfournant le tout dans sa bouche.
- Ah qu’ils sont mignons ces deux gros connards, c’est grâce à ce genre d’abruti que mon émission plaît tant. Mes chers auditeurs, ne vous reconnaissez-vous pas un petit peu dans ces deux triple essences de crème d’andouille ?
Françouais se gondola de trop longues secondes durant. Avec le double effet de l’alcool, il attrapa le hoquet, balança un pet plâtreux et macula son calebute.
- Bande d’enfoirés, z ‘allez nous faire chier encore longtemps avec vos conneries qui n’intéressent personne ?
- Euh, excuses-nous Françouais, mais nous appelions aussi pour t’annoncer que ton fiston dormirait à la niche ce soir car il ne cesse de se rouler dans les flaques de gerbi en glapissant de plaisir caftèrent les deux connards après quelques hésitations.
- Non de dieux, espèce de gosse d’alcoolique, petite raclure, si tu continues à faire ce genre de grosses conneries, je demande au père Bazzzin ce vieillard acariâtre de te truffer de pruneaux avec son antique pétoire. ‘Tain, c’est rien que de la saloperie cette vermine, ah pour ça il tient bien de moi, heureusement encore qu’il ne picole pas, parcequ’il dépasserait les bornes.
Françouais qui c’était levé d’un bon prêt à tarter le premier assistant venu, ou a foutre des coups de pompes n’importe où, fit une petite grimace et s’assit délicatement, le plâtrage du fond de son calebute lui ayant une dernière fois, aimablement demandé de ne plus s’agiter sous peine de charge totale.
- Tu n’as pas le droit de faire cela à ton père, je n’ai jamais rien fait pour toi alors tu n’as aucune raison de m’en vouloir. Tu veux que je retombe dans l’anonymat ? tu veux que je redevienne un alcoolique anonyme ? C’est belle maman qui t’a dit toutes ces choses sur moi, ‘tain c’te vieille salope va s’en prendre une sacrée à la fin de l’émission.
Furibard à nouveau, Françouais en oublia son plâtrage, manqua de fracasser son bureau en tapant du poing et se rendit compte qu’il avait été trop loin, quand debout il sentit un liquide tiédasse lui dégouliner sous le pantalon jusqu’aux chaussettes. Il grimaça d’horreur mais c’était trop tard, l’horrible odeur avait envahie le studio et fait fuir les badauds qui attendaient pour un éventuel autographe. Françouais dégrafa son ben, le descendit et avec la lame de son canif gratouilla le liquide malodorant sur ses guibolles. De temps à autre il essuyait la lame sur les rideaux de velours, puis pour aller plus vite décida de se torcher directos au rideau.
Une fois son travail de nettoyeur terminé, il s’enfila une rasade de cognac, mais oh ! comble de l’horreur, un plaisantin lui avait coupé avec de l’eau. Son organisme qui faisait un rejet tira immédiatement la sonnette d’alarme et il gerba sur les rideaux. Il se reprit une autre boutanche, histoire de se rincer la bouche, le moral allait déjà mieux.
- Alors les petits saligos, on se tripote souvent en écoutant mon émission, racontez moi vos cochonneries demanda Françouais aux deux abrutis car le silence radio devenait de plus en plus pesant.
- Oh oui, on se tripote très souvent dit tout fièrement Pépé.
- Oh oui, Pépé à raison dit Dada.
Françouais écoutait très attentivement en se saisissant de son chibre de la main gauche. Pour s’exciter d’avance, il écrasa ses six clopes sur son gland durcit par le poids des sévices.
- Allez, mes petits, pas de fausse timidité, confiez-vous à tonton Françouais dit-il pour faire avancer la mécanique.
- Oh ben j’espère que ton fiston n’écoute pas car cela risquerait de lui donner des idées.
- Merci d’arrêter de me parler de ce petit connard qui va s’en prendre une phénoménale pendant le journal de Claire Chagal, racontez vos conneries tas de bœufs décornés.
- Oh mais faut pas croire, on ne se tripote pas ensemble, minmin d’ailleurs nous l’interdit. Il n’y a que papa qui ait le droit de tripoter le cochon à la maison. La truie est tellement ridée que le porc ne bande plus et papa est alors obligé de lui tripoter les oreilles pour l’exciter sinon il n’y aura pas de portée. En fait maintenant on sait comment on fait les enfants. Il suffit de se faire tripoter les oreilles avec des mots cochons.
- Ben mouais je me tripote tous les soirs devant les jeux de vingt heures, les orteils dit d’une voix hésitante Dada.
- Oh ben pisque tu le dis aux auditeurs, je vais aussi l’avouer même si mimin me fout une danse après, je me tripote aussi les orteils, mais dans les cabinets du fond du jardin uniquement renchérit Pépé.
- Oh c’est ti pas mignon, d’avoir deux tels débiles en ligne, racontez-nous donc mes petits pourceaux, pourquoi vous vous tripotez les orteils ?
- Oh ben moi, c’est parce que je n’ai plus de chaussures depuis l’âge de, euh … Bref il m’arrive souvent de marcher dans des merdes de clébard dans la cour et cela se flanque entre mes orteils, donc j’attend d’être dans les chiottes pour nettoyer tout cela et souvent je me rend compte que je sourie bêtement, voire pousse des petits cris.
- Ah tu pousses des petits cris quand tu te grattes les orteils demanda Françouais très intéressé par ces douceurs inconnues de lui jusqu’alors.
- Oui mais je ne sais pas si c’est parce que cela me chatouille ou que j’essaye de caguer en même temps.
- Oh ben ça alors, il m’arrive la même chose dans le canapé devant les jeux de vingt heures mais je crois que pour ma part je pousse des cris quand l’autre binoclard fout des doigts dans le nourrin.
- Euh ne put que répondre Françouais pour qui la connerie humaine allait cette fois tellement loin qu’il était dans l’incapacité de répondre quoique ce soit.
Les imbéciles au bout du fil se labouraient le cerveau pour essayer de trouver une suite logique à leur histoire, ainsi ils en oublièrent leur envie de gerber et rentrèrent dans une transcendantale méditation. Sans que quiconque ne put le prédire, il y eut un vieux trou noir.
Françouais se rendit compte au bout d’un moment qu’il ne disait plus rien à la radio, qu’il n’y avait plus de musique et que les deux abrutis n’étaient plus au bout du fil. Il était infoutu de savoir combien de temps cela avait-il duré. Il allait se faire lyncher par le directeur et plus grave, par ses fans qui ne lui pardonneraient jamais cette absence.
La tête de Françouais était d’une lourdeur incroyable, voilà longtemps qu’il n’avait pas été bourré de la sorte. Tout autour de lui flottait, il avait l’impression de ne plus rien sentir. Il se cassa la gueule à plusieurs reprises dans les escaliers mais personne n’était là pour le réveiller. Dès qu’il se relevait il paraissait tel un pantin désarticulé, incapable de tenir debout. Lorsqu’il arriva dehors après de longues minutes d’efforts, sa main tapota quelque chose d’arrondi dans sa poche. Avec ses doigts il pinça cette chose et se rendit à l’évidence qu’il ne s’agissait pas de sa queue. En farfouillant dans sa poche, il découvrit une fiole de gnole oubliée. Il la siffla et bredouillant quelque chose qui devait ressembler à ‘A la victoire et mort aux cons’. Dans la rue, il n’y avait presque plus de lumière et il ne reconnaissait rien. Son esprit fort embrumé refusait de lui répondre ainsi il était condamné à errer dans l’aire comme un pauvre hère jusqu’à ce que la dégrise lui permette de reprendre les rênes.
Il buta à plusieurs reprises sur des corps inanimés vêtus de haillons. Une odeur bizarre et trop forte lui chatouillait les narines. Cette odeur ne lui rappelait rien pourtant il la connaissait par cœur. Il se cogna la tronche sur plusieurs lampadaires. Merde, plus rien ne semblait bouger dans le bled de cons, comment allait-il pouvoir rentrer dans son bourbi ?
Certains bruits lui parurent familiers, il lui sembla percevoir des silhouettes au loin qui gerbaient par les fenêtres. La tête en l’air et mobilisant tous ce qu’il lui restait comme sens, il dérapa sur flaque de gerbi. Comble de bonheur, quelques vieux réflexes de patineur se réveillèrent et il glissa jusqu’à un tonneau vide. Ce choc lui permit de se remémorer qu’avait eu lieu quelques heures auparavant la fête de la murge ou plutôt le grand défit avec la ville rivale dont il ne se souvenait même plus du nom.
Quelque chose commençait à le taquiner de plus en plus sévère, soudain il sut l’identifier. ‘Tain quel mal d’estomac le tenaillait, il lui semblait avoir les tripailles à l’air. Saloperie de picrate responsable des tous ces nouveaux dégâts.
Il passa dans un coin qui aurait dû être le troquet, mais personne ne devisait au bar et même ce dernier avait disparu.
Un corps semblait onduler au sol et cela attira son attention, il tenta vainement d’y donner des coups de pompe, histoire de voire si ami ou ennemi, mais jamais il ne parvint à le toucher. Le corps, ou la masse semblait ramper au fur et à mesure qu’il se déplaçait. Fiston ricanait tout doucement, jamais plus il n’aurait une telle occasion de se rouler dans tant de flaques de gerbe. Lui qui ne savait compter que jusqu’à vingt six était déjà arrivé à vingt six fois vingt six roulades.
- A boire bandes d’enfoirés, j’ai mal trouva la force de crier Françouais.
La masse détalla et préféra changer de rue pour se rouler dans des flaques vierges en toute tranquillité. Personne ne répondait, d’ailleurs Françouais ne pourrait sous peine d’explosion avaler quoique ce soit. Il était condamné à se laisser tomber puis vaincre par le sommeil ou continuer à errer lamentablement le temps que quelque chose lui envoie un signe de reconnaissance.
Françouais lorgna l’horloge de l’église mais était infoutu devant le ballet d’éléphants verts et d’hippopotames jaunes fluo, de trouver les aiguilles. Avec sa main il se cacha un œil et se concentra. Dans un premier temps les éléphants et les hippopotames avaient disparu mais réapparurent sous la forme de libellules rouge vermillon et de hérissons bleu turquoise. Il libéra immédiatement son œil caché et toute la ménagerie arc en ciel lui apparut. Il devait donc laisser tomber l’horloge, quoique jamais il n’avait renoncé à quoique ce soit. Il se concentra de nouveau sur les aiguilles et réussit à en trouver une. Elle se présentait grande et magnifique devant lui, il put la toucher car elle se dressait fièrement. Françouais s’accrocha à la grosse aiguille mais était toujours infoutu de savoir l’heure à cause de la lumière qui l’aveuglait en haut. Et puis ces satannés hérissons qui réapparaissaient et qui troublaient à nouveau sa concentration.
- Bande d’enfoirés brailla t-il avec une sorte de haut de cœur dans la voix.
Les bestioles qui changeaient de couleur à loisir, se saisissaient les unes après les autres et pratiquaient des positions érotiques à profusion.
- Le héros c’est moi ici, c’est donc à moi de faire des trucs hérotiques.
La voix de Françouais résonnait et cela lui flanqua un tel coup de bourdon qu’il gerba tripes et boyaux sur les bestioles qui avaient décidées de partouser tout le reste la nuit. Lorsqu’il ouvrit les yeux, alors qu’il se trouvait à quatre pattes, les bestioles étaient toujours là plus narquoises que jamais. Son estomac se tordit de nouveau et il trouva jusqu’à un certain soulagement que de se décharger d’un tel mélange savamment dosé depuis le matin.
Un bus chargé de bestioles aux couleurs plus folles encore se gara devant Françouais. Les portes s’ouvrirent et chaque animal piétina Françouais en l’insultant avant de se jeter dans la mêlée. Il n’en pouvait plus de vivre un tel trip mais était coincé à son sort car ne savait par vers ou détaler.
S’il avait été encore en état de distinguer les choses, Françouais aurait été fort fier de constater qu’il avait encore une fois pulvérisé et de très loin un autre record mondial, celui de la surface de la flaque de gerbe. En effet sa flaque d’un extraordinaire décomposé de couleurs verdâtres et rosâtres faisait pâlir toutes les flaques des environs. D’une part, sa taille était fort impressionnante et d’autre part, son épaisseur et sa composition aurait rendu n’importe quel clochard jaloux.
Fiston qui avait reconnu le cri du grand mâle qui gerbait était revenu dans les parages et attendait sagement en se frottant les mains que son P’pa lui laisse accès à la plus belle flaque jamais rencontrée.
Françouais ne pouvait dans son état l’entendre, mais des sanglots émanaient de derrière la cabane du père Bazzzin ce vieillard acariâtre. Il ne s’agissait pas du petit être vert qui avait sévit à Saint Saturnin les Bains ces dernières heures mais d’un être beaucoup plus sensible : Lucien, alias Canardons l’ami des WC. Lucien qui se terrait dans la cambrousse, était revenu ces dernières heurs pour savoir ce qu’il se tramait dans le bled car de sa cachette il pouvait entendre des bruits si bizarres et de plus, autre que de bruits de pets. Il n’avait pas noté de grosse différence par rapport à l’état des Saint Saturnois habituellement, mais son instinct pourtant bien dézingué par les traitements médicaux de ces dernières années lui dictait que la situation ne pouvait être normale. C’est alors qu’il avait, en rentrant dans le bled, découvert les tonnes de gerbe qui desséchait au grand air campagnard. Des mètres cube et des mètres cubes de méthane en perspective perdu. Ses nerfs avaient alors craqué, tout le monde avait déjà oublié son existence ou surtout ses nuisances de l’après midi. Jamais il ne serait célèbre, jamais il ne verrait ses fans s’arracher à prix d’or ses collections numérotées d’anus prêts à canarder.
Mais Lucien, contrairement à Françouais, n’était pas le genre de type à se laisser aller, son désespoir se transformait progressivement en espoir. Lorsqu’il se remit sur ses pieds, le futal aux chevilles en chantant la Marseilleise, il était un homme neuf. Lui qui ne buvait jamais, entra directos dans le troquet pour laper ce qu’il restait de côte Saint Saturnoise, le fameux picrate qui tuait les vers et qui donnait des forces surnaturelles aux boyaux. Il en descendit peinard quelques litres pendant que tout le monde roupillait à même le sol. Jamais il n’avait testé le mélange tanchopoulpe, côte Saint saturnoise et il allait tester en direct devant zéro spectateur ce mélange détonnant qui lui semblait prometteur. Après les premiers instants, il sentit son ventre gargouiller accompagné de tensions très significatives au niveau du gros intestin. Il sentait la bénédiction arriver et il se devait de réussir son coup. D’un rapide coup d’œil circulaire, il repéra la fontaine située devant l’église qui constituait un pas de tir incomparable. Il se positionna les pattes écartées sur la fontaine en souhaitant bonne chance aux poissons rouges qui ne sentaient visiblement pas le danger venir. Il s’encercla le ventre d’une ceinture de force et là il sut que c’était le moment. Il serra la ceinture de toutes ces forces mais une petite voix au fond de lui l’arrêta : « Lucien, tu peux mieux faire ».
C’est en repassant un second coup d’œil circulaire et en repérant une vieille qui gerbait par une fenêtre de la maison de repos qu’il eut l’idée de sa vie. En effet pour que son tir soit un succès incontestable, il se devait d’être unique en son genre et peu importe s’il s’aidait de produits ou outils quelconques. Victoire, il savait que la maison de repos connaissait des problèmes de fosse septique depuis des lustres, s’il arrivait à réactiver toute la matière fécale qui s’y entreposait, il obtiendrait un tir qui rabaisserait à un niveau pitoyable tous les tirs précédemment effectués. Il se rendit à la maison de repos en serrant les jambes et marchant comme un canard pour surtout ne pas perdre quoique ce soit de précieux en chemin. Il visita les sous-sol pour dévisser ou saboter au choix, suffisamment de conduites pour se donner la certitude de la victoire. En remontant au rez-de-chaussée, il passa par les cuisines ou il s’enfila une boutanche du pinard que l’on servait aux vieux. Il sut dès la première gorgée qu’il ne lui resterait que quelques secondes. Se précipitant aux chiotard, il ne prit même pas conscience du vieux qui piolait dans la chambre des célibataires. Lucien se positionna, eut un rire sarcastique, serra à fond la ceinture et envoya la plus méga caisse jamais entendue dans toute la galaxie. De proche en proche, l’ensemble de la matière qui roupillait dans les tuyauteries et citernes depuis des lustre, se réactiva. L’explosion fut effroyable, les rateliers furent les premier à s’envoler direction Goudriole les Fiotes. Le flic de garde du bled, bien que passablement bourré, eut le réflexe d’actionner la sirène afin que l’on vienne en aide aux habitants de Goudriole qui étaient maintenant victimes de bombardement de rateliers affamés. Lucien qui avait passé une cape, s’envola le cul à l’air, le sourire aux lèvres et le poing levé de la même façon que Super Cochon ou Super Goret l’avaient fait quelques mois auparavant. Dans un fracas épouvantable, la maison de retraite fut soufflée, la guerre avec Saint Saturnin les bains continuait donc de plus belle. Ces salops envoyaient maintenant des paquets de merde accompagné de ce même produit inconnu mais très corrosif et aussi des vieux qui lorsqu’ils atterrissaient gerbaient du picrate pas franchement frais.
Le maire de Goudriole les Fiotes qui depuis, les différents événements survenus ces dernières semaines, était en relation téléphone rouge avec le préfet, usa de son privilège pour secourir la populace. Les bidasses qui depuis quelques interventions rechignaient à fréquenter l’aire de repos d’autoroute pour naturistes, se faisaient une raison et gagnaient les camions et hélicoptères comme à l’entraînement.
Les habitants de Saint Saturnin les Bains furent aussi pour la plupart réveillés. Pourquoi n’avaient-ils pas été informé de la nouvelle guerre avec les boches qui venait d’être déclarée. Pitoyables, ils n’arrivaient même pas à bouger le moindre cheveu, par contre ils seraient fort certainement capable de les compter d’ici à quelques heures.
Un cordon sanitaire se déploya dans la campagne, il fallait absolument découvrir le nouveau mal qui frappait les environs.

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