Françouais était maintenant menotté au radiateur en attendant que ces dames aient terminé leurs chuchotements. Il observait à quelques centimètres de son groin, deux mouches qui avec leurs papattes se tripotaient en vrombissant sourdement. Ces deux salopes semblaient se faire des trucs même pas préconisés dans les meilleures revues kamasutriques.
- Hilda je pense à quelque chose de très important dit la chef avec son air hautain habituel.
- Je vous écoute maîtresse répondit Hilda en faisant des effets de nibards et en jetant ses cheveux graisseux en arrière.
- Non pas maintenant, j’ai eu ma dose pour ce matin. Nous verrons ce que tu caches sous ton uniforme cet après midi. Je pensais au gâchis que cela pourrait faire si nous placions cet excellent potentiel dans une cellule ou il y aura neuf assoiffés de viande fraîche. J’ai peur que comme les autre il ne se consacre qu’aux jeux pratiqués en cellule et n’ai plus aucune énergie à nous revendre ensuite.
- Bien vu, répondit Hilda en serrant ses petits poings grassouillets. Mais ou pourrions-nous le mettre, tu sais très bien que nous sommes en sureffectif et qu’il sera rigoureusement impossible de lui fournir une cellule individuelle.
- Il ne faut pas réfléchir ou il nous pouvons le mettre mais surtout avec qui le mettre ? J’aurais dans l’idée de regrouper des prisonniers complètements innocents ou impuissants dans la même cellule et l’y coller.
- Excellente idée, je penserais sans aucune hésitation à Dédé le banquier proposa Hilda ne pouvant s’empêcher de pousser un petit cri de jouissance.
- Oui il est vrai que tu l’aimes bien celui là.
- Mais il est si chou avec son mètre cinquante et son ventre d’une femme enceinte de six mois.
- Moi il me refile quand même la gerbe, quand je repense à ce qu’il fait dans les urinoirs, je trouve cela vraiment dégueulasse.
- Tu vois le mal partout, c’est un croûteur et un vrai de vrai. C’est une tradition qui se perd de nos jours du fait qu’il y a de plus en plus d’hygiène dans les chiottes publics. Moi je trouve cela très poétique que de déposer au petit matin des croûtons de pain rassit au fin fond des urinoirs, puis d’attendre que les autres se réveillent pour aller pisser sans tirer la chasse d’eau et enfin de récupérer le pain détrempé au soir pour le déguster durant la nuit.
- Comment peut-on être aussi dégueulasse ? C’est vraiment un cas psychiatrique ce Dédé. On pourrait le soigner en supprimant le pain à la cantine et en le remplaçant par du pain de mie.
Hilda profita d’un moment d’inattention de la part de sa responsable pour s’introduire un doigt, c’était maigre mais déjà fort sympathique. Cette position lui permettait de trouver plus facilement son inspiration car elle eut une nouvelle idée.
- Si l’on retient Dédé, je verrais bien Edmond Rouston aussi.
- L’écrivain pornographe arrêté pour avoir fait des fausses factures dans son sex shop avenue de la Grande Armée ?
- Ouaip, celui qui écrit au kilomètre avec des tonnes d’expressions d’argot. J’adore ce qu’il écrit, je m’en fais souvent une page ou deux avant de m’endormir comme cela je fais des rêves pornographiques.
- En plus il est complètement impuissant, une fois je l’avais gavé de pilules bleues et il restait désespérément mou, une véritable catastrophe. En plus il avait chié dans son ben de honte et il pleurait comme un gamin, il a fallu que je me finisse avec un manche à balai.
- En fait je pense qu’il n’a jamais supporté que tu le passes à tabac dans les douches, je t’ai toujours dit qu’il attendait le client en faisant l’œuf pour avec cet argent de poche pouvoir s’acheter des nouveaux blocs notes et crayons.
Gertrud éclata de rire en se remémorant la scène, elle se souvint de ce petit homme tremblotant alors qu’elle se promenait nue dans les douches en espérant bien se faire violer par une bonne dizaine de détenus en manque de femelle subtile et gracieuse. Songeuse elle regarda longuement Françouais qui reluquait toujours le manège amoureux des deux mouches, et passa délicatement sa langue grasse sur ses lèvres grasses.
- Plus que six ou sept et au lieu de me faire rire, trouve donc d’autres débiles à entasser dans cette putain de cellule.
- Je pense aux frères siamois.
- Ah oui les deux qui dégagent une odeur insupportable parce qu’il y en a un qui est dans le dos de l’autre et qui passe ses journées à le sodomiser.
- C’est exactement cela, en se calmant mutuellement, ils foutent la paix aux autres, en plus ils ne demandent jamais rien à personne.
- On va simplifier, on en tabassera un dans les chiottes et il partira plusieurs mois à l’hôpital ; plus que quatre donc, encore un effort de mémoire, cela ne devrait pas être trop difficile tant est importante notre concentration de tarés profonds au mètre quarré.
Gertrud se grattait la tempe, cela l’aidait visiblement beaucoup pour la réflexion. Mais pour le moment elle n’avait encore trouvé personne hormis le fait d’en tabasser un et elle prenait peur qu’Hilda se rende compte que sa chef était comme une grande partie des chefs : inutiles et incompétents.
- Je me souviens d’un gus qui est arrivé il y a deux ans et je crois qu’il vient du même bled que Françouais, un sombre idiot que l’on a finit par laisser cul nu parce qu’il n’arrêtait pas d’éjaculer dès qu’il voyait une silhouette féminine.
- Ah oui, c’est un vrai con, il s’agit d’AlainD, mais je ne crois pas qu’il s’agisse d’une bonne chose car justement il est du même bled et Françouais se sentira moins seul. Même s’ils se détestent au début, ils finiront par sympathiser et l’autre trouvera alors la force de résister à nos avances.
- Tu n’es pas la chef mais tu as raison et je dois le signaler que c’est fort probablement la première fois de ta carrière que tu as raison. Il nous faut donc trouver d’autres pauvres types.
- Si l’on ne sélectionne pas AlainD, je connais un gugus qui a le même principe de fonctionnement, il s’agit d’Albert Pointu dit Pointu. Ce type passe le plus clair de son temps à se pignoler, le plus drôle c’est que jamais il n’envoie la purée, il est sec comme un puit au Sahara.
- Cela doit être un excellent sujet pour des gourmandes comme nous ? l’as-tu déjà essayé ?
- J’ai tenté avant de te le présenter mais il n’a jamais réussit à me faire quoique ce soit. Dès que je me mettais en position, son chibre érectile se dégonflait telle un vulgaire ballon de baudruche. Lorsque je me relevais il se regonflait à nouveau.
- Vous n’avez pas essayé la levrette ?
- Si mais c’était le même combat, dès que je me positionnais il perdait ses moyens. Par contre si tu voyais son plumard, il est constellé de tâche voire à certains endroits de couches de jute séchées. Par endroit il y a même formation de spermagmites qui augmentent de niveau d’un centimètre par mois.
- Et pourquoi cet idiot est-il tombé ?
- Une première fois pour gestes obscènes à répétition dans le RER puis pour tentative de viol d’une contrôleuse et enfin pour une tentative de copie de logiciel.
- Je suppose que c’est le dernier méfait qui l’a fait définitivement plonger ?
- Exact, il c’est prit deux ans fermes pour tentative de copie d’un logiciel de strip poker. Il était dans un grand magasin et c’est pignolé au moment de la copie, c’est ce qui a attiré l’attention du vigile.
- Ah le con, on a vraiment que des débiles profonds enfermés chez nous. N’empêche que grâce à ce petit monsieur visiblement pointu dans son domaine, nous avançons à grand pas. Il ne nous reste que trois tarés à trouver et là je pense avoir une petite idée sur le sujet.
- Vraiment ?
- Oui souviens-toi de cet énergumène que l’on a envoyé maintes et maintes fois au mitard parce qu’il tremblait dès qu’il voyait un centimètre quarré de notre peau ?
- Oui il se mettait même à pleurnicher et se cacher les yeux, c’était sans aucun doute le plus naze prisonnier que l’on ait jamais eu.
- Lors d’une inspection dernièrement dans une cellule, je l’ai vu prostré dans un coin, il paraît qu’il ne parle plus depuis des mois et qu’il ne bouge que pour aller caguer ou bouffer. En plus il a une telle carrure qu’il compte pour deux personnes, cela ne nous fait plus que deux type à dégoter.
- Parfait, voici donc notre candidat idéal, comment se prénomme t-il donc?
- Jean-François François.
- C’est original pour une double portion, ok pour Jean-François. Pour le dernier je propose le Poujadiste qui n’arrête pas de jaqueter pour ne rien dire. L’autre jour il m’a raconté pendant toute une matinée l’art et la manière d’utiliser correctement sa brosse à dents pour nettoyer précautionneusement les chiottes.
- Exact, il n’a jamais brillé par ses prouesses sexuelles celui-là.
La bouilloire se mit soudainement à siffler, Hilda ôta sa chaussure gauche et se versa de l’eau bouillante sur les orteils. La peau gonfla comme une saucisse que l’on fait mariner dans l’eau chaude. Elle ferma les yeux le visage crispé par la douleur et étouffa un hurlement de douleur. Elle posa la bouilloire et alla respirer à la fenêtre l’air frais de la capitale. Elle paraissait heureuse de pouvoir s’offrir ce genre de sucrerie gratuitement.
Françouais qui en avait fini avec les mouches se dit qu’il était chez les cinglés et qu’il vivrait très prochainement des sensations jusqu’à présent complètement inconnues pour lui. Personne ne pourrait le croire après sa libération lorsqu’il raconterait à qui voudrait l’entendre les aventures d’Hilda et de Gertrud. Se serait l’émeute sur la place publique de Saint Saturnin les Bains et chacun chercherait à se faire emprisonner pour connaître le bonheur.
Gertrud intima aux geôliers l’ordre de libérer la cellule 69 et d’y placer Dédé, Edmond, les frères siamois, Albert, Jean-François et Françouais puis elle sortit de son cabas un concombre qu’elle avait piqué au marché, l’après midi promettait d’être très hard.
Chapitre suivant
|