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Tout le monde à l’exception de Jean-François roupillait à poings fermés. Cet abruti finit était debout sur la cuvette des chiotes à trembler comme une feuille à cause du cafard noyé qui avait dérivé vers lui. Il n’était vêtu que d’un marcel et de ses chaussettes trouées et se refusait à regagner son lit. Ses couilles pendouillaient d’une quarantaine de centimètres et s’entrechoquaient ce qui faisait un cliquetis rigolo.
Même Albert en roupillant avait la gaule, idem pour l’autre siamois qui en profitait pour ouvrir un œil et ramoner son frangin.
Françouais le visage enfouis sous la prose d’Edmond rêvait de choses et d’autres. Il se voyait courir dans un champ les cheveux au vent comme trente ans auparavant. Ah ! La bonne époque où il ne portait pas le cheveu gras. L’image passait et repassait au ralenti et il avait l’air heureux la tête tournée vers le soleil et les pans de chemise flottant dans la tiédeur du matin. Il courrait non pas au hasard mais derrière la mère de Finaude qui était du même tonneau que sa future fille. Environ un mètre vingt pour un bon quintal bien moulé. Elle courrait de manière beaucoup moins gracieuse que Françouais et s’emmêlait les pinceaux dans ses nibards. Après travellings sur cette scène, elle trébucha et se fracassa la gueule sur une pierre et Françouais déboula sur elle. Il eut un mal de chien à lui ôter son bleu de travail, si bien qu’il dû se servir de son opinel pour déchirer le tissu. Il devait faire vite avant qu’elle ne se réveille car à cette époque, le GHB n’existait pas. Il parvint enfin à inciser ce ‘tain de bleu, elle gisait en chemise et en bottes. Il descendit son ben aux chevilles, déjà à l’époque il ne portait que rarement de calebutte et l’enfourcha sans aucun préliminaire. La masse graisseuse parut sourire alors qu’il la ramonait d’une telle façon qu’il se faisait mal au chibre. Lorsqu’il éjacula, il s’abandonna quelques secondes et se coucha sur elle. Après quelques respirations il fut prit d’une intense nausée et de vomissements et rentra chez lui. Il laissa le corps de la mère de Finaude inerte à la merci de dame nature mais grâce à Dieu il n’y avait de taureau vicelard dans ce champ, juste quelques biquettes. Lorsqu’elle reprit connaissance, Françouais était loin sur sa mobylette en direction du troquet de Goudriole Les Fiotes car celui de Saint Saturnin était fermé pour cause de maladie. Le propriétaire du troquet tentait la technique du combat du feu par le feu pour calmer sa cirrhose. Elle revint vêtue uniquement de sa paire de botte et d’un haut légèrement trop juste. Elle ne comprit pas en voyant son bas ventre ensanglanté qu’elle venait d’être violée et de surcroît dépucelée. Elle pleurnichait sur le chemin du retour de la porcherie, sans s’apercevoir que les pécores qui la croisaient tombaient dans les vaps ou se prenaient sur leur tracteur, un platane.
Ce rêve s’estompa et Françouais replongea dans un sommeil profond. Chaque nuit il en était de même, alors que certains plongent en apnée ou convulsent, cet odieux personnage revivait tous ces odieux méfaits. La prose d’Edmond glissa sur son blair, cela le chatouilla légèrement et un nouveau rêve prit place.
Le père Bazzzin ce vieillard acariâtre, était tombé en panne avec son tracteur datant de la première guerre mondiale au fin fond d’un chemin au beau milieu de nulle part. Le vieux avait déjà plus de cinq cent mille fois essayé de tourner la manivelle pour redémarrer mais en vain. L’histoire se traduisait toujours par un gros toussotement du moteur et un méga nuage noir. Il avait charrié toutes les grossièretés que ses cages à miel avaient pu ouïr depuis sa plus tendre enfance, mais rien à faire, le tas de ferraille refusait obstinément de démarrer. Le capot était constellé de traces de coups de canne mais l’engin ne voulait toujours rien entendre. Le père Bazzzin ce vieillard acariâtre se mit en tête de vérifier pièce par pièce ce qui clochait plutôt que de s’énerver. Il démonta donc pièce par pièce son tracteur, cela lui prit deux jours puis au troisième il remonta le tout. Ce n’est qu’au septième jour après avoir fixé la dernière pièce qu’il décida de se reposer. Après son petit somme, il alla dégorger le poireau puis montra gaillardement sur son monstre mécanique qui toussota comme d’ordinaire et largua un épais nuage noir. Après avoir craché tout une nouvelle réserve d’ignominies, le père Bazzzin ce vieillard acariâtre était à sec d’idée. Il se mit à chialer comme un gamin, appeler à l’aide sans aucun résultat, il était complètement perdu. Pour ne rien laisser, perdre, il entreprit de descendre l’intégralité de sa réserve de gnole qu’il emmenait toujours sur son tracteur. Il se prit une fracassée phénoménale et le liquide de feu lui tordit les boyaux plusieurs heures durant. Alors qu’il ne savait même plus comment il s’appelait, il termina la dernière lampée. Il le savait fort bien, la fin était proche, autour de lui voletaient des éléphants bleu et rose qui lui barrissaient dans les oreilles lorsqu’ils passaient à moins de deux mètres de lui. Complètement torché, il mit plusieurs heures pour se hisser sur le toit de sa cabine et ausculter l’horizon. Il ne reconnaissait rien, tout arbre, clôture, bosquet était étranger à lui. Même le ciel n’était pas reconnaissable. Il était bel et bien arrivé aux frontières du monde connu qu’il avait franchi et c’était égaré dans l’au-delà. En pleurnichant, il partit donc à l’aventure, il espérait qu’une paysanne en mal de queue le recueille. Après une marche épuisant d’environ cinquante mètres, il se retrouva devant le troquet. Visiblement il était en carafe depuis des jours juste au bout de la rue et ces potes fort inquiets qui attendaient de ces nouvelles aux informations régionales du vieux poste en noir et blanc, sortirent du troquet en braillant d’allégresse. Le père Bazzin ce vieillard acariâtre fut bon pour payer sa tournée et s’enfla de plusieurs litres d’alcool supplémentaire. On le ramena dans sa ferme, on lui dépanna son tracteur qu’on lui ramena aussi. Il se réveilla une semaine plus tard à cause de la soif, personne ne lui dit rien comme il ne se souvenait de rien, il reprit ses petites habitudes.
Françouais zappa de songe, du temps où il faisait de la radio, non pas Radio chibre mou la radio qui vous rend fou mais Radio tromblon la radio des trublions. Ca c’était de la radio ! Tout c’était passé dans les premières années de création de la FM, l’émetteur avait été piqué dans les stocks de l’armée et les Saint Saturnois y allaient de leurs petites émissions préférées. Françouais tenait le créneau de 22h à 4 heures du matin, tous les soirs. Bien souvent l’émission passait en direct du troquet et bon nombre de gens veillaient pour assister à cette fucking émission qui dynamitait la cambrousse. L’inauguration de la radio par le maire, le curé et l’ensemble des notables de la région, qu’à peine quelques heures ensuite les gros rougeauds avaient envahi le tarmac radiophonique de leurs grossièretés. Ils bavaient des horreurs dans les micros et faisaient fantasmer la populace avide de se genre de sensation. Françouais, un soir de gros delirium avait lancé la ‘touzette’, un jeu inédit qui ne rassemblait jamais plus d’une dizaine d’individus complètement bourrés dans une étable et qui devaient les yeux bandés partouzer jusqu’à plus soif. Chaque participant était affublé d’un sobriquet et Françouais faisait en direct, accompagné d’une petite rengaine à l’accordéon, des commentaires acides à faire triquer et mouiller l’ensemble des Saint Saturnois. Les autorités ne comprirent pas dans un premier temps le pourquoi du laisser aller général de la population durant les heures légales de travail. Plus personne n’était motivé car complètement défoncé par ces infernales cadences nocturnes.
Françouais un soir de surdose manifeste d’alcool, invita à 22 heures l’ensemble de la population à venir les yeux bandés sur la place de l’église. Il y eut quelques incidents légers car quelques quidams les yeux bandés se prirent des platanes mais le gros de la troupe convergea sur le lieu de rendez-vous convenu. Une fois tout le monde à poil les yeux bandés rassemblés, il y eut un torride remix accordéonique satanique de DJ Labouse, un DJ Saint Saturnois prêt à tout pour embraser les foules. Le DJ et Françouais envoyèrent de concert la dose. Le seul hic c’est que plus personne n’écoutait la radio mais tout le monde s’en foutait. Et ce qui devait arriver, arriva, la partouze prit comme un feu de paille. A perte de vue des corps se chevauchaient et entre chaque rif d’accordéon, on pouvait entendre s’élever des cris de jouissance. Louisette Satremble déchaînée car non conviée à cette méga sauter, lâcha son pitt bull pour qu’il déchire quelques jambons. Le clebs qui d’ordinaire obéissait au doigt et surtout au doigt de Louisette n’en fit ce soir là qu’à sa tête. Au lieu de foncer tous crocs dehors, il fonça dans la foule avec le chibre érectile. Ce fut l’un des principaux acteurs de cette mémorable partouze. Louisette avait beau proférer des menaces après son petit Médor, Médor n’en faisait qu’à sa queue et limait à tout va. Louisette finit alors par craquer et arracha ses dessous pour profiter du sport de glisse à la dernière mode. L’antenne de la station escamotable tomba sur la tête de Françouais et du DJ, ainsi la partouze continua jusqu’au petit matin. Tout le monde ôta ses œillères, ramassa ses dessous et rentra en boitillant à son domicile. En quelques minutes, tout fut clean et lorsque les bourges du bled mirent le nez dehors ils ne comprirent que fif. Deux gugus assommés sous une grosse antenne et une place qui d’ordinaire était noire de monde, pleine de préservatifs usagers. Tout le monde crut à une blague estudiantine alors qu’il n’y avait pas d’étudiants mais que des bouseux dans le bled. Certainement des jeunes cagoulés venus de la ville pour mettre à feu et à sang cette gentille bourgade peuplée de gens pacifiques se couchant comme les poules. Françouais cessa momentanément ses activités nocturnes pour se consacrer à son foie.
Un ronflement aigue d’Edmond sortit Françouais de son rêve. La feuille de prose lui chatouilla le museau alors il eut un mouvement mais il sombra rapidement. Comme contrairement à certains, il n’était pas doté de la capacité à reprendre ses rêves après une interruption, d’instinct il se mit en mode d’attente.
Belle maman se pavanait en porte jarretelles devant sa glace, elle regardait avec concupiscence ses courbes trop généreuses certes, mais bien courbes, dans un miroir sans teint. Derrière, françouais avait fait salle comble et la majeure partie des mâles Saint Saturnois étaient en attente le futal aux chevilles et le chibre à la main. Cet enfoiré avait fait payer à prix d’or l’entrée ce qui lui assurait une consommation sans restriction durant un mois au troquet. Il se frottait donc les mains devant ce spectacle qui promettait d’être nul à chier. Belle maman repéra quelques poils noirs sur ses gambettes fraîchement talquées. Elle se saisit donc de son rasoir pour trancher le cou à ses sales bêtes. En trois coups de cuillère à pot, la chose fut faite et elle se caressait les jambes pour vérifier s’il n’y avait plus d’exception. Certains derrière le miroir commencèrent à s’astiquer le manche alors que d’autres attendaient que la scène devienne nettement plus hard pour se fendre d’un premier mouvement. Belle maman amorça un demi tour afin de vérifier qu’aucune touffe irrégulière ne dépasse trop les limites de la vulgarité. Le premier rang passa en mode pignole supersonique devant les mouvements de fessier. Certains envoyèrent la purée et la jute partit directos sur la plaque de verre. Françouais fut obligé de passer un petit coup de raclette pour que la visibilité redevienne bonne, les demandes de remboursement commençant à fuser de part et d’autre. Belle maman soudainement comme agacée par tant de beauté se coucha à même le sol et s’enfila dans la chatte quatre doigts. Fraçouais ouvrit le parapluie pendant que les braquemarts crachaient tant qu’il pleuvait sur la plaque vitrée. Après quelques salves, la puissance de feu s’écroula et belle maman se foutu les quatre doigts dans la bouche pour vomir, elle était anorexique.
Françouais devant la qualité de ce spectacle demanda à chaque spectateur branleur un nouvel effort financier pour venir en aide aux impuissants notoires.
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