Des tonnes de zolies histoires
La rencontre des génies

Toujours avec la même bande de potos nous décidâmes de partir à la plage mais sans déconner cette fois parce que le lendemain un nouveau taf nous attendait et l'on ne pouvait une nouvelle fois se permettre de se faire virer.

  Avec le plus grand sérieux, nous préparâmes notre panier pique nique et notre appareil photo
(accessoire obligatoire pour immortaliser les moments forts de nos sorties). Pour la première fois de notre vie, nous décidâmes de ne pas prendre une seule cannette de bière, c’est dire si nous étions motivés.
 
  Sur le bord de la grève, nous nous mîmes automatiquement en mode recherche d'attroupement de minettes.
  Nous ne respirions plus car le torse était gonflé au maximum et nous avions chacun placé notre épis de maïs à l'endroit stratégique, histoire de paraître. Nous marchions comme des durs lorsque Lucien s’éclata sur une boutanche à moitié sortie du sable.
  Après une bonne crise de rire d’au moins trente cinq minutes, Lucien y regarda de plus près. Il extirpa l’objet et comme d’hab il fit le con histoire de se faire remarquer en frottant le carafon et en invoquant un génie.
  Telle ne fut pas notre surprise lorsqu’une épaisse fumée sortit du goulot. Un génie ou plutôt une génie apparue devant nos yeux écarquillés. Elle arborait des nibards énooormes, un grain de peau à effaroucher un régiment d’énuques, des yeux à se rouler par terre et des lèvres à choper une crise d’épilepsie.
  Naturellement mes potos s’apprêtèrent à dégrafer leurs falsards pour la violer. La génie qui devait certainement, en avoir déjà vu d’autres se renfila illico dans le flacon.
  Fort déçus, nous pensions être passé complètement à côté de la plaque mais nous nous devions de réfléchir car il s’agissait de notre avenir. Finalement après plusieurs heures de discussion, nous convîmes de ne point la violenter mais plutôt de parlementer et surtout de bien choisir nos vœux.
  Lucien frotta again le carafon et évoqua la génie alors qu’une épaisse fumée sortit à nouveau du goulot. A notre grande surprise se fut un génie qui se présenta au parloir. Il prétexta que sa femme avait ses ragnagna et ne pouvait donc plus faire son boulot pendant que lui regardait le câble.
  Nous demandâmes une pause au génie avant même qu’il ne nous adressa la parole. Il ne chercha pas à s’imposer, bien au contraire, assit en tailleur il nous écoutait. 
  Marcel qui avait beaucoup lu nous raconta avec une lumière dans le regard, que comme nous avions droit chacun à trois vœux et que chacun de nous prendrions une femme, il valait mieux en prendre qu’une seule pour satisfaire aux exigences du groupe et augmenter ainsi le nombre de vœux. En plus, elle se ferait une joie de nous faire les courses.
  Marcel ouvrit le premier le feu, il déclara qu’il voulait un chouette 4X4 pour faire du rodéo dans son champ d’ordures en face de son immeuble. Nous étions vraiment éblouis devant un choix si judicieux.
  Marcel qui en avait marre de passer ses dimanches matin à plumer et vider des poulets décida aussi qu’il voulait avoir suffisamment de pognon pour pouvoir acheter hebdomadairement deux poulets préparés.
  Marcel qui ne supportait plus d’aller chez le marchand de journaux tous les matins pour acheter son quotidien avant d’aller au troquet déclara qu’il souhaitait que le barman lui serve son biéron avec son papelard sur un plateau avec une fleur dans le bec.
  Eugène qui avait le plus de problème au niveau du groupe pour draguer les filles, enfin plutôt pour les attraper évoqua le fait de posséder une moto pour ne plus avoir ce type de déception.
  Eugène qui était un maniaque de l’ordre évoqua le problème des poubelles devant son domicile. Comme cela faisait désordre, il déclara qu’il souhaitait les voir alignées.
  Eugène qui ne supportait plus d’avoir à promener son clébard deux fois par jour démanda que son chien n’eut plus à être sortit.
  Quand à moi, mes méninges chauffaient fort, devant tous ces vœux prononcés je ne savais lequel choisir et un long silence se fit. Des tremblements nerveux parcouraient mon corps car je n’avais jamais été habitué à réfléchir de manière si intense.
  Le génie en profita pour s’exprimer, il invita sa gonzesse à sortir du carafon et ils nous expliquèrent très calmement qu’à cause de l’enferment leurs pouvoir d’exaucement de vœux ne se réactiverait que dans cinq cent ans. Maintenant qu’ils étaient libre, les deux génies s’envolèrent haut dans les airs en ricanant, ils ne manqueraient pas de revenir dans cinq cent ans pour satisfaire nos trois caprices chacun.
  L'oeil torve, nous regardâmes la boutanche vide, les yeux convergèrent vers Lucien et nous lui fîmes avaller cette satannée boutanche.
  Pis comme il est décidément bien trop naze ce Lucien, on lui a cassé la gueule juste avant de manger. Dommage qu'on avait pas prit de bières.